Son premier nom alors qu'il n'était qu'un projet : Black Lotus. Puis Activision qui à l'époque devait l'éditer, a dévoilé qu'il s'agissait du dernier True Crime à paraître, True Crime : Hong Kong. Enfin, alors que le géant américain s'était résolu à ne plus commercialiser le titre, les Canadiens de UFG se sont tournés vers Square Enix pour que le fruit de plusieurs années de travail voit enfin le jour cette fois, sous un nouveau nom, Sleeping Dogs. Mais ces changements d'appellations mis à part, Sleeping Dogs a-t-il de quoi se faire un nom ?
La dernière fois que l'on avait été en contact avec celui qui ne s'appelait pas encore Sleeping Dogs, c'est en décembre 2010 à Vancouver. Pas moyen d'y jouer à l'époque mais le scénario qui nous était présenté alors reste le même qu'aujourd'hui : Wei Shen est originaire de Hong Kong, il y a passé son enfance mais a grandi à San Francisco, où il est devenu policier. Dans Sleeping Dogs, c'est une raison encore inconnue qui va pousser cet athlète au tatouage de dragon sur le dos à revenir dans la métropole chinoise afin d'y jouer un double rôle, comme flic infiltré qui va gravir les échelons bien glissants des Triades. A la manière d'un GTA, le protagoniste va ainsi commencer au bas de l'échelle dans une planque de fortune avec des fringues craignos, pour au fur à mesure gagner en influence et se saper à la bien, dans une piaule avec un peu plus de cachet. Tout comme dans GTA encore une fois, un dressing bien fourni sera à la disposition du joueur. Et bien entendu, la comparaison avec la série Rockstar ne s'arrête pas là.
Hong-Kong fou-fou
Sleeping Dogs remplit toutes les conditions du parfait petit GTA-like, avec le radar typique, les radios (de la pop et du rap chinois du meilleur effet, mais aussi du Sébastien Tellier !), avec ses petits trucs en plus bien à lui. Déjà, on évoluera dans un Hong Kong ouvert qui se décompose en quatre grandes zones : North Point, Central Hong Kong, Kennedy Town et Aberdeen Harbour. Sans reproduire avec exactitude les rues de la ville, ces quartiers restituent l'ambiance propre à chacun, un cycle jour / nuit et une météo variable donnant aussi un visage différent à ces quartiers selon le moment. L'un des gros points forts de Sleeping Dogs tient d'ailleurs dans le soin qui est porté à l'ambiance de la cité. Des petites échoppes qui vendent soit des gadgets électroniques soit des nouilles, des badauds qui vaquent à leur occupation tout en parlant bruyamment en cantonais, en passant par l'aspect un peu crade de certaines ruelles, la sensation d'être dans le même Hong Kong que celui des films de John Woo ou Andrew Lau est immédiate et vraiment agréable. Le côté parfois un peu foutraque de la disposition des rues, de l'aspect des immeubles est également "rafraichissant", par rapport aux villes américaines habituelles, architecturalement très quadrillées.
Une rasade de Woo, un zeste de Chan
Bien loin d'un Saints Row par exemple, on se retrouve avec Sleeping Dogs dans une atmosphère mature évoquant les films de John Woo, les cascades façon Jackie Chan sont également de la partie. Si les fusillades ressemblent assez à ce que l'on peut voir dans un GTA (avec couverture, visée semi-automatique et curseur au-dessus des amis), Wei Shen possède une agilité à faire pâlir la hyène intrépide. Dans une course poursuite qu'il nous a été donné de jouer, Wei peut de manière contextuelle sauter à toute vitesse sur un distributeur à boisson pour franchir un mur élevé ou réaliser des sauts spectaculaires avec l'effet qui va bien. Lors des poursuites motorisées, le héros est tout aussi impressionnant. Lorsque l'on tirera sur des véhicules en pleine course, on bénéficiera d'un effet bullet-time pour faciliter les choses. Assez proche du véhicule du potentiel fuyard, on pourra aussi de manière contextuelle, à 200 à l'heure, s'agripper sur la voiture, puis en prendre ensuite possession. Ces interactions contextuelles sont aussi présentes dans les combats de manière plus discrète ; des affrontements qui sont d'ailleurs bien plus fouillés que dans un GTA, qui sans égaler la fluidité et l'aisance de ceux de Batman Arkham City, s'en inspirent. Lors des combats, il est possible de contrer un coup ennemi dès lors qu'on appuie au bon moment lorsque qu'un point d'exclamation apparaît au-dessus du type prêt à frapper. La manière dont on pourra utiliser l'environnement pour fataliser ses adversaires (ventilateur, bouche d'aération, frigo, poubelle...) réserve définitivement le titre aux 18 ans et plus.
Attendu pour l'été 2012 sur PC, Xbox 360 et PS3, Sleeping Dogs souffre un peu de son grand nombre d'années de développement et n'impressionne pas vraiment graphiquement, son moteur semblant un peu à la ramasse par moment dans cette version pas encore définitive qui nous a été présentée sur 360. Cependant, avec la belle ambiance de film HK qui ressort de cette production UFG et ses bases de GTA, étoffées par une forme d'action spectaculaire plus prononcée (combats, poursuites en véhicules), ce Sleeping Dogs pourrait bien faire office de palliatif très appréciable en attendant le gros morceau GTA V, surtout si son intrigue typique du genre dont il tire toutes ses références se révèle assez dense. On a hâte d'en voir plus.