Quand Suda 51 (Killer 7, No More Heroes), Shinji Mikami (Resident Evil) et Akira Yamaoka (les musiques de Silent Hill) collaborent sur un titre blindé d'horreurs et de démons, faut-il se réjouir, s'inquiéter ou se prostrer de terreur ? En tout cas, Shadows of the Damned est bien parti pour ne laisser personne indifférent.
"Bonjour ! Ma première question, c'était 'quelles sont vos influences pour Shadows of the Damned", mais en entrant dans la salle d'interview, j'ai vu le grand écran qui passe Machete en boucle, donc on va peut-être passer à la question suivante.'
À vrai dire, la prise en main du prochain titre de Grasshopper Manufacture lors du Showcase EA 2011 de Londres (vous savez, j'y étais...) fut beaucoup plus parlante que n'importe quelle interview (d'autant plus que Suda 51 s'est montré assez indisponible). Et les premières impressions sont... hum, comment dire ? « WTF ? » Mais laissez-moi un peu vous décrire la vie de Garcia Hotspur, chasseur de démons vadrouillant en Enfer pour récupérer l'amour de sa life, la blonde Paula...
Par démons et par veaux d'or
Les ombres des damnés ne sont pas qu'un concept fumeux censé faire peur au joueur émotif. Il s'agit d'un élément de gameplay particulièrement présent, en tout cas dans la démo proposée. Garcia est en enfer, et il doit retrouver Paula, qui semble prisonnière des griffes d'un des princes locaux. Durant le niveau que l'on a pu jouer, il doit traverser une sorte de village divisé en arènes dans lesquelles il va être assailli par toute sorte de démons : le démon de base, le démon tepneu, le démon Strateur, le démon Q, etc. Pour s'en débarrasser, Garcia possède une arme-démon du nom de Johnson, qui s'avère être l'élément comique du duo (Garcia étant l'élément super pas content). Sous sa forme "normale", Johnson est une sorte de torche/crâne qui vanne beaucoup. Mais si Garcia l'épaule, Johnson se transforme au choix en pistolet, en fusil à pompe ou en mitrailleuse. Shadows of the Damned prend alors un air très Resident Evil (même personnage figé, même visée arthritique). Chaque arme propose deux tirs, l'un normal pour les démembrements et les headshots sanglants. L'autre plus ésotérique pour lutter contre l'Ombre.
Ça se couvre, on dirait
L'Ombre envahit souvent le paysage dans lequel Garcia se promène, et il n'y fait pas bon vivre. C'est une sorte de poison lent qui détruira notre héros malgré ses insultes répétées, et c'est une protection pour tous les démons qui, une fois baignés dedans, s'avèrent invulnérables. Garcia doit donc vite trouver et déclencher des sources lumineuses pour repousser l'obscurité. Ensuite, les ennemis sont encore recouverts de cette noirceur démoniaque, il faut alors leur tirer dessus avec l'attaque spéciale pour faire sauter leur bouclier. Si vous insistez avec ce tir, n'importe quel démon devient même scintillant : c'est le signal pour un finish cinématique bien gore. Il est bon d'en abuser. Chaque tuerie rapporte des gemmes blanches, que Garcia pourra échanger contre divers objets (munitions, tequila) chez un démon sympathique plutôt amusé par la vendetta du mexicain énamouré.
Qui a vomi sur l'écran ?
Une fois l'arène nettoyée, on récupère un bout de cerveau quelque part, dont on nourrit une porte qui s'ouvre vers la suite du niveau, jusqu'au Boss final. Grotesque, dans le sens artistique du terme, mais un poil répétitif... du moins sur la durée de la démo. J'ose espérer que Shadows of the Damned renouvellera son gameplay sur la longueur ! En tout cas, côté design, ça a l'air bien barré et violent, avec des monstres difformes, des succubes sexy, et des graphismes criards. Déjà les armes ont un code couleur très primaire : rouge, jaune, vert, bleu. Mais tout l'univers se ligue pour balancer à l'écran des effets et des textures super agressives, au point où l'on se demande si les graphistes de Grasshopper Manufacture sont sous LSD ou si Suda 51 cherche intentionnellement à nous provoquer visuellement.
Au final, Shadows of the Damned se montre tellement barré et féroce qu'on a forcément envie d'en voir plus. On espère que ce n'est pas que de la poudre aux yeux pour conquérir le marché occidental (un but avoué) et que le scénario se révélera à la hauteur de l'ambiance punk rock et punchlines de la démo. Les questions ne manquent pas : comment Paula est-elle morte ? Pourquoi ? Garcia est fou de cette femme, mais l'inverse est-il vrai ? Le jeu nous surprendra-t-il ? La suite au prochain épisode...