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Officiellement, les joueurs d'Assassin's Creed Unity ne pourront pas incarner de personnages féminins pour des raisons liées au temps de développement et au budget que leur création demande. Sans surprise, les joueurs n'ont pas manqué d'exprimer leur mécontentement vis-à-vis du choix d'Ubisoft (et même, dans certains cas, de s'en moquer) et de sa manière de le justifier.

Du côté des professionnels de l'industrie, les réactions ne manquent pas là aussi. Après Insomniac Games et son clin d'oeil espiègle, c'est au tour d'Ashley Johnson de donner son avis sur la question. La comédienne, célèbre pour avoir incarné Ellie dans The Last of Us, est visiblement remontée contre les designers d'Ubisoft Montréal (propos recueillis par le site britannique VideoGamer) :

Quand j'ai vu le gameplay et que je me suis rendu compte que dans leur mode multijoueur tu n'avais pas la possibilité d'incarner une femme, je me suis dit "ils se foutent de nos gueules !"

Nous sommes en 2014 ! Combien de jeux avez-vous à créer avant de vos rendre compte qu'il faudrait peut-être proposer la possibilité d'incarner une femme ?

Et de toute évidence, l'actrice n'est pas non plus convaincue par la justification donnée par Ubisoft. Elle affirme même avoir été "contrariée" par cette dernière :

De nombreuses femmes jouent aux jeux vidéo, et cela serait sympa de voir dans un jeu des personnages féminins plus forts qui ne sont pas que des demoiselles en détresse, l'amoureuse du héros, ou des femmes hypersexualisées.

D'autant plus étonnant, qu'on se rappelle par ailleurs que les joueurs avaient la possibilité d'incarner des femmes dans les modes multijoueur de la série jusqu'à Assassin's Creed IV: Black Flag. De son côté, Troy Baker, qui incarne Joel dans The Last of Us, fait entendre une légère nuance.

Ce dernier pense en effet qu'il est risqué d'inclure systématiquement des personnages féminins jouables car cela risquerait de passer pour quelque chose d'hypocrite et donc d'aggraver la situation :

Je pense que c'est encore plus irrespectueux que de ne pas mettre en scène de femme dans le jeu.

Le sujet est épineux et clairement complexe. L'augmentation du nombre de personnages féminins importants dans les jeux est une bonne chose. Il est cependant important que le choix fait par des développeurs (ou des éditeurs) de permettre d'incarner une femme ne soit pas dicté par le désir d'éviter de faire des vagues. L'envie d'être politiquement correct ne doit pas primer sur la créativité. Quand les choix sont forcés, cela se voit, et comme le dit Troy Baker, cela n'arrange rien.

Comme tant de jeux et de créateurs, Volition permet depuis des années d'incarner un homme ou une femme dans Saints Row. Cette option n'a pas été dictée par la polémique et s'intègre parfaitement dans le game design et la narration du jeu. Quand cela fait sens, il est évident que les jeux vidéo ont tout à gagner à proposer la parité... mais l'obliger semble une direction négative. L'hypocrisie ne mènera quant à elle à rien de bon.