Si les grands de ce monde s'enorgueillissent généralement de jouir d'une certaine irresponsabilité, de l'autre côté de l'Atlantique, "l'affaire Activision Blizzard" semble prendre de l'ampleur. Mais une fois n'est pas coutume : ce n'est pas du sort des salariés dont il est question. Oh que non.
L'étau semble peu à peu se resserrer autour du PDG d'Activision Blizzard : celui qui avait attendu plus d'une semaine pour s'exprimer publiquement sur les accusations de harcèlement et de sexisme, rendues publiques en juillet dernier voit désormais l'entreprise faire l'objet d'une nouvelle enquête, menée par la Securities and Exchange Commission. Selon les informations du Wall Street Journal, l'organisme chargé de la réglementation et du contrôle des marchés financiers aux États-Unis s'intéresse de près à aux accusations, et à leur potentielle dissimulation.
Laissez la police faire son travail
Invité à comparaître aux côtés d'autres cadres de l'entreprise, Bobby Kotick devra prouver qu'il s'est montré suffisamment transparent, en communiquant les informations dont il disposait aux actionnaires de l'entreprise. L'article ne dit pas encore si cette procédure fait déjà suite à l'action entamée en juillet dernier par le cabinet d'avocats Robbins LLP, mais la réflexion est similaire : les responsables d'Activision Blizzard ont-ils manqué à leur devoir d'information en omettant de prévenir les actionnaires de l'entreprise de l'enquête menée par le département de l'emploi équitable et du logement de Californie avant qu'elle ne soit rendue publique ? Au pays de l'argent roi, on ne plaisante pas avec le sort des petits (et des gros) porteurs.
Pour ce faire, la Securities & Exchange Commission examinera de près les comptes-rendus des conseils d'administration en remontant jusqu'à l'année 2019, soit dès le début de l'enquête initiale, ainsi que les dossiers de plusieurs ex-employés, y compris les conditions dans lesquelles ils ont pu quitter l'entreprise.
Un représentant d'Activision Blizzard s'est empressé de préciser que le géant collaborait étroitement avec les autorités américaines, et que des mesures avaient été prises en interne :
Nous avons et nous sommes encore en train d'apporter un certain nombre de changements importants pour améliorer nos politiques et nos procédures afin de garantir qu'il n'y ait aucune place pour la discrimination, le harcèlement ou un traitement inégal de quelque nature que ce soit dans notre entreprise.
Hasard du calendrier ou non, la directrice juridique Claire Hart a annoncé hier son départ d'Activision Blizzard, non sans oublier de se prendre en photo devant la place sur laquelle était organisée une grande protestation le 28 juillet dernier. Tout un symbole.
Au vu des nombreuses procédures actuellement en cours, il est certain que nous vous reparlerons très vite des avancées judiciaires du dossier. La suite au prochain épisode, comme le veut l'expression.