Lorsqu’on fait allusion au hack’n’slash, on pense avant toute chose à Diablo 4 qui a régné en maître sur le genre à son lancement jusqu’à il y a encore quelques semaines. Mais cette souveraineté a quelque peu été remise en cause à la sortie de l’accès anticipé de Path of Exile 2 qui a déjà tout d’un grand. Dans ce contexte, il apparaît bien difficile de se faire une place, mais c’est pourtant ce que Wolcen Studio va essayer de faire avec Project Pantheon. 

NDLR : cet essai de l’alpha 1 du jeu était une phase d’évaluation technique pour offrir une vue d’ensemble à la presse, mais surtout pour aider le studio à récolter des données vis-à-vis de toute l’infrastructure réseau. Le contenu était par conséquent réduit à son strict minimum.

À la découverte de Project Pantheon, l'après Wolcen Lords of Mayhem

« Project Pantheon, c’est un peu comme si Diablo et Escape From Tarkov avaient un enfant, une fusion de jeux différents et passionnants ». Voilà comment Andrei Chirculete, directeur du jeu, présente le nouveau bébé de Wolcen Studio. Ce savant mélange, défini comme étant un ExtrAction RPG, se déroule dans un univers post-apocalyptique au sein duquel tous les dieux de différentes mythologies ont été rayés de la carte. Embauché par La Mort elle-même, le joueur est missionné d’enquêter sur ces brutales disparitions, de rétablir l’équilibre de royaumes brisés, et évidemment de faire le ménage en exécutant des créatures qui ne sont pas là pour se lier d’amitié avec nous. 

« En ce qui concerne le post-apocalyptique, nous essayons de présenter une version High Fantasy. Donc pensez davantage au Mont Olympe détruit ou au Valhalla en ruines, et moins aux univers plus traditionnels comme une apocalypse nucléaire ou zombie ». Même s’il ne réinvente pas la roue dans les grandes lignes en termes d’univers ou de direction artistique, Project Pantheon est pour l’instant une chouette promesse. La DA dark fantasy « ancrée dans la réalité » fonctionne et les environnements sont déjà soignés à ce stade, ce qui était déjà l’une des forces du précédent jeu du studio Wolcen Lords of Mayhem. Des décors parfois inquiétants baignés dans le sang, avec des ossements ou des restes d’animaux, des cadavres bloqués sous la glace, autant de choses qui étaient garantes d’une bonne ambiance variée. Peut-être même trop variée d’ailleurs… au détriment d’une absence de cohérence entre les trois atmosphères distillées sur la seule carte parcourue. 

preview Project Pantheon

Il faudra cependant juger avec une version beaucoup plus complète, car il n’est pas exclu que les développeurs aient voulu mettre en avant une diversité des paysages pour vendre la direction artistique générale. On demande à voir et on est même très curieux de l’évolution de Project Pantheon avec les révélations faites par le studio. En effet, si le terme de mythologie est au pluriel, ce n’est pas pour rien. Jusqu’à la version 1.0 du jeu, Wolcen aspire à intégrer la mythologie Égyptienne, Grecque et Aztèque, en plus de la Nordique qui est celle de base qu’on a pu découvrir lors de notre briefing et d’une prise en main. 

L'enfant caché de Diablo et d'Escape from Tarkov

Dans les grandes lignes, Project Pantheon est un action-RPG / Hack’n’slash tout ce qu’il y a de plus bateau avec une vue isométrique (de dessus) à la manière de Diablo 4 ou Path of Exile 2. Mais il s’émancipe de ses modèles de plusieurs manières avec sa dimension Extraction, sa gestion des classes de personnages ou encore sa forte composante PvP. Pour le moment, une partie type dure jusqu’à une heure avec un chrono affiché en haut de l’écran. 

