Alors que nous publions aujourd'hui notre critique de Maestro! Jump in Music, qu'en plus nous avons plutôt aimé, comment ne pas relayer le post que Pastagames a publié Samedi dernier sur son blog officiel ? Car tout les acteurs de l'industrie ne sont pas égaux face au piratage, et si certains s'en plaignent sans en souffrir finalement tant que ça, certains autres, à commencer par les petits développeurs indépendants, peuvent y laisser leur peau...
Au passage, c'est aussi des idées reçues qui méritent d'être rectifiées, et aussi un aperçu de l'envers du décor, quand on fait du jeu vidéo.
Ca y est, Maestro! Jump in Music a été piraté, et est disponible en téléchargement un peu partout sur la planète. Nous l'avons localisé en 10 langues, ça tombe bien.
Qu'est-ce que ça nous fait ?
D'un côté on est ravis que des tas de gens qui n'y auraient jamais eu accès autrement aient l'occasion d'y jouer. Je suis tombé sur un forum Brésilien de joueurs enthousiastes, qui sont à fond sur le jeu, qui l'attendaient avec impatience, qui se tirent la bourre sur les scores. Ca nous fait évidemment super plaisir.
On est dans un paradoxe complet, on communique tous sur nos jeux avec des canaux à l'audience planétaire : Youtube, Twitter, Facebook, notre blog sont consultés dans le monde entier, créant de la curiosité et de l'attente partout, et notre jeu est distribué au compte goutte dans un micro-territoire par des magasins frileux et timorés.
Des centaines de personnes au Brésil attendaient apparemment Maestro! avec impatience, alors que le vendeur Game à 100 mètres de nos bureaux ne savait même pas qu'il l'avait dans ses rayons. Misère.
D'un autre côté ce moment inévitable où notre jeu nous échappe et perd l'immense majorité de son potentiel commercial me fout par terre. On a passé 3 ans de la vie de notre studio à nous battre comme des malades pour faire exister ce jeu, on y a investi le peu d'argent qu'on avait réussi à mettre de côté, on a convaincu nos copains de Neko d'investir dessus, Bigben nous a suivis, tout ça pour n'avoir même pas 3 semaines d'exploitation commerciale correcte.
Que faire ? Peut-être déjà vous expliquer ce que ça signifie pour nous.
Beaucoup de gens croient que les jeux "Nintendo DS" sont vendus par Nintendo, et "qu'ils se font déjà assez d'argent comme ça". C'est faux.
Nintendo n'a pas investi un sou dans notre jeu. Si notre jeu ne se vend pas, qui va payer l'addition ? Réponse Pastagames, Neko et Bigben.
Quelles conséquences ? Pastagames n'aura plus l'occasion de faire un autre jeu "maison" avant longtemps. Ca veut dire qu'on va devoir recommencer à faire des jeux pour les autres, nous avons fait des jeux de nounours et de bébés, on va faire des jeux Facebook et des portages de jeux Flashs, qui ne nous ressemblent pas, mais qui nous font vivre.
Je ne suis pas là pour vous faire pleurer. Simplement pour vous expliquer que si vous aimez notre jeu, si vous avez envie d'en voir un autre un jour, si la petite voix de notre studio vous fait plaisir à entendre, ne nous laissez pas tomber.
Téléchargez notre jeu, jouez y tant que vous voulez.
Mais si vous l'aimez, s'il vous plaît, achetez-le.
Et si vous hésitez au dernier moment, au magasin, à dépenser de l'argent pour un jeu que vous avez déjà eu gratuitement, dites vous que ce que vous achetez avec cet argent, ça n'est pas Maestro!, c'est notre prochain jeu, que votre argent nous permettra peut-être de fabriquer. On a hâte de vous le montrer ;)
Fabien, et toute l'équipe de Pastagames avec lui