Voilà maintenant un an et demi qu'Ubisoft tente d'éteindre l'incendie né de l'enquête du journal Libération, qui témoignait d'une culture toxique exercée en interne par quelques cadres dirigeants. Un nouveau témoignage apporte aujourd'hui un autre point de vue sur la sincérité affichée par le géant français.
Dans la foulée d'une enquête catastrophique pour l'image de l'entreprise, Ubisoft annonçait son envie de mieux faire, et procédant à quelques timides licenciements. Mais également en procédant à de nouveaux recrutements dans les différents services incriminés, à commencer par celui des ressources dites humaines. Mais quelques semaines seulement après ces gages de bonne foi, de nouvelles sources venaient témoigner d'une volonté de communiquer sur les changements entrepris, plus que de les mettre véritablement en place. Le récit d'une ex-employée d'Ubisoft vient aujourd'hui corroborer cette version des faits.
Triste repetita
Celle que nos confrères de Kotaku ont choisi d'appeler "Valérie", pour conserver son anonymat, cite plusieurs remarques racistes qu'elle aurait été obligée d'essuyer durant son passage au sein d'Ubisoft Montréal, estimant que certains de ses collègues la "fétichisait" en raison de ses origines asiatiques. Suite aux annonces de l'été 2020, "Valérie" a choisi de faire part de ces comportements inappropriés au cabinet Relais Expert Conseil, mandaté par la direction, sans obtenir gain de cause :
Ils n'ont pas seulement été en retard au rendez-vous, ils n'ont pas vraiment donné suite à ma demande.
"Valérie" affirme ensuite s'être vu refuser une évolution professionnelle de la part d'un manager qui la complimenterait uniquement en privé, et la critiquerait ouvertement devant ses collègues. Après un arrêt pour dépression, elle saisit à nouveau le cabinet, et obtient pour seule réponse un appel expliquant qu'il n'y aurait pas de suite. Elle finit par saisir le PDG Yves Guillemot et la nouvelle vice-présidente chargée de la diversité et de l'inclusion, Raashi Sikka, mais n'obtient aucune réponse malgré plusieurs entretiens.
En début d'année, Valérie décide finalement de quitter Ubisoft :
J'aurais aimé poursuivre mon parcours au sein d'Ubisoft, mais j'ai vraiment été affectée par ce harcèlement, cette discrimination et cette toxicité. J'espère que la situation va s'améliorer pour Ubisoft, mais ce n'est pas encore le cas.
Ce témoignage ne manquera pas de faire écho aux récentes revendications du Syndicat des Travailleurs et Travailleuses du Jeu Vidéo, qui estimait récemment que la direction de l'éditeur "n’a jamais eu la volonté de faire plus que de la communication pour « sauver la face ".
Contacté par Kotaku, le français n'a pas souhaité s'exprimer sur cette affaire pour le moment.