Pendant ce laps de temps, il faut explorer de fond en comble les cartes, qui seront plus ou moins grandes, exterminer le bestiaire qui s’annonce diversifié (sauf pour les plus petits mobs) afin de récupérer de l’argent et de l’équipement, tout en ouvrant tous les coffres et jarres possibles pour looter de nouveaux objets. À l’approche de la fin du temps règlementaire, il faut foncer jusqu’à l’une des deux stèles d’extraction pour demander une exfiltration. Une fois la requête validée, vous devez battre une série d’ennemis pour faire apparaître un portail permettant de s’échapper de la map. Mais le hic, c’est que si vous mourrez au cours de cette phase et même bien avant cela, vous perdrez tout votre loot comme dans Escape from Tarkov. Il y a bien un emplacement qui vous autorise à sécuriser des éléments, mais dans notre cas, on a par exemple eu juste la place pour garder une hache. Ce qui est bien maigre. 

impressions Project Pantheon

Dès lors, il y a une vraie tension puisqu’il est possible de tout perdre à chaque instant après avoir pris de mauvais coups, ce qui ne devrait pas arriver si vous jouez la prudence. En effet, Project Pantheon a une dimension « Souls-lite » selon le studio, qui incite le joueur à observer et à garder une certaine distance en fonction des adversaires. Pour être honnête, on n’a pas encore ressenti cette difficulté avec nos rivaux gérés par l’IA, d’autant qu’on n’a pas pu se mesurer à Fenrir, le boss de carte (il y en aura un sur chaque map). On a toutefois eu une démonstration par les développeurs et cette créature, qui a la faculté de se dédoubler pour plus de plaisir, avait l’air effectivement plus vivace et énervée que les autres ennemis. Un affrontement au sommet qui cache de meilleures récompenses qu'après avoir abattu du menu fretin. En fin de compte, ce qui a fait qu’on a cassé notre pipe à maintes reprises, c’est les assauts des autres joueurs qui n’étaient pas du tout là pour coopérer. 

Quand certains jeux font le choix de proposer principalement du PvE, avec certaines zones PvP, Project Pantheon mélange les deux sans qu’on ait la main sur ces fonctionnalités. Même si le studio n’est pas contre un mode PvE à l’avenir, ce n’est pas dans leurs plans à l’heure actuelle. Il faudra donc composer avec cela, quitte à générer de la frustration. Car quand on tombe nez à nez avec un autre joueur qui veut en découdre, on s’expose nécessairement à la potentielle perte de nos équipements. Même les plus rares. On en a fait l’amère expérience… mais c’est le jeu et les développeurs sont clairs là-dessus. En cas de disparition totale de votre stuff, vous pourrez toutefois retourner auprès de l’écureuil Ratatoskr pour dépenser vos pièces d’or. 

alpha Project Pantheon avis

L'extraction et le PvP très présents sont donc les singularités de Project Pantheon qui lui permettent de s’éloigner d’autres hack’n’slash, tout comme l’absence de classes classiques à l’image du Sorcier, Voleur ou encore Barbare d’un Diablo 4. Ici, ce sont les armes et les équipements qui font loi et qui régissent votre build, puisque c’est grâce à tout cela qu’on peut avoir des compétences. En tout, le personnage dispose de trois capacités actives, d’un dash et d’un ultime qui n’est disponible qu’en récupérant des artefacts sur le terrain. Avec le combo javelin + bouclier, on peut par exemple envoyer notre lance sur un ennemi, et donc conserver une distance de sécurité, ou encore invoquer une pluie de météores pour faire des dégâts de zone. La masse est nettement plus lourde et donc plus lente lors d’un coup, mais peut faire très mal à plusieurs monstres en même temps, tandis que la double hache peut permettre de taper plus vite en accumulant de la rage. 

Pour l’instant, ce volet des compétences, comme le reste, est encore sommaire. Dans le cadre de cette première alpha, les aptitudes étaient limitées et il n’y avait pas non plus d’arbre de compétences qui devrait être présent dans la version finale. En revanche, à mesure qu’on montait de niveau, on pouvait déverrouiller les fameuses compétences des armes, le dash et l’ultime, mais aussi les améliorer sur trois niveaux. Malheureusement, à chaque fin de partie, même en cas d’extraction réussie, il y avait un reset complet. À voir l’évolution d’ici la sortie publique de Project Pantheon. Dans l’optique de gagner en puissance, il y a également des tours (l’équivalent des Pylônes de Diablo) qui, une fois activées, peuvent conférer des buffs temporaires de santé, de vitesse de dégâts etc.

