S'il fallait à une époque pas si lointaine patienter toute une semaine pour découvrir le nouvel épisode de votre série de l'été, en 2020, tout s'accélère. La preuve : après vous avoir conté hier l'entrée en scène de Microsoft dans la drôle de guerre qui oppose Epic à Apple, la justice américaine rend aujourd'hui un premier verdict.
C'est avec une décision de huit pages rendue hier que la juge Yvonne Gonzalez Rogers a tranché, comme le disaient Les Nuls. La sentence est tombée, avec application immédiate : Apple ne pourra ainsi pas interdire la présence de jeux tournant sous l'Unreal Engine sur ses systèmes d'exploitation. Soulignant comme l'avait fait Microsoft l'importance du moteur dans l'industrie vidéoludique, chez les géants du secteur comme chez les studios indépendants, la Cour de District interdit donc à Apple de suspendre l'accès aux outils de développement à la date du 28 août, comme l'espérait l'américain :
L'entreprise Apple ne subira aucun dommage en supprimant l'accès aux outils de développement. Apple a choisi d'agir avec sévérité et, ce faisant, a eu un impact sur les tierces parties, et sur l'écosystème de développeurs tiers.
L'enquête montre des dommages potentiels importants à la fois pour l'Unreal Engine et à l'industrie du jeu vidéo en général, y compris sur les développeurs tiers et sur les joueurs. L'économie a désespérément besoin de créativité et l'innovation, et non l'inverse..
En revanche, la Cour n'empêche pas Apple de maintenir la suppression de l'application Fortnite de l'App Store, cette dernière ne constituant pas un "dommage irréparable" aux yeux de la juge. L'argument selon lequel la commission de 30% appliquée sur chaque transaction serait anti-concurrentielle n'a pas été retenu, et la Cour de rappeler la manoeuvre un peu "brusque" d'Epic, qui a choisi de mettre Apple au pied du mur, une attitude qui n'a pas aidé à plaider en faveur du développeur :
La Cour observe qu'Epic Games a stratégiquement choisi de violer ses accords avec Apple afin de changer le statu quo. Aucune action ne permet d'affirmer que la Cour devrait imposer un nouveau statu quo en faveur d'Epic Games.
Fait étonnant, la fin de la démonstration prend explicitement en compte la crise pandémique que traverse actuellement la quasi-totalité de l'humanité, mais place - États-Unis oblige - la liberté des entreprises avant le reste :
La Cour reconnaît sur la base des nombreux messages et commentaires soumis dans le dossier que les joueurs de Fortnite sont des partisans passionnés du jeu, et qu'ils attendent avec impatience son retour sur la plateforme iOS. La Cour reconnaît en outre que pendant ces périodes de pandémie de coronavirus (COVID-19), les évasions virtuelles peuvent aider à se retrouver, en fournissant un espace qui serait autrement indisponible. Cependant, la projection n'est pas suffisante pour conclure que ces considérations l'emportent sur l'intérêt public général.
Les utilisateurs de produits croqués peuvent donc être plutôt rassurés : si Fortnite ne tournera effectivement plus sur iOS ou macOS, tous les jeux tournant sous Unreal Engine pourront continuer à faire leurs beaux jours. Un partout, la balle au centre ? À vous de nous le dire.