Depuis l'été 2020, le français Ubisoft se trouve en pleine tourmente, alors qu'une enquête levait le voile sur des pratiques de harcèlement et de discrimination en interne. Incapable de faire face aux demandes des employés, le groupe fait aujourd'hui face à une énorme vague de départs.
Les démissions s'enchainent au sein d'Ubisoft : selon les informations du journaliste Stephen Totilo, le géant français du jeu vidéo assisterait depuis quelques temps à "une vague de départs sans précédent" dans son histoire. Cet été, un document interne s'inquiétait déjà de potentielles démissions à venir :
Si la catégorie Facteurs de risque s'attarde d'abord sur l'adaptabilité des troupes suite à la pandémie de Covid-19, Ubisoft considère que le risque "départ de talents clés" est désormais "élevé", tout comme celui d'une défaillance pour en attirer de nouveaux.
Ubisoft touché de plein fouet
Les faits semblent donner raison à Ubisoft, puisque les informations publiées par le site Axios dévoilent quelques chiffres qui attestent de l'ampleur du phénomène :
Au mois 5 des 25 responsables de Far Cry 6, le plus gros jeu d'Ubisoft en 2021, sont déjà partis. 12 des 50 responsables d'Assassin's Creed Valhalla ont également quitté l'entreprise.
Les effectifs diminuent également parmi les employés dits "intermédiaires", en particulier dans les grands studios canadiens d'Ubisoft, normalement en croissance. LinkedIn montre que les studios de Montréal et Toronto ont chacun perdu au moins 60 employés au total au cours des six derniers mois.
Cette affirmation est évidemment à mettre en relation avec les annonces du mois de novembre, puisque tous les studios canadiens d'Ubisoft promettaient (entre autres) des augmentations de salaire, plus de flexibilité et six semaines de congés payés, en parlant d'une "nouvelle vie" :
Et vogue la galère
Et pourtant, les employés d'Ubisoft interrogés par Stephen Totilo dénoncent parfois leur niveau de salaire jugé trop faible, le manque de vision de l'entreprise en terme de création, ou la gestion assez calamiteuse du scandale de l'été 2020.
Les propos rassurants de la nouvelle directrice des ressources dites humaines Anika Grant ne semblent donc pas trouver d'écho pour l'heure, comme en témoigne un ancien d'Ubisoft :
Ils ne parlent que de « passer à autre chose » et « d'aller de l'avant », tout en ignorant les plaintes, les inquiétudes et les cris de leurs employés.
Cette vague de départs n'est évidemment pas sans conséquence sur le calendrier de sortie du groupe, qui a récemment annoncé le report de Prince of Persia The Sands of Time Remake et Skull & Bones. Ubisoft Singapour, chargé de développer le jeu de pirates, est d'ailleurs sous le coup d'une enquête après le dépôt de plusieurs plaintes cet été.