La Secrétaire d'Etat à la Famille, Nadine Morano, s'intéresse de nouveau aux jeux vidéo. Ainsi après en avoir appelé à la vigilance parentale au sujet de GTA IV, la voici qui s'en prend à la norme PEGI lors d'une interview accordée à RMC/BFM. Pour la secrétaire d'Etat, la signalétique sur chaque boîte de jeu est trop mal connue du grand public et pas assez visible. Si sur le premier point nous ne pourrons qu'être d'accord (seuls 21% des parents connaissent malheureusement la norme PEGI), sur le second, difficile de faire plus visible que cette norme qui apparaît maintenant de manière colorée et sur chaque boîte. Pour ne pas le voir, il faut être de mauvaise foi, ou décider sciemment de passer outre. Ce qui n'est donc pas la responsabilité ni des jeux, ni des éditeurs, ni de la norme PEGI.
On voit beaucoup trop de jeunes avoir accès facilement aux rayons des jeux vidéos les plus violents, les plus dangereux, et qui ne sont pas de leur âge et passer sans aucune difficulté à une caisse
C'est un point juste. Mais une fois de plus ce n'est pas un problème lié au PEGI... Intéressant d'ailleurs de constater qu'aujourd'hui seuls 4% des jeux classés en "conseillé aux plus de 18 ans", 12% "conseillés aux plus de 16 ans" et 24% aux plus de 12 ans. Pour rappel, cette classification n'est en rien une interdiction, mais un "conseillé/déconseillé à". Une nuance d'importance car, attention, de nombreux jeux déconseillés aux moins de 18 ans se montrent infiniment moins violents que certains films classés tout public. Alors faire mieux connaître la norme PEGI, bien sûr (et ne pas oublier PédaGoJeux pour éduquer les parents), mais prudence s'il y dérapage vers une dramatisation des choses. Il serait par exemple dommageable et stupide de légiférer alors que des gardes fous existent déjà. Mieux les faire respecter oui, les remettre en cause non.
À noter que Jean-Claude Larue, délégué général du SELL (Syndicat des Editeurs de Logiciels de Loisirs) a déjà réagi avec une passionnante et particulièrement virulente interview sur le site Teknologik.
J'entends tellement de conneries (...) Les politiques prennent les joueurs pour des cons (...) j'attends qu'ils meurent.
Vous aurez compris que Jean-Claude Larue est particulièrement remonté. Vous y trouverez des réponses sans langue de bois qui permettent de bien mieux comprendre le fossé qui sépare aujourd'hui les politiques de la réalité du jeu vidéo. Il est temps d'arrêter la chasse aux sorcières et d'enfin prendre en compte la réalité de ce nouveau média... et des gens qui l'utilisent. N'oublions pas enfin que les joueurs d'aujourd'hui sont aussi les électeurs de demain...