S'il y a un jeu que tous les amateurs de mondes ouverts attendent de pied ferme, c'est bien ce Mafia II, suite d'un titre qui s'était illustré sur PC, il y a huit ans déjà. Plongeant le joueur en plein cœur des intrigues de la pègre italo-américaine du milieu du siècle, le bébé de 2K Czech offre une alternative rafraichissante aux gangsters modernes de GTA IV. Mais bien plus encore...
Valeureux soldat combattant sur le front de la seconde guerre mondiale qui fait rage sur le Vieux Continent, Vito Scaletta profite d'une permission pour rendre visite à sa famille, installée à Empire Bay, une ville imaginaire des Etats-Unis, fortement inspirée de New York.
Contraint d'éponger une dette substantielle laissée par son défunt père, notre héros va rapidement se retrouver mêlé malgré lui au crime organisé, catapulté au beau milieu d'un conflit sanguinaire opposant trois familles rivales : les Falcone, les Vinci et les Clemente.
On y suivra sa progression sur une période s'étalant de 1940 à 1950, décennie durant laquelle notre héros prendra du galon et gravira lentement mais sûrement les échelons vers le sommet de la hiérarchie mafieuse.
Goodfellas
La version que nous avons pu tester proposait d'effectuer quatre missions du jeu final, du vol de bagnole initiatique (le chapitre 2 du scénario) jusqu'à des entreprises de plus grande envergure, comme la pose d'une bombe au beau milieu d'une réunion de famille. Famille mafieuse, cela va sans dire. Et concurrente, bien entendu.
Les deux autres missions consistaient en une filature d'un personnage clé et une phase d'infiltration (sans arme, sinon c'est pas rigolo) pour localiser et libérer des prisonniers détenus dans un abattoir. Niveau variété, rien à dire, on est plutôt bien servi.
Mais outre la richesse du gameplay, ce qui frappe d'entrée de jeu avec Mafia II, c'est le souci du détail. Bien que fictive, la ville dans laquelle on évolue respire l'authenticité. Comme dans GTA 4, avec lequel il est inévitable de faire la comparaison, les passants vaquent à leurs occupations, les routes grouillent de véhicules, les quartiers se suivent et ne ressemblent pas, et tout cela confère à Empire Bay une identité propre qui lui vaut sans conteste son titre d'acteur à part entière de l'histoire.
La ville vit et sa population évolue parallèlement à la renommée du héros. Si l'on heurte par mégarde un passant lors des premiers chapitres de l'histoire, on se fera froidement réprimander comme un vulgaire moins que rien. Mais si l'on retente la manœuvre quelques années plus tard, vêtu d'un costard qui en impose et de la réputation qui va avec, la réaction sera beaucoup plus respectueuse : "oh pardonnez-moi, j'étais sur votre chemin". Le respect, ça a du bon.
Assassin de la police
Qui dit gangsters dit aussi police, et celle-ci réagira de manière cohérente à vos diverses malversations. Dépassez la vitesse autorisée et vous serez pris immédiatement en chasse par la maréchaussée. Il vous faudra alors ruser pour vous en débarrasser, quitte à changer les plaques du véhicule ou en subtiliser un autre (en brisant la vitre ou en réussissant un mini-jeu qui simule un crochetage).
Mais si vous décidez de buter un quidam à bout portant au beau milieu de la rue, c'est à une véritable chasse à l'homme que vous aurez droit. Encore un élément qui renforce le réalisme de l'ensemble. C'est tout con, mais c'est redoutablement efficace pour plonger le joueur dans l'ambiance.
Les phases d'action en vue à la troisième personne sont tout aussi jouissives. On peut se servir du décor pour se mettre à couvert et dézinguer plus facilement ses adversaires et s'ils s'avèrent trop nombreux, on peut toujours tenter de viser le réservoir d'un véhicule pour les faire périr d'un seul coup dans l'explosion. Les environnements destructibles ajoutent un plus incontestable au réalisme ambiant et on se surprendra à tirer parfois dans le décor juste... parce qu'on peut.
L'enfer, pour une fois, ce n'est pas les autres
Dans le feu de l'action, vos comparses ne se contenteront pas de faire de la figuration. Bien au contraire : ils s'appliqueront à vous prêter main forte dans une situation difficile et ne rechigneront pas à vous débarrasser de quelques tireurs embusqués avec lesquels vous auriez maille à partir.
Sans missions secondaires qui risqueraient de vous faire perdre le fil de l'intrigue, Mafia II évoque les plus grands films du genre. Superbement écrite, servie par d'excellentes voix anglaises (malheureusement, on ne peut pas en dire autant des voix françaises sur notre version qui comportait les deux) et une mise en scène qui ne l'est pas moins, sa trame semble délier comme un long métrage de Scorsese. Sans oublier les graphismes et les animations soignées, qui ajoutent encore une touche de crédibilité à l'ensemble.
Même si nous n'avons pu pour le moment nous essayer qu'à une petite partie du titre final, inutile de vous cacher que Mafia II nous a d'ores et déjà séduits. Bénéficiant d'un gameplay apparemment soigné et varié, d'un grand souci du détail qui pousse à l'immersion, d'un ton très adulte et d'une réalisation a priori sans faille, le jeu est bien parti pour être un des tous grands moments ludiques de cette année 2010. Vivement le 27 août, date de sa sortie sur PC, Xbox 360, et PS3.