Image #1 du nouveau jeu du studio de Wolcen Lords of Mayhem

Pour Wolcen Studio, il est important d’avoir des « combats fluides, hypnotiques, exaltants à jouer » pour accoucher d’un jeu « facile à apprendre et difficile à maîtriser, mais satisfaisant dans tous les cas ». En pratique, il y a encore du boulot et c’est normal étant donné qu’il ne s’agissait que de l’alpha 1. C’est donc le moment idéal pour pointer du doigt les points noirs, et malheureusement, les combats en font partie. Si les effets des compétences sont plutôt sympathiques, le gameplay reste encore lent et l’impact des armes, et des dégâts qu’elles peuvent causer, ont besoin d’être peaufinés pour quelque chose de plus percutant. 

Un jeu créé avec les retours de la communauté

Cette alpha de Project Pantheon étant un premier test technique, il est bien délicat de prendre totalement conscience de la note d’intention exprimée par Wolcen Studio. Par exemple, quid de la narration ? Les développeurs nous ont heureusement confirmé qu’il y aurait de vraies quêtes avec des arcs scénaristiques ou encore de nouveaux PNJ avec leur lore. C’est un bon point, mais l’équipe va devoir éviter les écueils de leur précédent jeu qui n’avait pas du tout brillé dans ce domaine à sa sortie, même si ce n'est pas le plus important dans un titre où l'extraction est mise en avant. Mais ça l'est déjà plus pour le volet hack'n'slash.

À terme, Wolcen Studio va implémenter le « Sanctuaire du joueur ». Un hub en 3D entièrement explorable et qui sera élaboré par les joueurs eux-mêmes en érigeant des constructions. Grâce à elles, il sera possible de débloquer des fonctionnalités additionnelles comme le crafting, le stockage de loot, un endroit pour accepter des quêtes, un petit coin entraînement ou encore l’échange et commerce, y compris avec d’autres joueurs .. En sachant que les bâtiments qui abriteront ces activités seront personnalisables de A à Z sur le plan cosmétique. Le Sanctuaire, le crafting, l’ajout de compétences passives, l’amélioration du système de capacités sont justement dans la To-do list qui est bien chargée, tout comme le modèle économique. 

Image #2 du nouveau jeu du studio de Wolcen Lords of Mayhem

Là encore, on n’a absolument rien vu et Wolcen Studio tâtonne encore pour savoir quelle sera la meilleure méthode. On nous a ainsi parlé de packs fondateurs, ou même d’un abonnement à la Dota 2 (Dota Plus), mais dans tous les cas, il n’est pas question d’être un Pay to Win pour Bogdan Oprescu, le président du studio. L’idée n’est pas de mettre la communauté à dos, mais au contraire, de la faire participer au développement.

« Project Pantheon sera gratuit, mais ce ne sera PAS un pay to win. C’est l’équilibre que nous nous efforçons d'atteindre. Pour que ce jeu ait du succès, nous avons besoin d'une base de joueurs assez importante avec un noyau super engagé. C'est ce que nous essayons de construire et c'est pourquoi le développement par la communauté est crucial pour le succès de ce jeu ». Ce qui explique notamment pourquoi la version alpha était très dépouillée. Wolcen Studio prévoit quatre alphas supplémentaires jusqu’en janvier 2026 pour valider les différentes étapes ou plutôt composantes du jeu. Dans les mois à venir, le contenu de Project Pantheon va s’épaissir avec de nouvelles cartes, artefacts, armes, armures, objets et compétences, des quêtes scénarisées, la prise en charge de 12 joueurs par partie, le support de la manette, la compatibilité Steam Deck, le Sanctuaire ou encore des skins. Wolcen Studio veut faire en sorte d’avoir un contenu saisonnier tous les 4 mois histoire de maintenir l’engagement des joueurs. 

Image #3 du nouveau jeu du studio de Wolcen Lords of Mayhem

On attend Project Pantheon… avec curiosité 

Avec sa proposition qui mélange extraction et hack'n'slash, Project Pantheon est pour le moins original et intrigue pas mal. Suffisamment pour pousser les amateurs des deux genres, ou au moins un des deux, à tenter l'aventure ? On ne peut pas le dire à l'heure actuelle étant donné qu'on a eu un aperçu d’un chantier qui a encore de longs mois de développement devant lui. Par contre, on reste curieux vis-à-vis de cette formule qui essaye d’apporter sa propre patte. Une note d’intention intéressante à suivre si l'évocation des noms de Diablo ou encore Escape from Tarkov vous fait frissonner.