Pour rappel, nous avions déjà eu l’opportunité de jouer à Kingdom Come Deliverance 2 cet été, à l’occasion d’une preview organisée d’une main de maître par Warhorse Studios. Celle-ci nous avait permis de découvrir le prologue du jeu, ainsi qu’une quête secondaire bien plus loin dans l’histoire principale. Ce premier contact nous avait globalement convaincus, mais nous déplorions le fait de ne pas avoir eu le temps de nous familiariser avec les commandes, le monde ouvert bucolique et moyenâgeux du titre, et de développer plus avant Henry à notre convenance. Maintenant que nous avons une idée plus arrêtée sur ces éléments, nous avons une meilleure vue d’ensemble du tableau que veut nous peindre le studio tchèque, et son nouveau jeu pourrait bien marquer l’histoire au vu de la folle aventure dans laquelle il nous a emporté jusqu’à présent. 

Remise en selle crottée dans Kingdom Come Deliverance 2

Début du jeu oblige, il a forcément fallu repasser par le prologue de Kingdom Come Deliverance 2 pour lancer ma propre aventure en compagnie d’Henry. Comme nous avons largement couvert celui-ci dans la précédente preview, je ne vais pas m’y étendre plus avant et vous renvoie vers cette dernière pour une petite piqûre de rappel. Je vais plutôt reprendre là où notre précédente session nous avait laissée : en sous-vêtements, et totalement perdu dans une région inconnue de la Bohême du 15ème siècle. Notre quête ici est de faire parvenir un message au seigneur local pour entamer des négociations avec le suzerain de notre propre contrée. Il est cependant impensable de se rendre au château presque nu comme un ver et désargenté. Il me fallait donc avant tout trouver de quoi me vêtir, m’armer et accessoirement ma dignité. Et quand on ne connaît personne, la meilleure manière de se créer des repères et des contacts est d’interagir avec les gens autour de nous. 

Kingdom Come Deliverance 2 Début
Notre cher Henry commence son aventure dans de biens vilains draps... © Geralt de Reeves pour Gameblog

Après nous avoir plutôt convaincu par sa mise en scène dans le prologue, Kingdom Come Deliverance 2 offre donc ici un fort satisfaisant sentiment d’immersion au sein de son monde moyenâgeux diablement crédible. Chaque PNJ dispose de sa propre routine, de ses propres connaissances, et c’est à nous de nous accoutumer à leurs mœurs pour qu’ils acceptent de nous aider. En interrogeant le bailli local ou l’aubergiste, j’ai ainsi découvert quelques lieux notables de la région. En déambulant, j’ai trouvé des boutiques ou rencontré des personnes disposées à me prendre en pitié et m’habiller de quelques modestes guenilles. Mais ma mission se trouve ailleurs, et il me faut alors battre la route de mes écrase-boue pour avancer dans l’histoire principale. 

Kingdom Come Deliverance 2 Bandits
Même le jeu me fait comprendre que je ne fais pas le poids contre ces premiers bandits... © Geralt de Reeves pour Gameblog

Mais là, un problème de taille me fait face. En plus d’être sous-équipé, Henry se remet à peine d’une blessure qui l’a sévèrement diminué dans ses compétences. Et la campagne est gangrénée de bandits prêts à détrousser les plus imprudents. Sauf que, autant que mon personnage, je suis quelque peu rouillé dans les rudiments du combat. Dès ma première incartade, je me fais ainsi rosser comme un malpropre, et ce plusieurs fois. Comme le premier opus, Kingdom Come Deliverance 2 ne fait donc pas de cadeau au début, et il faut absolument entraîner Henry et l’équiper pour espérer survivre dans ce monde impitoyable. Les premières heures risquent donc d’être un sacré purgatoire, et j’ai (trop ?) souvent dû passer par la case « Charger une sauvegarde précédente », tant les échecs sont fréquents. Il serait toutefois vraiment dommage de s’arrêter à ce proverbial mur d’exigence et une apparente lourdeur dans le gameplay, tant le titre a de très belles choses à offrir à la fois dans sa narration ou dans la formidable et unique aventure qu’il peut nous faire vivre. 

