Aperçu pour la première fois lors d'une session hands-off durant les dernières heures de la Gamescom 2019, Star Renegades avait su profiter d'un moment de faiblesse chez votre serviteur, rincé par plusieurs jours de salon et de combos quart de saucisse + bière pour frapper sans prévenir en plein coeur. Près d'un an plus tard, et les idées bien au clair, le Rogue-lite spatial et stratégique s'est enfin laissé approcher dans une version plus complète, et surtout jouable. La foudre peut-elle frapper deux fois au même endroit ?
Avant même de tenter de comprendre de quoi il en retourne, Star Renegades en impose d'abord et avant tout par sa plastique intestable qui rend avec une classe assez certaine hommage au genre du pixel art. Situant son action dans une galaxie dont on ignore l'éloignement, le jeu propose un dépaysement total avec ses décors qui mélangent aplats 2D ravissants sur un châssis polygoné qui permet d'aller chercher un peu de profondeur sans trop se prendre la tête. Bien plus saillant qu'un Hyper Light Drifter, Star Renegades emprunte pourtant bon nombre de teintes rosâtres et bleutées au jeu d'action de Heart Machine. Le résultat, saisissant et clairement inspiré, laisse la part belle à la végétation extraterrestre, s'autorisant bon nombre de folies, non sans nous proposer un petit tour architectural du propriétaire qui donne souvent l'impression de déambuler dans un univers moins peuplé que la moyenne, et ça ne fait franchement pas de mal.
Rencontre de la troisième dimension
Mais la situation est de prime abord assez mal engagée, puisque l'aventure s'ouvre sur ce qui s'apparente fort à une fin des haricots spatiaux. À l'instar d'un petit film de SF sorti à la fin des années 1970, une jeune femme tente le tout pour le tout en chargeant un petit robot d'une ultime mission : trouver le Professeur Zurek, et peut-être sauver ce qui peut encore l'être. Un changement de dimension plus tard, notre petit robot tombe nez-à-nez avec l'intéressée, qui n'est autre que la jeune femme tout juste laissée à son triste sort. L'effroyable réalité s'impose : l'univers que nous venons de quitter est bel et bien condamné, mais les autres prévenus à temps de la contre-attaque et de l'invasion extra-terrestre qui se prépare pourraient ne pas avoir à subir le même sort. On appelle ça l'altruisme. Voilà comment Star Renegades entend vous faire recommencer l'expérience autant de fois que nécessaire : chaque défaite ne marquera pas la fin de l'aventure, mais celle d'une dimension, alors que le droïde J5T-1N s'échappe pour aller voir ailleurs s'il sera plus heureux au jeu.
Nous voici donc partis à l'aventure, aux commandes d'une troupe de joyeux mercenaires qui ne demande qu'à s'élargir au gré des victoires et des défaites, histoire de trouver in fine la meilleure configuration. Si les phases d'exploration restent finalement assez classiques et faciles à digérer, c'est sans doute parce que Star Renegades cache un système de combat velu, en tous cas de prime abord, qui n'hésite d'abord pas à assommer le joueur de phases didacticielles un peu indigestes, avant de le lancer sans prévenir dans le grand bain, non sans lui avoir administré au préalable un amical coup de pied aux fesses. Heureusement, les arènes permettent elles aussi de se rincer l'oeil sur de bien jolis décors ou de classieux ennemis plus ou moins robotisés, et dont l'animation respire une fois de plus l'amour des belles choses.
