Non seulement il est français, mais son approche du jeu vidéo est unique. Révélé auprès des joueurs adultes par In Memoriam, Eric Viennot s'intéresse au jeu vidéo et à ce qu'il a de si particulier pour l'art de la narration. Mélangeant fiction et réalité comme aucun autre projet de jeu auparavant, In Memoriam n'est qu'une étape dans la carrière d'Eric Viennot.
é le 10 mars 1960 à Lyon, Eric Viennot est sans aucun doute l'un des plus talentueux game designers français, peut-être même le plus talentueux à l'heure actuelle. Pourtant, rien ne le prédestinait à l'être. Plasticien de formation, il pratique dans les années 80 la photographie, la peinture et la vidéo. Il participe, au sein du groupe Equipage 10, à plusieurs expositions multimédia et expose en France, en Allemagne, en Italie et au Danemark. Après avoir passé le Capes et l'Agrégation d'arts plastiques, il enseigne à l'Université de la Sorbonne pendant 5 ans. En 1990, il fonde le studio de création Lexis Numérique avec Marie Viennot, sa sœur et José Sanchis, qui deviendra son beau-frère et son associé. Précurseur en images de synthèse, il participe à partir de 1994 à de nombreux projets multimédia en tant que designer graphique et directeur artistique.
n 1998, il crée l'Album secret de l'oncle Ernest, premier volet d'une collection de jeux vidéo destinée aux enfants qui lui vaudra de nombreuses distinctions internationales. Une œuvre à mi-chemin entre le jeu d'aventure point'n'click et les logiciels ludo éducatifs. Suivront quatre épisodes : Le fabuleux voyage en 1999, L'île mystérieuse en 2000, Le temple perdu en 2003 et La statuette maudite en 2004. Cette collection narre les aventures rocambolesques de l'Oncle Ernest à travers un principe d'album interactif vivant. Une expérience remplie de poésie et de nostalgie destinée avant tout aux plus jeunes, mais qui a su conquérir les plus grands. Traduite en plus de quinze langues, la saga de l'Oncle Ernest représente l'une des œuvres vidéo ludiques majeures pour la jeunesse. En 2000, elle est et adaptée en livre par Eric Viennot lui-même.
n 2002, il crée la saga La Boite à bidules de l'Oncle Ernest, un spin-off de la saga l'Oncle Ernest, destinée à un public encore plus jeune (la saga l'Oncle Ernest est destinée aux 8/12 ans). La Boite à bidules narre les aventures de quatre jouets rétro vivant dans un grenier. Quatre épisodes en tout seront publiés.
n 2003, c'est la consécration. Le studio Lexis Numérique révolutionne le genre moribond des jeux d'aventure avec In Memoriam (Missing aux USA). Conçu et réalisé par Eric Viennot, In Memoriam est le premier thriller interactif à la convergence des jeux vidéo, du cinéma et d'Internet. Réalisation qui lui vaudra le Prix SACD en 2003. L'histoire est simple, Jack Lorski, un reporter, et son amie Karen Gijman, disparaissent mystérieusement. Plus tard, l'agence de Jack reçoit un mystérieux CD-Rom, conçu et envoyé par un serial killer nommé Le Phœnix. Le CD-Rom contient toutes les pistes pour retrouver les disparus. Petit détail, pour déchiffrer les pistes, il faudra venir à bout d'une série d'énigmes que seul les plus perspicaces seront capables de résoudre. Pour augmenter les chances de retrouver les disparus vivants, l'agence décide de rendre le CD-Rom public. C'est ainsi que nous le recevons. Le joueur incarne son propre personnage. Il ne s'agit pas avec In Memoriam d'incarner une tierce personne et de vivre une aventure dans un univers virtuel. Le joueur incarne sa propre personne, dans le monde réel, et se doit d'essayer de résoudre les énigmes contenues dans le CD-Rom dans l'espoir de retrouver les disparus vivants.
our nous aider dans la résolution des énigmes, le Phœnix nous fournit des indices au compte-gouttes, et même à l'occasion de fausses pistes. Nous avons aussi la possibilité de consulter une base de données virtuelle qui contient, entre autres, des textes et des vidéos. Mais au lieu de nous cantonner à une base de données virtuelle, du déjà vu dans d'autres jeux, In Memoriam requiert que nous fassions des recherches sur Internet. Le studio Lexis Numérique a créé pour l'occasion des sites et même des forums de discussion pour crédibiliser l'intrigue. Le joueur est ainsi amené à faire des recherches sur de vrais sites pour trouver des infos sur une localité par exemple.
