Un peu plus tard qu’initialement prévu, The Rogue Prince of Persia sort aujourd’hui en early access, uniquement sur PC. Après s’être essayée au metroidvania, la licence iconique d’Ubisoft s’attaque à l’une de ses variantes que l’on doit notamment à Dead Cells : le roguevania. Nous avons pu extensivement tester cette mouture précoce du jeu, développé par le sympathique petit studio Evil Empire, et voici donc notre avis.
Après le très beau succès de Lost Crown, Ubisoft semble à nouveau désireux de multiplier les productions estampillées Prince of Persia, en attendant le Remake des Sables du Temps. Entre donc en scène The Rogue, qui aurait dû sortir en early access le 14 mai, mais un certain Hades 2 est également arrivé en accès anticipé avec ses gros sabots de satyre grec plus tôt le même mois. Puisque « tout le monde et leurs mamans », dixit Evil Empire, était trop obnubilé par cet autre rogue-lite extrêmement attendu, le studio a choisi de décaler le déploiement de la première ébauche de sa propre interprétation de ce genre particulièrement populaire le 27 mai. Une décision a priori sensée : malgré des prémices plutôt prometteuses, ce nouveau jeu édité par Ubisoft n’a en l’état pas encore les épaules assez solides pour rivaliser avec le titanesque titre de Supergiant Games ou l’excellent Dead Cells des français de Motion Twin. Rappelons d’ailleurs que c’est à Evil Empire qu’on doit le DLC Castlevania de ce dernier. On vous emmène dans un petit voyage temporel pour vous détailler tout cela.
Les malheurs des Huns font la boucle temporelle des autres
La licence Prince of Persia a depuis longtemps un rapport particulier avec le temps. The Rogue ne fait à ce titre pas exception. Suite à une attaque aussi soudaine qu’inattendue, les Huns ont conquis sans presque aucune résistance la Perse. Un peu en retard, notre bon prince entend abattre leur roi et libérer sa patrie. Il pourra pour cela compter non seulement sur sa grande agilité et ses compétences martiales, mais également sur sa bola, qui lui permet d’éviter un sort funeste en remontant dans le temps.
Grâce à cet artefact bien pratique, Evil Empire parvient à habilement adapter cet aspect spécifique de Prince of Persia et l’histoire de son jeu à la sauce rogue-lite. Nous devrons en effet régulièrement remonter dans le temps, en mourant ou en terminant une traditionnelle « run », pour faire avancer le scénario. Parler à un PNJ spécifique dans un niveau nous donnera par exemple un indice nous permettant de résoudre une enquête, débloquer de nouvelles options ou zones à explorer, et ainsi progresser vers notre objectif ultime de bouter les Huns hors de la Perse.
Nous n’allons pas exposer davantage l’histoire de The Rogue Prince of Persia, afin d’éviter de trop en divulgâcher, et surtout parce que, early access oblige, le jeu d’Evil Empire garde encore des révélations pour une future mise à jour majeure ou une sortie en version 1.0. Nous pouvons cependant nous attarder sur la direction artistique un brin cartoonesque, qui se montre globalement simple mais efficace. Les décors sont plutôt réussis, sans trop de fioritures pour une meilleure lisibilité de l’action. Cela est d’autant plus flagrant s’agissant des personnages, qui affichent une apparence très minimaliste (peut-être trop, à notre goût). La fluidité est quoi qu’il en soit constamment au rendez-vous, le jeu ne nécessitant clairement pas un foudre de guerre pour tourner comme un charme.
Pour rester sur le level design, les fans de Dead Cells ne seront pas dépaysés : nous traversons différents biomes garnis de téléporteurs disséminés dans chaque niveau, avec des salles, PNJ et éléments interactifs disposés plus ou moins aléatoirement. Sur ce point, Evil Empire ne fait ainsi pas vraiment dans l’originalité. Mais après tout, pourquoi changer une formule qui marche ? On salue cela étant dit son travail sur la bande-son, qui mixe agréablement des musiques orientales traditionnelles avec de l’électro moderne, complétée par un enrobage sonore de qualité.
Prince of Persia The Rogue-Vania, ou Dead Cells-like
S’agissant du gameplay, The Rogue Prince of Persia n’oublie certainement pas ses racines. Prenant à première vue la forme somme toute assez classique d’un jeu d’action-plateforme en 2D, il nous permet de profiter de l’agilité féline du prince. Escalade sur les parois verticales, course sur les murs, acrobaties sur des cordes ou des poutres, cette partie du titre d’Evil Empire est globalement agréablement réussie. Nous aurons ainsi régulièrement à composer avec des séquences de plateforme pures que les précédents jeux de la licence n’auraient pas reniés, où nous devrons louvoyer entre pics, roues à dents et autres pièges mortels. Les adeptes de la franchise se sentiront donc sur ce point, à l’instar du prince, comme à la maison. On pourra cependant reprocher le fait que notre personnage a une fâcheuse tendance à s’accrocher trop facilement à des surfaces ou éléments du décor, ce qui peut nous causer quelques désagréments.
