Si vous attendez quelque chose d’aussi poussé que Skull & Bones ou de son lointain cousin AC Black Flag, autant qu’on vous arrête tout de suite. Like a Dragon Pirate Yakuza in Hawaï en reprend l’essence même et la tord à sa façon pour coller à son aventure déjantée, digne d’un trip sous acide. Le résultat est encore plus décalé que ce à quoi on est en droit de s’attendre d’un jeu de licence. On sourit, on rigole, on navigue à la recherche du prochain gros poisson à corriger, on va jouer aux fléchettes, on refait sa garde-robe après avoir terminé une quête complètement barrée… et sans s’en rendre compte on a déjà dépassé notre couvre-feu de plusieurs heures. 

Comme son aîné, Like a Dragon Pirate Yakuza in Hawaï a quelque chose de foncièrement addictif. C’est une petite sucrette, un cocktail détonnant à consommer sans modération, mais dont on ne voit jamais le fond du verre. Alors plutôt que de pondre un test sans avoir fait le tour de la myriade d’activités et de contenus proposés, et comme à peine 20h c’est trop peu pour un jeu de cette trempe, on préfère vous coucher un dernier avis avant notre test final.

Hissez ho, Majima Goro !

Like a Dragon Pirate Yakuza in Hawaii

Après avoir joué les seconds couteaux pendant presque deux décennies, Majima Goro est enfin sous le feu des projecteurs le temps d’une aventure qui s’annonce pleine de rebondissements. Il est évidemment trop tôt pour se prononcer sur le scénario, qui ne sert ici que de prétexte pour que le Chien fou de Shimano ne devienne le capitaine de sa propre histoire, mais il y a clairement une envie de poursuivre le récit. Non pas car le jeu nous l’impose par moments pour débloquer de nouvelles mécaniques et progresser, mais parce que finalement on les aime quand vachement bien Goro et sa petite troupe. Amnésique, le yakuza s’est en effet trouvé un nouveau hobby et passe désormais son temps à voguer sur les mers à la recherche d’un précieux trésor et pour se faire un nom dans le milieu de la piraterie. 

La vibe One Piece est clairement assumée, dans le ton, la mise en scène, la narration ou même avec certains clins d'œil qui prêteront à sourire. Ça fait instantanément mouche, on se prend facilement dans le délire et on rappelle, si besoin est, qu’il n’y a pas besoin d’avoir fait Like a Dragon Infinite Wealth pour l’apprécier entièrement, même s’il y a un lien avec certains événements et lieux de l’épisode précédent. Ceux qui ont suivi les aventures rocambolesques d’Ichiban seront clairement en terrain connu. On ne parle pas uniquement d’Hawai, de retour dans ses moindres détails et avec sa myriade d’activités, mais bien de certaines têtes que celles et ceux qui ont poncé le précédent jeu reconnaîtront entre mille et feront sûrement des pieds et des mains pour les recruter dans leur équipage. 

Pimp my boat

Like a Dragon Pirate Yakuza in Hawaii

Parce que cette jolie embarcation dont on hérite en début de jeu, il faut la remplir. En arpentant les quelques îles explorables, il sera possible de trouver les futurs matelots de votre équipage de rêve. Une star du cinéma, un quasi-retraité en quête de voyage, une mamie cuistot, une pseudo-ninja… votre bateau sera vite habité par des personnages hauts en couleur comme la licence en a le secret. Si certains viendront de bon cœur, d’autres feront les divas et imposeront leurs conditions. Un petit combat, atteindre un certain rang de pirates, avoir une cote de popularité à en faire pâlir des influenceurs, récolter des objets rares, attendre certains scores à des mini-jeux… Il y aura clairement de quoi faire et tout a été pensé pour ne pas bloquer artificiellement la progression.

Si vous avez envie de devenir un as des fléchettes pour recruter un personnage qui vous tient à cœur, libre à vous, sinon, rien ne vous empêchera de continuer votre chemin sans être pénalisé. D’autant que cette fine équipe, il faudra la gérer. Vos Nakama devront en effet être affectés à différents rôles, que ce soit canonniers, artilleurs, chefs de groupe ou tout simplement à vos côtés pour l’abordage. Il faudra les choyer de cadeaux, faire grimper leurs rangs et niveaux respectifs, vérifier leur humeur pour qu’ils deviennent encore plus puissants. Le pouvoir de l’amitié, ça passe aussi par des banquets improvisés sur le bateau, ou des parties de karaoké en plein air. Et ça ce n’est qu’une infime portion de Like a Dragon Pirate Yakuza in Hawai.

