Il y a quelques mois, nous avions eu l'occasion de nous entretenir avec Dino Dini à l'occasion de l'annonce de Kick Off Revival. Lors du récent Digital Gaming Showcase londonien où PlayStation présentait une gamme de jeux téléchargeables en 2016, nous avons pu nous essayer à une version pré-alpha de ce jeu de foot qui, c'est clair, veut renouer avec des sensations ancestrales.
1. Kick Off, c'est quoi ?
Kick Off est une série de simulateur de ballon rond éditée par Anco, qui a fait le bonheur des joueurs sur Amiga et Atari ST à partir de 1989. Conçu par Dino Dini, elle proposait plusieurs particularités surprenantes à l'époque, qui ont été reprises par d'autres licences comme Sensible Soccer. D'abord, une vue aérienne qui détonnait fortement avec les habituelles vues latérales de l'époque. Mais le plus important venait de son gameplay : la balle ne collait pas aux pieds. Il fallait un certain temps avant d'avoir l'impression de comprendre la conduite de balle et avant de ne serait-ce que réussir une passe ou un tir. Terriblement difficile mais gratifiant dès lors que l'on prenait le temps pour s'entraîner, de manière presque sportive. Le principe va en tout cas séduire à grande échelle.
2. Kick Off Revival reprend-il tous les ingrédients d'origine ?
Absolument. On pourrait même dire, en faisant un raccourci, qu'il s'agit d'une version HD jouable au stick analogique. La caméra est placée au-dessus du rectangle et suit l'action de la même façon. La balle est "libérée, délivrée" comme dans aucun jeu de football moderne et, comme à l'époque, un seul bouton est sollicité pour toutes les actions : passe, tir, tacle... Un concept qui lui donne une allure simpliste mais ne le rend pas moins redoutable à maîtriser. D'autres idées sont venues se greffer, comme la jauge indiquant le degré d'accélération (qui a un véritable impact sur le comportement du cuir si vous déviez ne serait-ce qu'un tantinet) ou comme le dribble en tout petit périmètre et à vitesse ralentie, en restant verrouillé vers une direction, si on maintient la pression.
3. Et manette en mains, ça donne quoi ?
"Déroutant" est le mot qui vient immédiatement à l'esprit. Si l'on se lance directement dans une partie sans passer par la case entraînement face à quelqu'un qui a eu un peu de temps pour se faire la main (en l'occurrence... le créateur du jeu), les premiers instants sont douloureux. Deux novices, c'est brouillon. La balle va n'importe où. Réussir une passe ou un shoot cadré relève presque du miracle. Et les tacles glissés, un brin exagérés, fusent. Un vrai ballet de n'importe quoi, qui peut prêter à rire. Mais on le sent, après quelques matchs, sans se précipiter, on peut progresser et commencer à construire, trouver les équipiers quand bien même le radar mériterait un replacement central vers le bas de l'écran plutôt que l'historique coin haut gauche. L'arbitre étant absent et les formations ne semblant pas encore dans leur forme finale, on se contentera d'ajouter qu'il vaudra mieux se plonger dans une version plus avancée pour être sûr que ce titre qui ne manque pas de subtilité va dans la bonne direction. Et qu'il peut, sur la longueur, performer comme un Rocket League, aux sensation mine de rien assez similaires.
4. Du coup, comparé à FIFA et PES ?
Cela n'a strictement rien à voir. Les screens qui illustrent cet article doivent suffire à vous en convaincre. L'essence de Kick Off ne réside pas ses graphismes, son habillage, ni dans une reproduction de la réalité, de ce que vous accomplissez le dimanche matin ou contemplez les soirs de Ligue des Champions. Vous ne trouverez pas de stars comme Messi ou Neymar, n'accomplirez pas de tricks humiliants et ne ferez pas trembler les filets au premier contact. Le but n'est pas le show, quoique parvenir à marquer et contrôler les frappes enroulées peut faire exulter de manière excessive, mais le challenge à chaque instant. Avant même de tester une I.A. ou un adversaire, c'est notre capacité à contrôler les joueurs, aux réactions plutôt nerveuses, ainsi qu'une sphère qu'on jurerait fuyante, que l'on met à l'épreuve. Une alternative intéressante. Qui va demander un autre genre d'investissement et pourrait déboucher sur un autre genre de spectacle.
5. A qui va s'adresser Kick Off : Revival ?
C'est là toute la question. Car au-delà des nostalgiques qui continuent à prendre leur pied avec Kick Off 2 - s'organisant même des championnats mondiaux chaque année - et des curieux qui ont saigné des pouces au début des années 90, il risque d'y avoir quelques soucis de compréhension. Le parti-pris de ce Revival, dans un monde où les développeurs font tout pour annihiler le moindre sentiment de frustration, aura des chances de rebuter. L'absence de clinquant et de réalisme, le gameplay à l'ancienne, le ballon foufou, cela a son charme... Il n'empêche qu'à l'heure où l'assistanat est une norme, cela peut s'avérer autant d'armes que de problèmes pour séduire des mordus de ballon au calme dans le confort de leurs souliers à crampons chez Konami ou EA Sports.
ON L'ATTEND... UN PEU
Kick Off Revival est à n'en point douter une curiosité. Une autre façon de voir le football que certains ne pourront considérer sans une jolie pointe de nostalgie. Et il est difficile de présumer de quoi que ce soit à partir d'une pré-Alpha. Ce dont on peut être sûr, c'est que l'esprit de la série y est et que les fondations sont identiques à celles qui ont fait entrer Kick Off, Kick Off 2 et Player Manager dans l'Histoire du Jeu Vidéo. La promesse d'une vraie belle et grosse courbe de difficulté et d'une différence marquée sera-t-elle suffisante pour enthousiasmer les foules et susciter le besoin d'enchainer les parties, notamment en ligne ? On a envie d'y croire. La vérité viendra du terrain, lorsque le jeu sera disponible, pour cette année 2016 sur PS4 et PS Vita.