Considéré par beaucoup comme "le petit frère de Shenmue", la série Yakuza continue son bonhomme de chemin et arrive aujourd'hui à son quatrième volet. Si certains y verront presque une offense de la part de Sega qui n'a jamais daigné offrir son troisième volet à Shenmue (mais non je parle pas de toi Julo !), les fans de Yakuza apprécieront la volonté de l'éditeur qui a imposé ce titre évoluant loin des blockbusters et des tendances actuels. Doté d'une réalisation enfin à la hauteur de son support, Yakuza 4 arrivera-t-il à imposer son style ?
Les princes de la ville
La première nouveauté de ce Yakuza 4 est de proposer quatre scénarios croisés mettant en scène autant de personnages principaux. Le premier n'est autre que Kazuma Kiryu, héros des trois premiers opus, qui après s'être essayé à la vie de repenti et de directeur d'orphelinat, retourne à ses occupations de yakuza. Le second est Shun Akiyama, un zoku de base qui tente de monter son petit business de trafics en tous genres et de boites d'hôtesses. Masayoshi Tanimura, est un ex-policier qui a eu le malheur de trop s'impliquer dans le milieu qu'il était sensé combattre. Le dernier est Taiga Saejima, une force de la nature, un criminel de la pire espèce qui projette de s'évader de la prison dans laquelle il est actuellement incarcéré. Le joueur incarnera alternativement ces personnages au gré d'une sombre histoire de vengeance où leurs destins s'entrecroiseront et s'entrechoqueront. Pour le reste, rien ne change vraiment et Yakuza 4 conserve ce qui a fait le succès de la série : des dialogues à n'en plus finir, de la baston bien hardcore, des beuveries, des magouilles et des filles pas toujours faciles.
Ravalement de façade
Il y a quand même une autre surprise, et de taille, c'est la qualité graphique arborée par ce nouveau volet. Bien que l'environnement et le système de jeu ne changent pas, tout y est plus beau, plus détaillé. Les piétons sont nombreux et relativement variés, on a presque l'impression de croiser des gens dans la rue et non pas des séries de clones comme cela pouvait être le cas dans les autres opus. Ne vous attendez pas non plus à y trouver une population comparable à celle du boulevard Haussmann un jour de soldes, mais on note un effort considérable. De même, les visages des protagonistes sont très réalistes et animés par une synchro labiale plutôt réussie qui épouse bien les dialogues en japonais. Précisons à ce sujet que les sous-titres sont toujours en anglais. Vu leur quantité, c'était surement trop de boulot à traduire... Dans Yakuza, on le sait, il y a des tonnes de dialogues, cela fait partie de ce que l'on aime ou déteste. Mais cette fois, la cadence à laquelle ils nous sont imposés peut vraiment poser problème.
Bla, bla, bla...
Alors que l'on commence l'aventure en dirigeant Akiyama dans un environnement qui nous est immédiatement familier et dans lequel on a hâte d'évoluer, on se retrouve à gober une histoire aussi lourde que soporifique entre deux tutoriaux, d'une évidence dramatique à tout amateur de la série. En gros c'est vingt minutes de dialogues, un aller retour de trois minutes et de nouveau dialogue de dix minutes... Franchement assommant ! Heureusement, viendra vite le temps des premières bastons qui nous permettront d'agrémenter ces allers-retours de quelques empoignades super viriles et de gagner quelques minutes de jeu entre deux discussions de zokus. A cet instant le principe reste très similaire à ceux des épisodes précédents. On circule d'un bout à l'autre de la ville en réalisant des petites missions et autres services destinés à faire connaitre l'agence d'Akiyama : Sky Finance. Quelques clubs, restos et magasins sont accessibles dans l'environnement, mais la plus grande partie de la ville reste cloisonnée et notre parcours est souvent balisé par un objectif dont il est difficile de s'écarter. Niveau liberté ce n'est donc pas encore ça.
Big Pimpin'
Pour les activités extra scénaristiques, on notera les parties de poker, de karaoké, de golf, de base ball ou de billard et... Les bars à hôtesses ! Laps dances, salon de massages ou bars de rencontres, à nous les plaisirs de la chair et de la luxure, en version édulcorée et volontairement niaise, bien sûr. Tout l'aspect macho-proxo-racoleur du jeu, et aussi du "métier" de Yakuza, qui avait été amputé de l'épisode précédent revient en force. Cette fois vous pourrez même recruter des hôtesses pour votre bar et les "customiser" en leur achetant des vêtements dans les boutiques, façon jeu de Dress Up pour ado. Sauf que là ce n'est pas vraiment pour le jeune public puisqu'il s'agira de faire passer vos recrues du stade de "la fille d'à côté" à celui de "super-pétasse méga-bonne". Chaque type de vêtement modifiant l'aspect et les statistiques des hôtesses, que vous pourrez d'ailleurs examiner sous toutes les coutures... Histoire de bien observer les changements, hein ? Mais bien sûr ! Ca sent plutôt le syndrome DOAX.
Coups, fractures et dislocations
Dernier élément clef de la série : la baston. Et là, les fans de la série ne seront pas déçus car chaque personnage principal dispose de ses propres style de combat et aptitudes. C'est autant de plaisirs et de façons d'aborder les affrontements qui, admettons-le, interviennent quand même de façon trop systématique, presque à chaque coin de rue. Ainsi, Shun Akiyama utilise une technique de pieds foudroyante, Kazuma Kiryu maîtrise le vice et la force qui constituent le combat de rue, Taiga Saejima écrase tout sur son passage tandis que Masayoshi Tanimura excelle dans les techniques d'esquives et de projections issues de l'Aïkido. Comme précédemment il est possible d'améliorer le style et l'efficacité des combattants grâce aux points d'expérience remportés tout au long de l'aventure et des affrontements. Lorsqu'un ennemi vous provoque en duel, vous passez automatiquement en mode combat. Là vous disposez de combos destructeurs, de mouvements d'esquive ou de protection et devez faire face à plusieurs adversaires simultanément. Pour cela, vous pouvez également vous saisir de tout objet trainant sur la voie publique, arme abandonnée par un opposant KO, ou même utiliser l'environnement pour exploser vos victimes : projection contre des vitrines, cassage de dos sur rambardes, encastrement sur rails de sécurité... Le tout accompagné de belles gerbes de sangs et de déformations faciales peu ragoûtantes. Un système de jauge Heat vous permet même d'asséner des finish ultra violents à vos pauvres ennemis. Et si cela ne vous suffit pas, vous aurez la possibilité de vous équiper d'objets spéciaux et d'armes récoltées au hasard de vos pérégrinations ou fabriqués sur mesure par l'armurier du coin.
S'il s'annonce sans grand changement de fond en termes de gameplay, Yakuza 4 y met enfin la forme et même les formes avec le retour des bars à hôtesses qui avaient tant manqués aux fans. Les combats n'ont rien perdu de leur superbe, ni de leur fougue. On pourrait même leur reprocher leur extrême violence, mais ils collent finalement bien avec cette nouvelle descente dans l'enfer des Yakuzas. On s'attend donc à un jeu directement dans l'esprit des précédents, le panache en plus. Réponse plus définitive et détaillée avec un test en bonne et due forme, d'ici à la sortie du jeu sur PlayStation 3 le 18 mars prochain.