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Est-ce que vous comprenez le débat ou les associations comme Famille de France, qui s'insurgent contre certains jeux ? Est-ce que vous comprenez ou... ?
Oui je le comprends, je le comprends tout à fait comme Bernadette Chirac récemment, l'expliquait. En fait c'est un débat c'est ce qu'on appelle une panique morale, qui n'est pas nouveau et qui as toujours existé dans la société d'information et de communication depuis le 19ème siècle. C'est très bien expliqué par les auteurs, c'est à dire que dès qu'un nouveau médium arrive dans la société, il peut provoquer une panique morale, ce qui est une guerre culturelle au final, c'est à dire ou les dominants, les aînés considèrent que cet objet culturel, ce médium constitue une menace pour la société tout entière et dans ce cas la on a des camps. Simplement il y a les aînés et il y a les jeunes et ils se battent et généralement c'est sur la question de la violence. Vous avez le même problème dans les années 20, 30 aux États-Unis qui a fait le code ACE notamment, c'est à dire que le premier Scarface a été censuré parce-que justement on pensait qu'il allait entraîner de la violence pour les jeunes, c'est à dire diffuser les mauvais modèles. Donc en fait c'est pas quelque-chose de nouveau, il y eu la même chose pour le rock'n'roll, il y a eu la même chose pour la bande dessinée. Encore une fois ce sont des choses qui se répètent et qui disparaissent avec le temps, tout simplement quand les dominants seront les joueurs d'aujourd'hui et seront au pouvoir... et il y en aura d'autres. Ces choses la sont liées à deux choses.
La première c'est ce qu'on appelle les menaces de la fiction, c'est à dire qu'il y a deux risques dans la fiction qui ont toujours existé. Tout d'abord la confusion du réel/virtuel ou réel/fictionnel tout simplement. On a toujours eu peur que les gens confondent, mais c'était vrai déjà pour les tableaux ou les peintures et la photographie.
La deuxième chose c'est le modèle, c'est l'effet d'entraînement, c'est à dire le fait de copier ce qu'on voit à l'image. Hors ces deux fantasmes, ces deux périls qui ont toujours été liés à la fiction, en rapport à la question de la panique morale, touchent toujours les classes fragiles. A l'époque c'était les femmes par exemple pour les romans et la c'est toujours les jeunes au final. Le problème c'est que ça fait l'économie d'autres questions qui sont effectivement la véritable raison de la violence de la jeunesse qui bien sûr est liée au malaise de la jeunesse. Hors, utiliser le jeu vidéo comme bouc émissaire ça permet de faire l'économie de questions beaucoup plus sensibles, beaucoup plus difficiles à gérer. C'est pour ça que suite à n'importe quelle tuerie scolaire, par exemple aux États-Unis ou dans le monde, très rapidement c'est le jeu vidéo qui est accusé comme étant à la fois l'apanage des jeunes, hors on a des preuves comme quoi les tueurs scolaires jouent autant sinon moins en fait que leurs paires, les gens qui vont bien. Et surtout on a pas attendu les jeux vidéo pour commettre des tueries scolaires.
On a également d'autres facteurs importants qui permettent d'expliquer cela... que ça soit les troubles psychiatriques, que ça soit avoir été souvent victime de violence, des pressions ou être exclu socialement, ce qui génère de la révolte et de la vengeance et ce qui est généralement le cas notamment à Colombine. Hors ce qu'on voit c'est que la panique morale, elle marche parce-qu'il y a trois acteurs. Les politiques qui en fait montrent qu'ils gèrent le problème de la violence en gérant le jeu vidéo, en le régulant, les journalistes parce-que les mauvaises nouvelles vendent mieux que les bonnes et qu'ils font des rapprochés très rapides et généralistes et enfin les scientifiques eux-mêmes, parce-qu'on leur donnera de l'argent pour prouver qu'il y a un lien, mais on donnera moins d'argent pour prouver qu'il n'y en a pas. Donc ces trois acteurs la, on va dire qu'ils font enfler la panique morale même si pour tout un chacun il y a comme des évidences à ce que évidemment le jeu vidéo pourrait faire cela, créer de la violence. Mais encore une fois, ça c'est lié à des a priori psychiques assez généraux qui sont liés aux périls de la fiction dont je parlais, c'est à dire qu'on ne peut pas s'empêcher de penser que l'image a cet impact la.