Les combats ont également cette petite touche Prince of Persia qui n’est pas pour nous déplaire. Nous avons à ce titre une panoplie d’options, des attaques au corps-à-corps ou à distance en passant par des esquives acrobatiques. On ressent d’ailleurs rapidement sur ce point des similarités flagrantes avec Dead Cells. La ressemblance va même jusque dans l’équipement de notre personnage : nous aurons en effet également grossièrement droit à une arme de corps-à-corps et une arme à distance, qui demande une certaine consommation d’énergie pour être utilisée. Dans le cadre de l’early access, les possibilités en ce sens sont pour l’instant assez limitées, mais tout de même suffisamment variées pour plaire au style de jeu de chacun.
Nous avons enfin dans notre arsenal un coup de pied particulièrement pratique. Les forces des Huns sont nombreuses, avec un bestiaire encore une fois un brin chiche mais malgré tout diversifié, et nous aurons souvent maille à partir avec plusieurs adversaires en même temps. Un coup de babouche bien senti peut notamment étourdir deux opposants pour nous faciliter la tâche, ou même repousser un ennemi dans les nombreux pièges qui jonchent chaque niveau et les abattre immédiatement. Attention toutefois, la moindre attaque subie par le prince se paye très cher, et nos options pour se soigner sont terriblement limitées.
C’est justement là qu’entre en jeu le côté un peu trop « collant » de notre personnage. À plusieurs reprises, celui-ci s’est accroché à un élément de décor à notre insu, avec une sentence terrible : un quart voire plus de notre barre de vie assez maigre en moins. De tels exemples sont malheureusement plutôt fréquents et méritent un menu calibrage de la part d’Evil Empire. Heureusement, les combats de boss sont globalement moins sensibles à ces problèmes. Une bonne chose, car ceux-ci ne nous feront pas de cadeau et risquent d’envoyer notre prince de vie à trépas tant que nous n’avons pas bien en tête leurs patterns parfois bien retors.
Oasis is good, même dans la mort
Mourir dans The Rogue Prince of Persia est donc monnaie courante, mais également une mécanique à part entière du jeu, rogue-lite oblige. Cela nous renverra à l’Oasis, qui fait office de hub central. Celui-ci accueillera au fil de nos expéditions de nouveaux résidents, qui nous permettront grâce à des Lueurs d’Esprit, une sorte de monnaie récoltée sur les ennemis ou dans les différents niveaux explorés, de renforcer l’arsenal du prince. Nous pourrons ainsi débloquer de nouvelles armes de corps-à-corps et à distance, mais également des médaillons, qui altèreront grandement notre style de jeu.
Il est possible d’équiper jusqu’à quatre de ces derniers. Leur positionnement dans notre inventaire nous invite à mûrement réfléchir à notre manière de les disposer. Ceux-ci peuvent en effet renforcer les autres médaillons selon leur agencement. En placer un tout à gauche pourra par exemple débloquer plusieurs bonus sur les deux emplacements à sa droite, et ainsi de suite. Nous pouvons alors profiter de différentes améliorations, comme des gains d’énergie pour utiliser notre arme à distance en effectuant une action donnée ou des points de vie en abattant un adversaire, si le médaillon concerné est suffisamment renforcé par les autres. Sur ce point, The Rogue Prince of Persia fait preuve d’un peu plus d’originalité et récompense assez agréablement l’intelligence du joueur.
Selon comment le prince est équipé, le déroulement de notre partie en cours pourra ainsi radicalement changer. Il est toutefois dommage de constater que les options s’agissant de ces médaillons sont en l’état assez limitées. Nous tomberons en effet rapidement sur les mêmes bonus, et aurons tendance à équiper ceux qui nous ont déjà portés le plus loin possible dans nos expéditions précédentes… à condition que le hasard soit de notre côté. À noter toutefois que certains effets des médaillons ne se déclenchaient parfois pas comme décrit par le jeu. Nul doute cependant qu’une telle chose sera corrigée en temps voulu.
On attend que The Rogue Prince of Persia complète sa boucle temporelle
The Rogue Prince of Persia se montre en somme plutôt prometteur, mais ne réinvente foncièrement pas la roue en piochant de manière flagrante dans des inspirations comme la licence iconique d’Ubisoft ou encore Dead Cells. Nonobstant un certain manque d’originalité, le rogue-lite (ou en l’occurrence roguevania) d’Evil Empire reste fort agréable à explorer grâce à un gameplay particulièrement solide dans son aspect plateformer 2D comme dans ses combats. Ce malgré quelques imprécisions dans les contrôles pouvant nous coûter littéralement la vie. On salue également le travail du petit studio s’agissant d’un scénario qui exploite habilement le côté die and retry inhérent au genre et le principe de la boucle temporelle, ainsi que sur la direction artistique (quoique peut-être un peu trop minimaliste) et une bande-son de grande qualité. Early access oblige, le jeu est par définition incomplet, avec notamment un arsenal encore assez limité pour le prince. Gageons cependant qu’il s’étoffera au fil de son développement, pour aboutir dans sa version finale en un jeu sympathique tant pour les fans de Prince of Persia que pour les amateurs de rogue-lite.