Au vu des récentes et nombreuses révélations du scandale qui touche depuis cet été Activision, chaque semaine amène son lot de rebondissements. Aujourd'hui, Bobby Kotick lâche (un peu) de lest en posant les éventuelles conditions de son départ. Oui, au conditionnel.
Peu à peu, l'étau se resserre autour du PDG d'Activision, qui déploie des trésors d'inventivité pour conserver son prestigieux poste. Malgré une réduction drastique d'un salaire qu'il défendait pourtant bec et ongles il n'y a pas si longtemps, Bobby Kotick était parvenu à faire l'unanimité contre lui après les terribles révélations du Wall Street Journal. La semaine dernière, on découvrait que l'intéressé avait eu vent d'un cas de viol dès l'été 2018, une information qu'il n'aurait pas ébruitée, tout comme l'enquête menée en interne par le département de l'emploi équitable et du logement de Californie, qui avait dénoncé une banalisation du harcèlement dans l'entreprise.
Le roi du conditionnel
Toujours selon le Wall Street Journal, Bobby Kotick aurait affirmé aux cadres dirigeants d'Activison qu'il "penserait à démissionner" de ses fonction de PDG si jamais il ne parvenait pas à "résoudre rapidement" les nombreux problèmes rendus publics cet été. Et quitte à employer les grosses ficelles des spécialistes de la communication, l'intéressé a tenu à "réaffirmer son engagement pour faire d'Activision une entreprise saine". Les quelque 1800 signataires d'une pétition réclamant son départ immédiat apprécieront.
En posant ainsi ses conditions, Bobby Kotick fait une nouvelle fois fi de la nouvelle stratégie de "tolérance zéro" annoncée le mois dernier par les instances dirigeantes du studio, ou des accusations de destruction de documents ayant trait au futur procès pour harcèlement et discrimination qui devrait bientôt se tenir devant la cour suprême de Los Angeles. Cela commence à faire beaucoup, non ?
"Quelle indignité"
Si bon nombre d'actionnaires ont déjà réclamé le départ de Bobby Kotick, ce dernier conserve la sympathie du conseil d'administration de l'entreprise, qui faisait part de son soutien il y a quelques jours :
Sous la direction de Bobby Kotick, l'entreprise a déjà mis en œuvre une politique de tolérance zéro en matière de harcèlement, et s'est engagée à augmenter significativement le pourcentage de femmes et de personnes non-binaires dans nos effectifs. Le conseil d'administration reste convaincu que Bobby Kotick a traité de manière appropriée les problèmes liés au lieu de travail portés à son attention.
Pour ne rien arranger, le Wall Street Journal explique que les réunions organisées pour recueillir la parole des salariés d'Activision ont systématiquement évité d'expliquer pourquoi les nouvelles directives s'appliqueraient à toute l'entreprise, à l'exception de son seul PDG.
Quatre mois jour pour jour après les révélations des autorités californiennes sur l'ambiance délétère qui règne depuis plusieurs années au sein d'Activision, il nous tarde de découvrir avec quelle "rapidité" le PDG sera en mesure de régler un problème qui dure depuis plusieurs années, et dont il avait connaissance depuis au moins trois ans. Après tout, la perception du temps ne dépend-t-elle pas de l'observateur ? Vous avez trois heures.