A l'ombre des jeux AAA, les jeux de Suda 51 se glissent entre le joueur et son t-shirt pour lui coller à la peau. Killer is Dead s'inscrit clairement dans cet héritage.
Killer is Dead est noir. Une couche épaisse de noirceur, un mélange de gerbes de sang, de décors quasi-calcinés et de clair-obscur ultra-travaillé. A côté, la ville et les habitants de No More Heroes, c'est Animal Crossing. Débouchons le saké, Suda 51 a encore franchi un nouveau cap dans la représentation de la violence.
Brut de décoffrage
Les critiques diront sûrement, et ils auront raison, que des jeux comme Metal Gear Rising Revengeance ou encore Bayonetta sont plus techniques, plus "propres" pour utiliser les mots qui fâchent. Je leur donne doublement raison. Les différents cyber-yakuzas ont l'air d'avoir une I.A. proche de Double Dragon 8 bits. L'action est forcément moins calibrée, moins frénétique que dans Metal Gear Rising Revegeance, alias le cousin qui s'est embourgeoisé.
Ce n'est plus trop grave à ce niveau là : comme d'habitude dans les jeux de Suda 51, chaque personnage pousse à chaque fois un peu plus la caricature au point de devenir un méta-commentaire. Plus qu'un plaisir mécanique, on vit l'aventure pour découvrir ce qu'elle nous réserve.
Du Suda 51...
On peut bien entendu trouver que la problématique soulevée par Lollipop Chainsaw en vaut la peine. Que le très sous-estimé Shadows of the Damned n'est qu'un actionner pop-corn sous testostérones. Et donc que ce nouveau titre reste dans le même registre. Car Killer is Dead pourra se jouer de la même manière : dans la peau de Mondo, un hitman au nom ridicule, qui découpe des yakuza-ninjas avec son sabre pendant que son bras tire des obus shuriken. Mais on peut aussi trouver ça cool. Comme dans tous les jeux de Suda 51, il faudra s'immerger complètement pour y trouver les instants badass que l'on est en droit d'attendre et que le jeu vidéo d'aujourd'hui n'ose plus nous donner de peur de paraître "immature" ; le nouvel épouvantail à fun.
... pur jus
Et encore, je ne vous lance pas sur toute la dimension sexuelle des filles, sur le caractère maboule des méchants de Killer is Dead, tout droit sortis du "générateur à Bad Guys" de Suda 51. Il y a toujours un truc dans ses jeux qui me touche assez profondément, et pas seulement dans ses commentaires pop-culturels souvent plus pertinents que ceux de Kojima. No More Heroes 1 & 2 que je me suis refaits récemment, proposaient de vivre une véritable épopée d'épanouissement d'un otaku qui passe du stade masturbatoire à l'amour, quand les femmes, pur objet de désir, se transforment tout d'un coup en guerrières et même en petites amies, ronronnant chaleureusement sur le lit d'une chambre tellement geek qu'on la croirait réelle.
Idem pour Lollipop Chainsaw, mélange baroque de japanimerie, de high school et de zombies. Dans Shadow of the Damned, le héros viril jusqu'à plus soif se fait courser par sa petite amie en nuisette qu'il était venu chercher. On est dans le jeu d'exploitation "Grindhouse" qui tâche mais qui n'en est pas moins légitime qu'une Lara Croft rebootée pour la rendre soi-disant plus réaliste. Dans Killer is Dead, il y a un niveau tout entier, parodique d'Alice au Pays des Merveilles sous psychotropes. Et puis on peut aussi très bien se foutre de ces codes et de ces références et découper ses adversaires dans des geysers de sang, un degré qui me suffit déjà amplement. Killer is Dead est prévu pour le 30 août sur PS3 et 360, et moi, en tout cas, je serai là ; can't wait, comme on dit.