Teasé à grand renforts de trailers alors passablement cryptiques, le dernier jeu de Hideo Kojima aura quoi que l'on en dise marqué de son empreinte fantomatique l'année 2019. Mais parce que les grands jeux laissent une place un peu plus large que les autres dans l'histoire, nous risquons fort d'en entendre encore parler en 2020...
Nous n'avons d'ailleurs pas manqué l'occasion d'en placer une pour Low Roar pas plus tard que mercredi, puisque le groupe de dream pop avait été carrément "sauvé" par Death Stranding.
Mais aujourd'hui, c'est le co-réalisateur de The Last of Us Bruce Straley qui s'exprime sur le premier effort de Kojima Productions auprès de nos confrères de Games Industry, les veinards.
Il faut dire qu'un lien semble unir les deux hommes : celui de proposer un AAA d'envergure qui ne délaisse jamais le fond au profit de la forme. Face à la vague continue de titres s'articulant autour d'une violence brute, Straley s'interroge sur les différentes types de mécaniques qui permettent de s'en extirper :
Pouvons-nous créer des jeux qui soient intéressants, qui s'attardent sur ses personnages comme Uncharted ou The Last of Us sans fusillades ? Je pense que nous le pouvons. Il nous faut mettre le joueur de telle sorte à ce qu'il se retrouve face à des obstacles, ce qui signifie que les mécaniques de gameplay doivent offrir suffisamment de possibilités pour trouver une solution.
Mais au-delà des quelques portes ouvertes joyeusement enfoncées, Straley appelle de ses voeux un changement de philosophie dans le jeu vidéo, et félicite à ce titre le célèbre homme à tout faire pour le coup de pied bien senti qu'il vient de donner dans la fourmilière ronflante du jeu à gros budget :
Je pense que nous disposons maintenant de plus de temps pour poser les bases de nos jeux, alors qu'avant, il fallait absolument accrocher le joueur durant les dix premières minutes, balancer de l'action à tout va, etc...
Je pense que tout ceci est en train de changer, et je pense que Hideo Kojima a fait du bien à l'industrie en la secouant un peu. Les jeux indépendants le font en permanence maintenant : Inside, le jeu de Playdead, est par exemple fantastique dans ce domaine. Il est très engageant et évite les fusillades.
Je pense donc que nous assistons à un changement de paradigme dans l'industrie, et il faut pour cela quelques réussites. C'est là le problème : si un jeu piloté par le marketing doit pouvoir régaler ses investisseurs en dividendes lors du prochain semestre, il se basera sur quelque chose de déjà fait, plutôt que d'essayer d'innover.
Comment dit-on déjà ? Ah oui : amen.
Que pensez-vous de la réflexion de Bruce Straley sur la production des AAA ? Sentez-vous le vent tourner ? Ou plutôt l'emporter ? Faites-nous part de vos avis indépendants dans les commentaires ci-dessous.