Thomas Pillon

Hello, ça va ? Pour cette année 2018 riche en sushis et et en jeux indés, je vous livre le fond de ma pensée la plus profonde. Et croyez-moi, c'est pas du bluff, Martoni !

TOP

1. Celeste

Qui l'eut cru ? Cette année, le pinacle aura été atteint dès le mois de janvier. Après un Towerfall Ascension largement acclamé, Matt Thompson nous livrait un platformer hardcore en pixel art qui caractérise votre serviteur aux dires de certains collègues. Et pourtant, derrière son aspect a première vue familier, la rousse Madeline s'apprêtait à nous faire vivre une aventure hors du commun. Prétextant une ascension d'abord montagneuse, Celeste nous plonge dans une aventure introspective qui abat ses cartes avec une précision redoutable, alliant finalement le fond et la forme dans un délire visuel tout simplement renversant. Jouant la difficulté à tout prix pour mieux pousser le joueur à faire fi du destin et avancer coûte que coûte, Matt Thompson nous invite à accompagner Madeline dans sa lutte contre la dépression, et complète alors un genre souvent basé sur les pures mécaniques en y apportant un fond qui sert aussi le gameplay. Ajoutez à tout cela une bande-son aussi duale que renversante, et un générique de fin qui réserve encore deux tiers de l'aventure malgré un parcours déjà titanesque, et vous obtenez, à coup sûr, le plus grand, le plus beau, le plus touchant, le plus jouissif des jeux de 2018, à n'en point douter.

2. God of War

Après Link l'année passée, c'est le père Kratos qui m'aura permis de raccrocher les wagons d'une saga qui tournait un peu en rond depuis le deuxième épisode. Alors que nos chemins s'étaient séparés non sans avoir vécu la passion fougueuse des débuts, God of War revient comme la nouvelle arme du dieu de la guerre pour me coller une mandale que je n'avais évidemment pas vu venir. Techniquement colossal, c'est surtout la direction artistique couillue du dernier Barlog qui m'aura fait tomber à a renverse : si l'on excepte un antagoniste un brin foiré à mon goût, tout le reste de l'aventure n'est que beauté et puissance. Entre le tour de force de réaliser un plan séquence de quarante heures, l'incroyable trouvaille de Mimir, qui permet de donner la réplique sans encombrer les déplacements ou la justesse du jeu de Christopher Judge qui réussit à faire percer la fragilité paternelle d'un héros plus complexe que l'on ne peut l'imaginer, il n'y a pour ainsi dire rien à jeter de ce God of War nouvelle formule, qui regorge en plus de quêtes passionnantes pour ceux qui n'auraient pas envie de poser la manette après une bonne trentaine d'heures hallucinés. Chapeau bas.

3. Astro Bot : Rescue Mission

Il y a ces jeux que l'on voit arriver de loin, mais qui dévoilent une fois en main un potentiel insoupçonné. C'est peu dire que Julo nous avait chanté les louanges d'Astro Bot : Rescue Mission lors de son arrivée à la rédac', mais faute d'avoir pu expérimenter un jeu d'envergure en réalité virtuelle, j'étais encore sur la réserve, avant de finalement enfiler ce foutu casque pour voir de quoi il retournait. Saperlipopette, quelle claque ! Il n'y a pas un seul niveau d'Astro Bot qui ne soit pas pensé dans ses moindres détails pour tirer pleinement partie de l'apport technologique offert par le PlayStation VR. S'appuyant sur les plus grands noms de plate-forme sans rougir, mais parvenant tout de même à proposer une aventure complète, variée et véritablement inédite, Astro Bot est enfin la preuve que la réalité virtuelle peut apporter un salutaire vent de renouveau sur des genres dont nous pensions peut-être avoir fait le tour. Chapeau bas, Team Asobi.

Ils ne sont pas sur le podium mais n'ont pas pour autant démérité : Minit, Return of the Obra Dinn, 11-11 : Memories Retold, Tetris Effect, Donut County, Dead Cells, Yoku's Island Express, Gris...

