Microsoft se heurte à un nouvel obstacle de taille dans le rachat d’Activision-Blizzard et ce sont les contre-arguments de PlayStation qui sont en cause.
Un pas en avant, deux pas en arrière. Le rachat d’Activision-Blizzard a beau avoir été approuvé dans deux pays déjà, le plus dur reste encore à faire : convaincre les régulateurs principaux. Or justement, la Competition and Markets Authority (CMA), l’autorité concurrentielle britannique ne voit pas ce mariage d’un très bon œil. Et PlayStation est en partie responsable.
Le régulateur britannique défavorable au rachat d'Activision-Blizzard
Les arguments de Sony ont été entendus. Alors que Jim Ryan aurait fait le déplacement jusqu’à Bruxelles pour présenter les dangers qu'impliquerait le rachat d’Activision-Blizzard par Microsoft, le régulateur britannique n’est pas resté insensible à cet appel à l’aide. La CMA, autorité compétente sur le dossier, se range plutôt du côté de la marque bleue, estimant que cette acquisition historique présente bel et bien des risques pour la concurrence.
« Il y a une perspective réelle d’une diminution considérable de la concurrence dans le marché des jeux vidéo, des services d’abonnements multi-jeux et des services Cloud Gaming » explique la CMA dans son document d’analyse. L’autorité anglaise part du principe qu’une console avec beaucoup de joueurs attire plus de contenus, qui à leur tour font venir plus de personnes. C’est donc, encore et toujours, la question de l’exclusivité de Call of Duty qui est remise sur le tapis. Si Xbox gardait la mainmise sur la franchise qui vaut des milliards, il y aurait pour elle un effet boule de neige.
La CMA craint que le contrôle total d’un catalogue aussi puissant, surtout à la lumière de la position déjà forte de Microsoft sur les consoles de jeux, les systèmes d’exploitation et l’infrastructure Cloud, ne conduise Microsoft à porter préjudice aux consommateurs en entravant la capacité concurrentielle de Sony (son plus proche rival dans le domaine des jeux) ainsi que celles des autres concurrents existants et des potentiels nouveaux entrants qui pourraient autrement apporter une concurrence saine au travers d’abonnements multi-jeux et des services de cloud gaming.
Microsoft se défend, PlayStation enjolive ses arguments
Les craintes de la CMA s’étendent également au Xbox Game Pass. Le rachat d’Activision-Blizzard permettrait en effet à Microsoft de proposer un service si puissant, qu’il serait difficile pour les autres acteurs de rivaliser avec. Après la fusion, la firme de Redmond pourrait alors augmenter son nombre d’abonnés de façon considérable grâce aux sorties day one de licences fortes.
Le rachat d’Activision-Blizzard n’a donc pas passé la phase d’approbation initiale. Une décision que Microsoft proteste, stipulant que ces « théories non étayées ne suffisent pas à justifier une phase 2. » La firme de Redmond n’apprécie que peu le parti pris pour Sony, qu’elle juge « mal placé ». Pour elle, Sony n’a pas à redouter sa position sur le marché. C’est le leader avec plus de 150 millions de consoles, contre 63,7 millions du côté de Xbox. Ce leadership lui a même permis d’augmenter le prix de la PS5 « sans craindre de perdre des parts de marché. »
« L’idée selon laquelle le leader historique du marché, avec un pouvoir clair et durable, puisse être évincé par le troisième acteur le plus important juste en perdant l’accès à un jeu n’est pas crédible », explique Microsoft dans les colonnes de GamesIndustry.biz. La marque verte ré-insiste sur le fait que même si tous les joueurs de Call of Duty partaient sur Xbox, « la base de joueurs de PlayStation resterait considérablement plus grosse que celle de Xbox. [...] Si Sony ne se réjouit pas d’une concurrence accrue, il a la capacité de s’adapter et de rivaliser. »
Une décision qui va à l'encontre d'une concurrence saine
Microsoft rappelle par ailleurs qu’en termes de contenus, PlayStation proposait rien qu’en 2021, 280 exclusivités, soit cinq fois plus que Xbox. « Sony n’est pas vulnérable à une hypothétique stratégie d’exclusivité et la décision incorrecte repose sur des arguments intéressés de Sony, qui exagère considérablement l’importance de Call of Duty et néglige de prendre en compte sa capacité à répondre de manière concurrentielle. »
Et si vous ne l'aviez pas bien compris les vingt autres fois, oui Call of Duty restera sur PS5 et PS4. Microsoft estime d’ailleurs que la décision de l'autorité britannique va à l’encontre d’une concurrence saine. Si les joueurs choisissaient de quitter PlayStation pour Xbox, ce serait parce que la marque verte proposerait plus de choix dans la façon dont les jeux peuvent être achetés.
Si les consommateurs décident de passer d’une plateforme qui ne leur donne pas le choix sur la manière de payer de nouveaux jeux (PlayStation) à une qui le fait (Xbox), alors c’est le genre de changement de comportement que la CMA devrait considérer comme une amélioration saine et même l’encourager. Ce n’est pas quelque chose qu'elle devrait essayer d’empêcher.