Se rappelant à notre bon souvenir durant le dernier Indie World de Nintendo, Eastward a même signalé l'imminence de son arrivée. Moins d'un mois avant qu'on sache s'il est aussi intéressant que charmant, le nouveau piège à fans de Pixel Art adopté par Chucklefish (Stardew Valley) s'est laissé approcher pendant quelques minutes qui nous ont fait comprendre que ses concepteurs ne sont pas à l'ouest.
Un monde sale et inhospitalier qui ne finit pas de tomber en ruines. Un vieux type barbu un peu bougon. Une petite fille qui semble très spéciale. Ne manquerait plus que des humains avec des têtes de champignons entre les doigts de pieds et on se croirait volontiers dans The Last of Us. Mais John le mineur et la jeune Sam, héros réunis par les truchements du destin et fuyant une société totalitaire, sont bien loin des AAA spectaculaires. Et loin de vouloir dépeindre sous toutes ses formes la violence d'un univers post-apocalyptique, leurs pérégrinations font flotter un parfum d'anime et de jeux vidéo des années 90. Cousin de Zelda, Eastward semble tout à fait en mesure d'écrire sa propre histoire sans chercher à reproduire ses influences.
Drôle d'acclimatation
Pour les besoins de notre preview, nous avons été envoyés une dizaine d'heures après le début de cet action-RPG, alors que le duo vient d'atteindre Barrageville (oui, en français, il y a une traduction). Pour une raison qui ne nous paraît pas encore bien claire, il est question de se rendre à la Grande Gare pour ensuite filer vers la Vallée des Secousses, une gigantesque décharge peuplée de créatures malveillantes. Avant de nous rendre sur place, parce que le journal des quêtes comme la carte et l'absence de signalisation dans les rues ne nous permettent pas de trouver le chemin immédiatement, petite visite. Des marchands (de viandes, de légumes, de fruits et d'épices), un mécano pour améliorer son équipement, plusieurs PNJ aux tronches étonnantes, comme ce monsieur planqué dans les égouts qui semble avoir une paire de gonades à la place du menton, et même la borne d'un RPG 8-bits, Earth Born, qui fera furieusement penser à Dragon Quest. Pas de doutes, nous sommes en présence d'un hub qui sert à se préparer pour des périples un peu musclés. Il y a fort à parier que plusieurs quêtes nous y seront données et que le frigo servant à la sauvegarde et le réchaud sur lequel préparer de bons petits plats qui rendront de l'énergie ou procureront des bonus vont servir.
Tous à poêle
Et on ne s'y était pas trompés. Si l'ambiance est de prime abord aussi légère que le laisse supposer la sublime réalisation en Pixel Art, très détaillée et ultra colorée, et les mélodies joyeuses de Joel Corelitz, la progression, elle, exige beaucoup de sérieux. La virée dans ce qui nous a été présenté comme un donjon a demandé un petit temps d'adaptation. Jeu solo, Eastward vous fait déplacer deux personnages mais en manier un seul, en switchant - l'autre pouvant suivre ou être laissé en retrait. Pour la castagne, on choisit John. Il dispose d'une poêle à frire pour le combat rapproché, d'un fusil pour les menaces plus sérieuses, mais aussi d'un lance-flammes et de bombes à poser. Sam n'a quant à elle, à ce moment de la trame, qu'une attaque magique qui gèle les ennemis et peut faire disparaître certains végétaux. Les adversaires, dont on soulignera déjà une étonnante variété sur une demi-heure environ, n'ont pas froid aux yeux. Et croire que l'on peut foncer tête baissée mène à la déconvenue : ils sont vifs et souvent nombreux. Prudence, donc. Un peu de pratique est nécessaire avant d'avoir le réflexe de jouer complètement avec le binôme pour faire le ménage entre les corbeaux et autres rats planqués sous des tasses. Mais c'est déjà bien efficace.
Duo sur canapé troué
Cela l'est d'autant plus lorsque l'on comprend que des puzzles sont de la partie dans ces environnements faits d'appareils déglingués. Et qu'ils sont bien pensés pour les capacités de John et Sam qui vont vite, après quelques essais ensemble, se retrouver séparés. Très stimulante, cette route faite parfois de plates-formes flottantes à dégager, voit l'un ouvrir le chemin de l'autre, et vice-versa. Un coup de feu par-ci, une explosion magique par-là, une caisse à tirer ou pousser, un buisson à cramer, on finit avec une bombe qu'il faut batter vers des roches friables : tout est une affaire de complémentarité. Et cela fonctionne très bien. En prenant garde aux combats, on progresse finalement sans accrocs jusqu'à une nouvelle séquence un peu différente, une respiration un poil longue demandant de manier une embarcation prise par le courant de gauche à droite, mais qui débouche sur une cut-scene amusante. Et après ? Motus et bouche cousue, mais l'on peut déjà dire, sans contexte et lâché sauvagement à un tiers du scénario, qu'il y a bien un potentiel certain pour le "petit" jeu de Pixpil.
ON L'ATTEND... BEAUCOUP
Avec cette première prise en mains, Eastward nous donne réellement envie d'en voir plus. Son style séduisant est le paravent d'un gameplay centré sur l'alternance entre deux personnages complémentaires qui a l'air tout à fait réfléchi et capable, si les idées comme le bestiaire savent se renouveler, de nous captiver pendant de longues heures. La réponse devrait intervenir aux alentours du 16 septembre, date à laquelle Eastward sera disponible sur PC et Nintendo Switch.