Depuis son annonce au coeur de ce que l'on appelait l'E3 2017, le très flibustier Skull & Bones aura vraisemblablement traversé bien des tempêtes, et semble aujourd'hui naviguer à vue. Si Kotaku levait récemment le voile sur un développement pour le moins chaotique, le studio Ubisoft Singapour est aujourd'hui à portée de tir des autorités locales, bien décidées à prendre d'assaut une toute autre problématique, celle du harcèlement sexuel sur son lieu de travail.
Le quotidien local The Straits Times nous apprend aujourd'hui qu'une enquête est actuellement en cours du côté de la branche singapourienne de l'éditeur français, déjà largement sous le feu des critiques depuis les révélations du journal Libération l'été dernier, qui témoignait des pratiques toxiques de plusieurs managers protégés par leur hiérarchie.
Suis-je fier d'y être matelot ?
Les langues semblent peu à peu se délier dans l'industrie du secret : après l'enquête du département de l'emploi équitable et du logement de Californie sur Activision Blizzard, c'est au tour de l'Alliance tripartite pour des pratiques d'emploi justes et progressistes (Tafep, selon l'acronyme anglais) de s'intéresser aux pratiques d'Ubisoft Singapour, après avoir reçu plusieurs plaintes anonymes le mois dernier.
En novembre 2020, le directeur managérial Hugues Ricour était suspendu de ses fonctions, et c'est donc son remplaçant Darryl Long qui a dû réagir à ces nouvelles accusations, précisant que le harcèlement ou la discrimination n'avaient pas leur place au sein de la structure :
Il est très important que nous puissions parler de ces sujets, et que nous admettions ce qui se passe dans notre industrie en ce moment... Nous devons commencer à changer la façon dont nous sommes perçus, mais également la façon dont nous agissons en interne.
Selon la loi de Singapour, Ubisoft pourrait être condamné pour ne pas avoir dénoncé ces pratiques aux autorités, afin de ne pas se trouver en situation de conflit d'intérêt. L'affaire se corse déjà pour le studio, qui pourrait se voir rappeler l'existence du Fair Consideration Framework, une directive qui oblige les entreprises domiciliées dans la petite cité-État à d'abord employer des travailleurs locaux avant d'en faire venir de l'étranger, et qui pourrait évidemment toucher les français et autres étrangers y travaillant.
En attendant de découvrir le détail des accusations et de l'enquête menée par les autorités locales, rappelons que si Ubisoft Singapour vient de livrer le DLC d'Assassin's Creed Valhalla Le Siège de Paris, le jeu de batailles navales Skull & Bones est théoriquement attendu d'ici au 31 mars 2023. Théoriquement.