Être un malandrin ne paie pas… mais un peu quand même

Au lieu d’affronter mes problèmes à bras le corps comme un preux chevalier, j’ai ainsi plutôt opté pour la roublardise afin de grimper l’échelle sociale de cette région où Henry est un illustre inconnu. Grâce à mes choix dans le prologue, il disposait d’un certain talent pour l’agilité et la furtivité. J’ai donc exploité ces forces pour progresser. En explorant le vaste et très chatoyant monde ouvert que Kingdom Come Deliverance 2 nous propose, je suis notamment tombé sur un vagabond dormant sous un pont. Celui-ci vendait des marchandises obtenues de manière plus ou moins légale. Je l’ai donc détroussé dans son sommeil, et découvert avec surprise à quel point le manant était riche. En vendant toutes ses possessions (sauf ses vêtements, il y a une limite à la mesquinerie, tout de même) à un commerçant, j’ai ainsi pu m’équiper plus décemment, et rendre la monnaie de leur pièce aux mécréants qui m’avaient humiliés plus tôt. 

Kingdom Come Deliverance 2 Fiche Henry
Le crime ne paie pas, mais ça aide carrément à s'acheter de beaux habits. © Geralt de Reeves pour Gameblog

Plus tard, je tombe sur un camp de gitans, dont un marchand de chevaux me proposant de racheter les montures volées à un bon prix. Cela tombe bien, le vagabond sous le pont vivait près d’une auberge comptant deux beaux destriers. En attendant le couvert de la nuit que les gardes aillent dormir, j’en ai ainsi profité pour les subtiliser, et accumulé en conséquence un bien beau pécule pour encore mieux attifer Henry, et même faire l’acquisition (illégale, cela va de soi) d’une monture sans avoir à totalement me ruiner. Malheureusement, un garde s’était réveillé pendant ma seconde tentative, et m’a alpagué plus tard alors que j’avais pris une chambre à l’auberge, demandant une amende bien trop élevée pour ma bourse pourtant plutôt bien remplie. Nul autre choix donc pour moi que de retourner au pilori dans lequel la mésaventure d’Henry avait débuté. Vous l’aurez compris, Kingdom Come Deliverance 2 offre ainsi une énorme liberté dans l’exploration de son monde, tout en restant agréablement réaliste, le tout avec pour l’instant très peu de bugs et problèmes d’optimisation, contrairement à son aîné.

Kingdom Come Deliverance 2 Décor
D'abord un cheval volé, ensuite le château que l'on aperçoit au loin ? © Geralt de Reeves pour Gameblog

Cela se retrouve également dans les vêtements que l’on arbore, et l’image qu’on renvoie aux autres. Se balader en étant couvert de sang ou dans une tenue que les pires malandrins portent risque de nous attirer de gros ennuis. En revanche, s’habiller comme un petit bourgeois nous donnera du prestige, et nos interlocuteurs seront plus prompts à se laisser convaincre durant une négociation. Tout ceci, je l’ai appris à la dure, en essuyant au début bien des échecs. Mais l’expérience devient ô combien satisfaisante une fois les mécaniques de Kingdom Come Deliverance 2 bien assimilées. Tel est le cas des combats, qui paraissent au début extrêmement poussifs et lourds, mais en réalité d’une grande technicité. Il est en effet crucial de bien gérer son endurance, le timing et la direction de ses coups, et d’étudier son adversaire pour l’emporter. La tâche est cependant plus ardue face à plusieurs opposants, même si ceux-ci sont globalement (et de manière certes pas très réaliste) assez passifs pour laisser la priorité à des duels. À force de progresser, Henry deviendra ainsi meilleur dans les domaines dans lesquels il s’entraîne, et ce sentiment d’évolution s’est jusqu’alors montré particulièrement grisant pour moi. 