FLOP

1. Retro Studios aux abonnés absents

Que se passe-t-il sous le soleil du Texas ? Voilà quatre ans que l'excellent Donkey Kong Country : Tropical Freeze est sorti des cerveaux en ébullition des géniteurs de la trilogie Metroid Prime, et nous sommes toujours dans le flou le plus artistique qui soit concernant le prochain effort de Retro Studios. Il faut dire que les quelques rumeurs qui nous sont parvenues cette année ne sont pas des plus réjouissantes, et l'antécédent avec Rareware nous rappelle que Nintendo n'est pas du genre à faire dans la dentelle lorsque les relations s'enveniment... Comme le veut l'expression hurlée à longueur de journée par Traz l'un de nos vénérables rédac' chefs, "Oh mais j'ai très peur !" pour l'avenir de ce studio qui regorge pourtant de talents et d'idées lumineuses. En grand naïf, j'espère donc que l'année 2019 nous apportera son lot de bonnes nouvelles concernant l'avenir de ce studio qui fête cette année ses vingt ans d'existence.

2. Les remakes, ça ira comme ça

Défenseur devant l'éternel de la nouveauté et de la prise de risque, c'est peu dire que l'avalanche de remakes qui squattent sans vergogne les plannings de ces chers éditeurs commence à très gentiment me courir sur le haricot magique. Signe d'une frilosité sans égale de la part de l'industrie, cette tendance à tourner en rond témoigne également d'une certaine mentalité côté joueurs, qui auraient sans doute trop tendance à rester dans leur petit confort sans s'écarter des sentiers balisés. Tout comme dans n'importe quel domaine artistique, qu'a-t-on à gagner à refaire ce qui a déjà été fait ? A priori, rien, ou si peu. Si les nombreux portages et compilations en tous genres permettent aux jeunes générations de découvrir des titres dans leur jus, la propension de l'industrie à recycler ses gloires d'antan me désespère au plus haut point, d'autant plus que la carte si facile de la nostalgie semble fonctionner à chaque fois. Monde de merde.

3. La taille, ça compte

Dans la longue liste des "c'était quand même mieux avant", je commence à me languir de l'époque où les jeux produits dans leur version physique contenaient effectivement ledit software. À l'heure ou les Blu-ray ne servent visiblement plus qu'à télécharger les 80% du jeu restant sur un disque dur attaqué de toutes parts, j'en viens à chanter les louanges des rares studios qui parviennent désormais à finir leur bousin à temps et à utiliser ces foutues galettes pour EFFECTIVEMENT y inclure le fruit de leur labeur. Alors que ces bonnes vieilles versions en boîte dérivées du pétrole tendent à devenir une denrée de plus en plus rare, bientôt réservée aux riches collectionneurs, les patchs day one et autres téléchargements obligatoires contribuent à restreindre leur intérêt, au grand dam des historiens du futur, qui auront parfois bien du mal à mettre la main sur certains titres ! Si nous ne sommes évidemment pas tous morts d'ici-là, ce qui se profile quand même assez soudainement.


JEU LE PLUS ATTENDU DE 2019

Death Stranding

Mon coeur me sommait pourtant d'en placer une pour Dragon Quest Builders 2 et Liar Princess and the Blind Prince, que j'attends effectivement plus que tout, mais ces deux jeux étant techniquement déjà disponibles au Japon, je me contenterai d'attendre patiemment leur sortie occidentale pour leur accorder toute la place qu'ils méritent. En attendant, la prochaine trouvaille du père Kojima continue, malgré son caractère plus-nébuleux-tu-meurs de me faire sacrément envie. Je n'ai pas la moindre idée de ce dont il sera question, mais la perspective de déambuler seul au monde dans ce qui ressemble à s'y méprendre à cette belle île qu'est l'Islande suffit à mon bonheur.