L'État français vise à nouveau les dangers de la consommation de jeux vidéo dans une campagne de prévention. Et il y a de fortes chances que cette dernière ne plaise pas à tout le monde.
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L'INPES, ou Institut national de prévention et d'éducation pour la santé, vient de mettre en ligne sa nouvelle campagne vidéo de prévention. Jusque là rien d'exceptionnel. Là où cette campagne risque de faire débat, c'est qu'elle est à destination des parents inquiétés par la consommation de drogue, d'alcool... et de jeux vidéo de leurs enfants. Les trois sur un même plan.
L'INPES a mis en place les Consultations Jeunes Consommateurs (CJC) auxquelles les jeunes peuvent se rendre avec leurs parents lorsque ces derniers estiment que leurs enfants ont un comportement à risque. Mais en plaçant ainsi les jeux vidéo au même niveau que l'alcool ou la drogue dans une campagne visant les parents, l'État français contribue à créer dans l'esprit de ces derniers une association des effets de la drogue, de l'alcool, et des jeux vidéo.
Nouvel amalgame...
S'il est vrai que dans certains cas bien précis une utilisation excessive de jeux vidéo peut devenir problématique, vis-à-vis de la scolarité de la personne concernée par exemple, cette comparaison a de quoi déranger. Les dangers liés à une consommation régulière et conséquente de drogue et d'alcool peuvent, dans des cas extrêmes, entraîner des conséquences désastreuses, allant jusqu'à la mort (accidents de la route, etc). Il ne semble tout de même pas que ce soit le cas de la pratique du jeu vidéo.
Vu le raisonnement de l'INPES, il est surprenant de ne pas voir des versions de ce spot consacrés à la télévision, au cinéma, à Internet, aux jouets ou même à la littérature. Chacune de ces consommation pouvant après tout devenir addictive elles aussi dans l'excès.
Cette campagne semble en tout cas confirmer que dans l'esprit des responsables français, le jeu vidéo est une drogue. Ou assimilable. C'est en effet Drogues Info Service qu'il faut appeler pour prendre rendez-vous pour une CJC. Rappelons qu'en 2008 déjà, nous avions rédigé une lettre ouverte à l'attention de Nadine Morano, alors secrétaire d'état, qui avait piloté une campagne sur les dangers d'internet avec un grand amalgame où l'on retrouvait sur un même pied d'égalité : Néo-nazisme... Pornographie... Jeu Vidéo... Pédophilie... comme quoi, 7 ans plus tard, rien n'a réellement changé.
Schizophrénie étatique ?
A noter, dans le même temps, que l'État se félicite régulièrement de la réussite des studios de développement de jeux vidéo français à coups de visites de ministres et de secrétaires d'État.
Cela a de quoi mettre mal à l'aise. D'après le raisonnement de l'INPES, cela ne revient-il pas à congratuler des trafiquants de drogue ? À quand des visites du Ministre de l'Agriculture dans des champs de cannabis ?
On se demandera par exemple si intégrer le tabagisme dans cette campagne à l'attention des jeunes n'aurait-il pas eu plus sa place que le jeu vidéo qui, lui, n'est clairement pas reconnu comme une drogue.