Une écriture pleine de belles enluminures

De ce que j’en ai vu, Kingdom Come Deliverance 2 se présente donc déjà comme un très solide RPG médiéval en monde ouvert. Mais qu’en est-il de son histoire et de la qualité d’écriture de ses quêtes ? Là encore, mes premières impressions se montrent particulièrement bonnes. En arrivant dans chaque nouvelle bourgade et en interrogeant leurs habitants, le jeu nous offre diverses opportunités en termes d’activités, ainsi que de quêtes annexes plus poussées. Avant d’arriver à un élément clé de l’histoire principale que je ne vais pas divulgâcher pour vous laisser tout le plaisir de le découvrir, j’ai donc pu en terminer quelques-unes. Celles-ci semblent avoir un point commun : elles valent largement les quêtes principales en termes de longueur et au niveau de leur écriture. 

Souvent, elles semblent de prime abord assez simples : mener une enquête suite à une disparition, traquer des bandits ou aller régler un différend quelconque. En progressant, on se rend cependant compte que chaque situation est bien plus complexe qu'à première vue. Une fois encore, Kingdom Come Deliverance 2 nous offre une grande liberté dans la manière d’accomplir chaque quête : la négociation pacifique, la violence, la roublardise, et tant d’autres possibilités entre les trois approches. De même, nos choix mèneront à des issues uniques à chaque histoire. Enfin, terminer ces quêtes est non seulement satisfaisant par leur écriture toute en nuances, mais nous récompense souvent de fort belle manière avec de l’équipement ou de quoi faire évoluer plus encore Henry. Je vous recommande donc très chaudement de ne pas foncer en ligne droite, tant les quêtes annexes sont de passionnantes aventures en soi.

Kingdom Come Deliverance Histoire
L'histoire du jeu s'annonce trépidante dans toute sa gloire moyenâgeuse. © Geralt de Reeves pour Gameblog

Naturellement, le cœur de la narration se trouvera dans la quête principale, qui vous réservera plusieurs passages franchement mémorables, tant d’un point de vue dramatique que comique. Sur ce point, je n’ai cependant fait qu’effleurer la surface, après une quinzaine d’heures de jeu. Warhorse Studios promet en effet une durée de vie pouvant allègrement dépasser la cinquantaine d’heures, avec un script proprement colossal d’1,7 million de mots. De ce que j’en ai vu, il semblerait que le studio tchèque a, comme Baldur’s Gate 3, envisagé toutes les issues des nombreux choix moraux cornéliens que l’histoire mettra sur la route d’Henry pour accomplir sa mission. Je vais donc poursuivre l’aventure pour voir où celle-ci me mène, afin de rendre un verdict plus complet sur ce point dans le cadre de notre test final. 

Kingdom Come Deliverance 2 s’annonce comme un RPG médiéval historique

Malgré un début particulièrement ardu, voire parfois assez décourageant, Kingdom Come Deliverance 2 semble bien parti pour être une suite surclassant le premier opus à tous les niveaux. L’aventure dans ce monde ouvert médiéval criant de réalisme est proprement passionnante à vivre. L’immersion est totale, l’évolution d’Henry satisfaisante, et la qualité d’écriture des quêtes s’avère de très solide facture. Il me tarde donc de me remettre en selle et de voir jusqu’où le jeu va m’emmener, engoncé dans mon armure rutilante que je n’ai pas du tout volé sur le cadavre d’un noble ayant eu le malheur de croiser mon chemin. Comme dirait Henry : « Audentes fortuna iuvat », la fortune sourit aux audacieux. Et il semblerait que le studio tchèque applique à merveille ce bel adage pour un Kingdom Come Deliverance 2 qui pourrait bien marquer l’histoire du RPG. Verdict à sa sortie le 4 février sur PC, PS5 et Xbox Series, ainsi que dans notre test final, et que Dieu nous en soit témoin !