Kingdom Come : Deliverance avait brillamment réussi sa campagne Kickstarter, à hauteur de 2,7 millions de dollars. Il nous à été présenté en version Bêta à Paris par le studio tchèque en charge du projet, Warhorse. Dans ce RPG médiéval, nulle question de magie et autres engeances fantastiques. Seul le réalisme et la reconstitution compte. Du système de combat à la cohérence des quêtes, tout se veut le plus proche possible de notre monde, sans jamais brider notre plaisir.
Pour cette preview, nous nous sommes rendus dans le 7ème arrondissement parisien. Accueillis par deux membres du studio dont le Technical Designer, nous avons pu admirer la Bêta (fermée) du jeu. Et le moins que l'on puisse dire c'est que ce fut bluffant du début à la fin. Kingdom Come Deliverance se situe dans la Bohême du XVème siècle (en l'an 1403 pour être précis), c'est-à-dire le pays natal du studio, la République Tchèque (en Europe Centrale pour ceux qui n'aiment pas la géographie). Le joueur joue le rôle d'Henry, un homme issu d'une famille de forgerons qui a été massacrée par l'armée impériale (non pas celle de Star Wars) germanique.
Le développeur nous a laissé admirer une magnifique introduction, s'inspirant de l'art médiéval tout en reprenant le principe d'une bande dessinée. Les esquisses étaient vraiment de toute beauté. Le studio veut nous proposer une véritable expérience temporelle et désire nous faire vivre le Moyen Âge comme jamais auparavant dans un jeu vidéo. Chaque lieu a été modélisé à partir de vrais bâtiments d'époque et on s'en rend vite compte tant les détails historiques sont nombreux et fourmillent autours de nous. C'est donc à la fois aussi bien un jeu vidéo qu'un documentaire.
Oyez, Oyez, gentes dames et beaux damoiseaux
Kingdom Come Deliverance est un RPG en jeu en vue subjective qui se veut exclusivement solo (pour l'instant), les développeurs ont donc pu mettre le paquet sur la narration. Nous devions lors de cette présentation retrouver un bandit ayant massacré des habitants d'un village avoisinants. Et pour ce faire, il a fallu enquêter dans le village, l'occasion de voir et de bien comprendre le système de roue de dialogues. Il est possible d'avoir plusieurs approches (charme, menace,etc) , et chacune a un impact sur le PNJ et sur le monde. Mais pour menacer quelqu'un, par exemple, il va falloir s'en donner les moyens.Et les moyens passent par l'accoutrement, car malgré le dicton, ici, l'habit fait clairement le moine. Si vous tentez de menacer un chevalier alors que vous êtes vêtu de défroques de paysans, vous allez vous prendre une rouste dont vous vous rappellerez longtemps. Inversement si vous avez une épée (symbole de richesse et de puissance au Moyen Âge) et que vous menacez un homme du peuple, celui-ci vous dira tout ce qu'il sait sans broncher.
La vie autour de vous se veut crédible et cela passe par une multitude d'éléments. C'est un peu le rêve secret de Bethesda pour ses Elder Scrolls qui se réalise là. Il existe par exemple un système de rumeurs : si vous commettez un crime dans une bourgade, les villages alentours vont petit à petit en parler et cela pourrait bien changer le déroulement de vos quêtes. La sécurité risque d'augmenter, l'économie s'écrouler dans la région, etc. Idem pour le cycle jour/nuit et la météo, un soir de pluie, ne vous attendez pas à croiser grand monde dans les villes, il faut s'adapter à la météo et il est parfois raisonnable d'attendre que celle-ci change pour pouvoir s'engager dans dans une quête.
Tournant sous le moteur CryEngine, le jeu apparaît sublime. Quand vous êtes dans un village, tout autour de vous, du son des cloches aux mouvements d'un vendeur sur le marché, vous immergera dans une atmosphère médiévale sans pareil. Une petite balade dans un bois aux abords d'un chemin vous convaincra que tout a été minutieusement réalisé pour vous donner l'impression d'y être vraiment. Le petit ruisseau qui s'écoule doucement, le chant des oiseaux, l'herbe qui se plie sous votre pas. La nature comme la vie humaine est magistralement rendue. La zone de jeu mesure 9km² (contre 39km² pour Skyrim par exemple) mais l'impression de vie vous fera vite oublier ce défaut. Moins de quantité mais plus de qualité, telle est la devise de Warhorse Studio. Mais ne nous leurrons pas, l'impact sur les performances se ressent et il est bien difficile de ne pas avoir de baisse de framerate même avec une folle configuration. On se consolera en se disant qu'il s'agit d'une Bêta. On attend quand même de voir ce que ça donnera sur PlayStation 4 et Xbox One.
Que trépasse si je faiblis
Kingdom Come ne vous demandera pas uniquement d'enquêter, de parler et de faire preuve de tact. Non, il vous demandera aussi de croiser le fer. Le système de combat pourrait être décrit comme un habile mélange entre Mount & Blade, War of The Roses et Chivalry : Medieval Warfare. Cela se veut viscéral et violent, et il faut le dire, être à la première personne aide vraiment à l'immersion et au plaisir du duel ou de la mêlée. Ici, pas question de coups rapides et tranchants comme avec un katana, nous somme au Moyen Âge. Une épée médiévale est faite non pas pour trancher, mais pour broyer, planter et arracher. En conséquence, le studio a étudié de très près le combat de cette époque, et chaque arme a son style et son impact sur la chair, les os et le métal. Avec un marteau vous pourrez broyer et blesser,et donc traverser la maille plus facilement qu'avec une hache par exemple. Mais la hache peut souvent s'avérer être plus légère et donc plus utile pour viser un point précis du corps ou pour désarmer une main tenant un bouclier. Vous devrez aussi savoir quel adversaire ne pas attaquer selon votre équipement. Car une simple blessure à la jambe ou au bras devient un véritable handicap et sera un signe précurseur de votre mort en plein combat. Parfois la baston avec des adversaires multiples souffre un peu du syndrome Assassin Creed (temps de latence entre chaque ennemi) mais bon, une fois encore, il s'agit d'une Bêta.
À noter que les affrontements n'incluent pas que de basiques duels ou escarmouches, mais aussi des batailles qu'il faudra préparer bien en amont pour avoir une chance de réussite. Il sera ainsi possible d'empoissonner la nourriture du camp ennemi pendant la nuit, mettre le feu au campement, etc. L'occasion de se rendre compte qu'il est possible de s'habiller avec les vêtements et armures d'un mort pour pouvoir leurrer ses compagnons d'armes. Vous pouvez évidemment looter et équiper tout ce que les PNJ portent sur eux pour pouvoir vous la jouer James Bond.
ON l'ATTEND...PASSIONNÉMENT
Kingdom Come Déliverance est une expérience viscérale,brutale et réaliste qui révolutionne le monde ouvert par bien des aspects. Se voulant plus qualitatif que quantitatif, il se présente comme un RPG offrant un gameplay complet aussi bien dans ses combats que dans ses quêtes et sa narration. Actuellement en Bêta fermée et prévu pour l'été 2016, il s'agit clairement d'un jeu qui va encore faire beaucoup parler de lui.