C'était pendant le sommet Hollywood & Games que Clive Barker, écrivain et réalisateur, s'en était pris à Roger Ebert, célèbre critique de cinéma du Chicago Sun Times, qui avait déclaré que le jeu vidéo ne parviendrait jamais au statut d'Art à part entière.
Assez véhément à l'encontre des déclarations d'Ebert, Barker lançait entre autre :
Il est évident qu'Ebert a une vision partiale de ce qu'est ce medium, et surtout de ce qu'il pourrait être.
Ebert n'est pas du genre à se laisser faire, et il est revenu à la charge, arguant que "le mot 'partial' voulait bien souvent dire 'en désaccord avec moi'" :
Je pourrais suggérer que les joueurs ont une vue partiale de leur medium, et particulièrement de ce qu'il pourrait être. Les jeux ne sont probablement pas vraiment au niveau de Shakespeare pour l'instant ; mon préjugé consiste à dire qu'ils ne le deviendront jamais, et le préjugé de certains joueurs à dire qu'ils le deviendront.
Outre le passe-passe réthorique que constitue cette réponse, Ebert suit un raisonnement relativement simple. Pour lui, la destination émotionelle est choisie par l'artiste, et être en mesure de changer cela la dévalue. Il faudrait selon lui se taire à ce sujet et accepter les jeux pour ce qu'ils sont vraiment, du divertissement :
Ceci étant dit, laissez-moi vous avouer que j'apprécie les divertissements, mais je pense qu'il est important de savoir ce qu'ils sont. Barker a raison en disant que nous pourrions débattre de ce qu'est l'Art à l'infini. J'ai mentionné le fait qu'une soupe de Campbell pouvait être de de l'Art. J'ai manqué de précision. En réalité, c'est la peinture de l'étiquette par Andy Warhol qui est de l'Art. Est-ce que Warhol aurait considéré le jeu vidéo de Clive Barker, Undying, comme de l'Art ? Certainement. Il l'aurait conservé dans sa boîte cellophanée, placé à l'intérieur d'une vitrine en plexiglas, monté sur un piédestal, et étiqueté 'Jeu Vidéo'.
J'espère que nous aurons droit à un troisième round entre les deux, ce type de joutes est toujours intéressant...