Les couloirs du temps
Le jeu emprunte à bon nombre de ses petits camarades (Final Fantasy X, John Wick Hex ou Othercide en tête) le principe de frise chronologique des événements, qui permet à tout moment de réaliser les conséquences de chacune de ses actions sur la vermine adverse. Chaque coup ou type d'attaque demande ainsi un certain temps d'exécution, et permet parfois de prendre de vitesse l'adversaire, voire de carrément lui confisquer un tour ! En effet, certaines faiblesses habilement exploitées décaleront les protagonistes de la timeline, et il leur faudra une fois éjectés attendre le tour suivant pour attaquer. L'astuce n'est pas exploitable ad nauseam, et il faudra donc faire attention de ne pas trop en abuser, sous peine de se bouffer quelques tirs de laser bien sentis pendant ensuite plusieurs tours. Et cette indication chiffrée est malheureusement bien loin d'être la seule présente à l'écran : tactique et profond, Star Renegades déborde de valeurs, de jauges, d'icônes à interpréter, tant et si bien que l'on passera beaucoup de temps à choisir ses actions durant les premiers affrontements non-guidés.
Heureusement, le temps panse les plaies, et passé quelques défaites un peu soudaines, le jeu dévoile peu à peu ses nombreuses subtilités : entre la possibilité de voir qui sera attaqué, de quelle manière, et de switcher à la volée entre les différents membres de l'équipe afin de profiter de leurs capacités spéciales, il y a pour ainsi dire toujours une solution à vos problèmes, même lorsque la situation semble particulièrement mal engagée. C'est qu'alliés comme ennemis cumulent les jauges, et il faudra d'abord prendre soin de casser un bouclier avant d'espérer occasionner de vrais dégâts. Certains tours seront ainsi consacrés à la reconstitution de vos défenses, puisque tant que les pare-chocs sont de sortie, vous pourrez toujours vous dresser, un majeur tendu, même face aux plus coriaces des boss. Comble de la praticité, Star Renegades vous permet même de voir l'avenir, puisque les jauges de votre équipe indiqueront en surbrillance leur état théorique au prochain tour, histoire de vous donner une ultime chance de ne pas sacrifier l'un de vos précieux membres dans une attaque irréfléchie.
Rincez, répétez
L'enchaînement des runs et des combats permet de se familiariser avec la formule, mais également de profiter de l'effet de boucle pour toujours mieux engager sa nouvelle tentative, puisque l'équipe profitera des niveaux gagnés entre temps et de votre connaissance de l'adversaire pour optimiser la progression. Mais avec un système de dimensions différenciées, tout n'est pas si facile : notre héroïne semble en effet entremêlée dans de sombres histoires de famille avec le clan d'en face, et la liste affichée des lieutenants à défaire vous permet de gratter quelques indices sur leurs faiblesses, mais aussi de les voir grimper dans la hiérarchie en cas de victoire... Et devenir ainsi un peu plus méchants et gradés au run suivant. Gloups.
Au cours de ce premier contact, la défaite n'est donc pas tant une punition, sauf lors des premiers pas à tâtons qui pourront à juste titre décourager les joueurs un peu moins persévérants, puisqu'elle permet d'accumuler des ressources (en plus du loot aléatoire et des liens renforcés lors de séances de discussion au coin du feu) pour recruter de nouvelles têtes, et leur lot de nouvelles capacités. Votre base pourra ainsi s'agrandir au fur et à mesure, et l'on repartira donc la fleur au fusil, persuadé que cette fois sera la bonne. Avec pas moins de treize classes annoncées pour quarante-cinq personnages jouables, il devrait en effet y a voir de quoi faire, même à l'abri des regards, une fois le feu de camp tamisé.
ON L'ATTEND... MÉCHAMMENT !
Après quelques runs manette en mains, Star Renegades s'annonce déjà comme l'un des Rogue-lite tactiques les plus intelligents de l'année. Beau comme un dieu pixelisé, riche en termes de contenu et proposant un système de combat très prenant passé les débuts un peu trop retors, l'aventure spatiale nous laisse avec des étoiles dans les yeux et des rêves plein la tête. Si la version PC est d'ores et déjà prévue pour le 8 septembre prochain, votre serviteur espère bien vite pouvoir jeter son dévolu sur l'une des versions consoles annoncées pour l'automne prochain.