ême des vrais sites ont participé à l'opération. Certains d'entre eux étant des partenaires d'importance, comme la version en ligne du journal Libération, qui a hébergé de vraies fausses pages internet, publiant des infos relatives aux disparus. Faites l'expérience et tapez le nom de Jack Lorski sur Google. Vous trouverez alors des articles traitant de sa disparition. On vous demandera aussi en début de partie de fournir une adresse mail afin de recevoir des emails contenants des messages d'aide ou de précieux renseignements. En France, pays d'origine du jeu, il est possible de recevoir des SMS et des coups de téléphone. Une immersion totale sans précédent. Réalité et fiction n'ont jamais été aussi habilement mélangés dans une production vidéo ludique. Eric Viennot réussit avec une production visuellement minimaliste à atteindre une immersion sans précédent, prouvant au passage que cette immersion vidéo ludique s'atteint par la relation du jeu avec le joueur et non par la seule réalisation graphique.
es visuels sont donc minimalistes mais prodigieux, grâce à une direction artistique soignée. Préoccupants, ils instaurent une ambiance dérangée, digne de celles travaillées par des films du genre. Les séquences filmées sont d'excellente qualité et le jeu des acteurs renforce la crédibilité de l'univers. In Memoriam a obtenu une reconnaissance mondiale, recevant de nombreux prix, permettant à Eric Viennot d'obtenir finalement une reconnaissance en tant que game designer mais aussi comme auteur.
n 2004, est lancé l'add-on d'In Memoriam : La Treizième Victime et en 2006, sa suite Le Dernier Rituel. En parallèle, Eric Viennot participe à de nombreuses productions destinées à la jeunesse (Les aventures du poisson Arc-en-ciel, La Belle ou la Bête, E.T l'extraterrestre, Le Livre de la Jungle...) Il collabore en tant que directeur artistique sur des projets ludo éducatifs pour des éditeurs comme Hachette, Nathan, Armand Colin, TLC Edusoft, Emme Interactive et BMG Interactive. Il supervise également les séries à succès comme Alexandra Lederman et C'est pas sorcier.
a dernière production du studio Lexis Numérique, Experience 112, un jeu pensé et réalisé par Nicolas Delaye mais avec la participation au scénario d'Eric Viennot, est sorti en octobre 2007. C'est un jeu d'aventure au scénario prenant dont l'originalité réside dans le système de contrôle indirect de l'héroïne, Léa Nichols. Le joueur n'incarne pas directement l'héroïne, mais un autre personnage dont on ne sait rien, hormis qu'il dispose d'un accès à une interface de sécurité qui lui permet de diriger des caméras, d'ouvrir des portes, d'allumer des lumières. De cette manière, il nous est possible de donner des indications à Léa et de l'aider dans sa progression. Il y a donc un personnage que l'on voit mais que l'on ne contrôle pas, et un autre invisible que l'on contrôle. Avec ce tandem complémentaire, on obtient un gameplay inédit qui fonctionne à la perfection. Sans aucun doute, l'un des jeux de l'année 2007.
our Eric Viennot, les jeux vidéo constituent un nouveau média permettant de raconter des histoires d'une manière inédite et révolutionnaire. S'il s'intéresse principalement à la fiction interactive, c'est qu'il est persuadé que les jeux vidéo créeront, un siècle après l'apparition du cinéma, une nouvelle forme de narration capable de transmettre de nouvelles émotions. Il se consacre actuellement au développement de nouveaux projets vidéo ludiques pour Wii, DS et PC mais également à l'écriture d'une fiction télévisée interactive à la convergence d'Internet, des blogs, de la téléphonie mobile, de la presse et des jeux vidéo. Ce concept de fiction totale, initié avec In Memoriam, permettrait de confondre monde réel et monde virtuel, apportant au spectateur/acteur un sentiment d'immersion sans précédent.
n mars 2007, il reçoit des mains du ministre de la culture français, Monsieur Renaud Donnedieu de Vabres, le titre honorifique de Chevalier des Arts et des Lettres, titre attribué par le ministère à ceux qui se distinguent dans le monde de la culture : la consécration pour l'un des derniers game designers français qui, réellement, fait avancer les jeux vidéo sur des terres encore vierges.