Il n'a jamais été aussi tendance d'être adepte du rétrogaming : à l'instar de certains millésimes, quelques vieilleries ont récemment vu leur prix atteindre des sommes folles. Trop folles pour être véridiques ?
Depuis maintenant quelques mois, le marché du rétrogaming connaît une flambée aussi soudaine que certaine. Les collectionneurs aux moyens illimités n'hésitent plus à dépenser des sommes folles pour acquérir des titres pourtant largement distribués à l'époque de leur sortie, et les exemples ne manquent pas, à l'instar de cet exemplaire de Super Mario Bros. adjugé à 2 millions de dollars, ou encore Super Mario 64 , vendu pour la modique somme de 1,5 million de dollars.
La semaine dernière, nous vous faisions d'ailleurs part des révélations du journaliste Seth Abramson, qui tentait de faire recouvrer la raison au marché du rétrogaming, en publiant la liste des jeux NES les plus vendus aux enchères, histoire de faire prendre conscience d'une envolée des prix quelque peu soudaine.
Le rétrogaming, c'était mieux avant
Aujourd'hui, Abramson remet le couvert en publiant les résultats d'une nouvelle enquête au doux parfum de conflits d'intérêt : tout commence durant l'été, alors qu'il reçoit à domicile l'un des jeux rétro commandés quelques jours auparavant sur un célèbre site de ventes aux enchères, il découvre glissé dans l'enveloppe un post-it et une adresse e-mail au destinataire bien connu, celle de Mark Haspel. Haspel est bien connu des amateurs de rétrogaming outre-Atlantique, puisqu'il n'est autre que l'un des co-fondateurs de WATA, l'entreprise qui évalue l'état (et donc la rareté) des jeux en question, avant de leur attribuer une note et de les protéger dans une célèbre boîte transparente.
Dit comme ça, ça n'a l'air de rien, mais le journaliste découvre qu'il a déjà acheté d'autres jeux à l'intéressé sur la même période, un problème lorsque l'on sait que WATA se déclare hostile aux conflits d'intérêt. Le collectionneur Haspel (qui proposait sous le pseudonyme de "m*s*h" de nombreux jeux estampillés WATA sur le site d'enchères en question) aurait donc laissé son entreprise juger de la qualité de ses propres jeux, qu'il revend ensuite sur Internet.
Devant les révélations du site Proof Games, le co-fondateur s'est expliqué sur sa démarche :
Je n'ai visité les locaux de WATA qu'à deux reprises depuis avril 2018. Je n'ai jamais évalué mes propres jeux, ou n'importe quel jeu soumis à l'expertise de l'entreprise. Je leur ai soumis mes jeux comme n'importe quel autre collectionneur l'aurait fait. Je suis fier d'avoir contribué à la fondation de WATA, et je suis sûr que la nouvelle équipe dirigeante assurera son succès.
Sans pour autant avoir été directement salarié de l'entreprise, Mark Haspel laissait donc ses potentiels subordonnés évaluer la qualité de sa collection de rétrogaming, pour ensuite la revendre à un bon prix, non sans profiter directement de l'importance que prend depuis quelques années le système WATA, étant intéressé par ses résultats au titre de co-fondateur.
Abramson conclu ainsi son article avec seize questions directement adressées à l'intéressé, qui a entre temps supprimé ses annonces en ligne. Nos confrères de Video Game Chronicle auront eu le temps de lister les 74 jeux Atari 2600 mis en vente pour la somme totale de 46 000 dollars, 73 d'entre eux dépassant la note de 9/10 selon les standards de l'entreprise WATA. CQFD ?