Tout le sel du jeu gravite bien autour de ce navire, que l’on pourra d’ailleurs retaper avec toutes les extravagances possibles, parce que votre temps vous le passerez en grande partie sur la mer. Là encore, n’attendez pas quelque chose d’aussi poussé qu’Assassin’s Creed Black Flag en son temps, surtout en termes d’exploration. Les quelques zones sont délimitées et les chemins sont finalement assez balisés avec des anneaux donnant un coup de boost obligatoire pour ne pas s’endormir pendant la traversée.

Sur la route du rhum

Like a Dragon Pirate Yakuza in Hawai

Les mécaniques de combat naval sont réduites à leur strict minimum, une touche respective pour activer les canons de chaque côté, une autre pour les mitraillettes et bien sûr une pour drifter sur les mers ce n’est pas drôle sinon. Il y a donc bien quelques particularités propres à Like a Dragon Pirate Yakuza in Hawaï, comme la possibilité de lâcher la barre pour asséner les flottes ennemies de missiles de lance-roquettes, ou sortir les seaux d’eau pour éteindre le feu, mais elles restent assez anecdotiques pour l’instant. On n’en demande pas plus, car ce que le jeu propose, il le fait très bien et c’est amplement suffisant. On aurait aimé plus d’activités annexes sur la mer, mais il faudra se contenter de quelques équipages rivaux émérites et d’îles secondaires qui ne sont pas vraiment explorables et mènent juste à un combat sur la terre ferme.

Si c’est finalement là qu’on passera le plus clair de notre temps, RGG Studio a trouvé la parade pour ne pas que la grande attraction de Like a Dragon Pirate Yakuza in Hawai ne reste à quai : le Colisée. Repaire des pirates, il permet de prendre part à des combats maritimes annexes bien plus corsés et qui gagneront rapidement en difficulté. Là où la gestion de l’équipage, la confection de nouveaux canons et autres aspects de gestion liés à la piraterie peuvent paraître anecdotiques au premier abord, ils gagnent clairement en au fil des heures et des rangs grattés. C’est franchement plus grisant et on prend étonnamment un plaisir monstre à se ronger les dents contre les cibles légendaires. Ce n’est pas étonnant quand on connaît le pedigree du studio, qui mise tout sur l’expérience.

Pirate May Cry

Pirate Yakuza in Hawai

J'avais finalement surtout peur que la place donnée à Hawaï, fouillée de fond en comble il y a un an seulement de cela, entraîne une trop grosse redondance. Je suis agréablement surprise après des dizaines d’heures : je ne me suis pas ennuyée une seule fois, ni eu l’impression de tourner en rond. On passe tellement du temps à papillonner partout, à faire des petites pauses ici et là pour faire du kart, écouter des conversations optionnelles, récupérer des trésors cachés ou aller chasser des primes qu’on ne voit finalement pas le temps passer et qu’on doit souvent se rappeler soi-même à l’ordre pour poursuivre la quête principale. Sur la terre ferme, difficile de bouder son plaisir. On aime se balader, aller taper quelques malotrus qui agressent une femme pour l’ajouter à notre carnet d’amis, aller sauver des animaux pour les inviter à notre refuge et bien plus encore.

Dommage que les excursions en mer ne soient pas aussi trépignantes… pour le moment. Parce que bon, on parle de notre gros paquebot, mais Majima Goro fait surtout parler des poings comme il ne l’a jamais fait avant. Like a Dragon Pirate Yakuza in Hawaï renoue avec le côté beat’em all de la saga en y apportant encore plus de dynamisme grâce à des combos plus aériens et la possibilité de changer de style de combat. En une touche, le yakuza se transforme en pirate aux lames affûtées, capable de fondre sur ses ennemis à l’aide de son crochet et d’invoquer des créatures loufoques à la Final Fantasy. Les finish moves sont toujours un régal, on se marre en découvrant certaines attaques et animations, bref du Yakuza comme l’aime.

20h au compteur c’est encore trop peu pour rendre un jugement définitif sur Like a Dragon Pirate Yakuza in Hawai, mais une chose est sûre, il ne subira pas le supplice de la planche. Sur terre, on est en terrain connu avec des activités annexes indénombrables qui ont de quoi faire tourner la tête, et un système de combat beat’em all toujours aussi rodé. Sur mer, la copie est peut-être moins séduisante, faute de contenus annexes d’intérêt. Le système de combat naval d’Assassin’s Creed Black Flag en une version plus arcade fait cependant des merveilles contre les cibles les plus retorses, qui ont surtout l’air d’être confinées dans le Colisée. Le jeu remplit cependant parfaitement son contrat avec son ambiance complètement délurée, sa mise en scène loufoque digne d’un anime. Les fans de Yakuza seront clairement en terrain conquis, les autres ont trouvé l'embarcation parfaite pour leur premier voyage.