Si selon une bien (trop) célèbre maxime, "Nintendo va mourir", les autres constructeurs de l'industrie semblent curieusement épargnés par ces annonces de décès intempestives. Heureusement pour nous, le roi du survival-horror a récemment tenu à rééquilibrer (un peu) la balance. Il s'en est fallu de peu.
Plus tôt dans la semaine, le vénérable Shinji Mikami faisait part de ses envies et de ses rêves de fin de carrière, alors qu'il approche doucement mais sûrement de la soixantaine.
Après trois décennies passées dans l'industrie du jeu vidéo, vous pensiez que le maître profiterait d'un oeil éclairé et clairvoyant, tel un Paco Rabanne insulaire des temps nouveaux. Nous aussi. Et nous nous sommes tous trompés.
Hasard biologique
Si l'on doit au fondateur du studio Tango Gameworks bien des coups de génie, de la (re)fondation d'un genre avec Resident Evil à sa mutation vers l'action avec Resident Evil 4, l'intéressé s'est parfois complètement trompé dans ses prédictions, comme il l'a récemment avoué au magazine Variety.
C'est justement lors du développement de cet épisode pivot pour la série que Mikami s'est quelque peu fourvoyé : intégré au fameux projet "Capcom Five" (qui regroupait pour mémoire cinq titres destinés exclusivement à la GameCube), Resident Evil 4 ne devait pas voir le jour sur d'autres plateformes, une décision d'autant plus étonnante que le constructeur japonais était déjà en mauvaise passe lors de la signature de l'accord au début des années 2000.
Alors, pourquoi avoir fait ce choix stratégique, qui n'aura pas résisté à la réalité des faits ? Mikami nous apporte un nouvel éclairage sur le sujet, et la réflexion est pour ainsi dire... inattendue :
À cette époque, il y avait cette idée que les efforts de Sony ne seraient pas forcément récompensés, et qu'ils pourraient finalement décider de se recentrer sur ce qu'ils faisaient le mieux. Et c'était aussi le cas pour Microsoft. Je pensais que Nintendo pourrait être le seul constructeur a faire des jeux dans le futur. Et je me suis complètement planté !
Le réalisateur était même tellement sûr de son coup qu'il est allé jusqu'à mettre son poste dans la balance auprès de son supérieur :
Je me souviens que le président de Capcom Kenzo Tsujimoto m'a appelé pour me demander si je comptais réellement ne pas sortir Resident Evil 4 sur d'autres supports. Et je lui ai répondu que s'il voulait le faire, il pourrait, mais il faudrait d'abord me virer.
Heureusement pour nous et pour l'industrie, Mikami a conservé son poste, Resident Evil 4 est finalement sorti sur à peu près tous les supports imaginables, et s'est écoulé à plus de 10 millions d'unités au dernier recensement. Il s'en faut parfois de peu...