Nous avons eu l'occasion d'approcher pendant plusieurs heures le jeu de stratégie Iron Harvest qui se présente comme une uchronie de la Première Guerre Mondiale, développée par le studio polonais King Art Games, à qui l'on doit le Black Mirror de 2017, ou encore The Dwarves en 2016. Qu'on soit clair tout de suite, tout n'est pas tout rose malgré de très bonnes idées et intentions.
Iron Harvest est une uchronie c'est-à-dire que le jeu se déroule dans une réalité alternative durant laquelle la Première Guerre Mondiale n'a pas eu la même conclusion. Dans cette Histoire, les découvertes technologiques ont permis la création de méchas qui soutiennent les hommes aussi bien dans les combats que dans l'industrie ou l'agriculture. L'univers s'inspire des oeuvres de l'artiste Jakub Różalski qui depuis plusieurs années déjà dépeint des paysages des années 20 dans lesquels se trouve des robots géants.
Company of Heroes et Dawn of War III comme modèle
Dans le jeu, trois factions s'opposent: la République de Polania, Rusviet et l'Empire Saxon. Derrière ces noms on devine aisément ce qu'il s'y cache. Nous avons eu l'opportunité de jouer 5 missions de la campagne scénarisée de la République de Polonia, un large pays pris en sandwich entre les russes à l'Est et les allemands à l'Ouest.
En termes de gameplay pur, on sent une grosse inspiration venue tout droit de Company of Heroes et Dawn of War même si le budget n'est évidemment pas le même. D'un point de vue artistique, il n'y a rien à redire : le travail accompli est plutôt irréprochable aussi bien au sein des différentes unités que pour les environnements. On sent vraiment que le jeu souhaite visuellement se démarquer de la concurrence. Hélas, cela ne resent pas forcément d'un point de vue technique, et l'on a face à nous un jeu qui accuse un sérieux retard à ce niveau. On sent l'envie de bien faire mais aussi que le moteur souffre compose avec des limites bien difficiles de dépasser. À titre de comparaison, Dawn of War III, qui a déjà trois ans (et dont l'influence est perceptible dans Iron Harvest) se révèle beaucoup plus joli.
Entre pathfinding désastreux et temps de réponse douteux
Mais vous le savez, les graphismes ça ne fait pas tout, encore moins si la partie gameplay est habilement gérée. Le problème, c'est que là aussi on voit surtout les défauts. L'élément majeur qu'il faut toujours avoir à l'oeil dans un jeu de stratégie c'est le pathfinding des unités. Et ici encore, Iron Harvest fait un peu rouillé.
Nos troupes empruntent souvent des chemins illogiques et tortueux, et pire, elles ne profitent pas du système de couverture pourtant très intelligent. Dès le tutoriel, on comprend que si l'on ne veut pas subir trop de pertes importantes dans nos rangs, il est nécessaire de mettre à couvert nos unités. Force est de constater que pour y arriver c'est un véritable chemin de croix. La disposition aléatoire des points de couverture est sans logique et l'I.A. fait globalement n'importe quoi avec le système. D'autant que les unités accusent un certain retard d'action. C'est-à-dire qu'une fois un ordre donné, une unité met un certain temps avant d'agir et ce temps de réponse est globalement beaucoup trop long.
Une très belle réussite artistique et de très bonnes idées
Heureusement, le jeu est prévu pour septembre prochain. D'ici là ces éléments perturbateurs pourront être résolus (du moins on l'espère). Et c'est dommage car Iron Harvest possède une véritable personnalité. On notera aussi un sound design assez exemplaire ainsi qu'une gestion de la musique de très bonne facture. Surtout que la plupart des unités que l'on croise en jeu ont une "gueule" un peu à la manière d'un Dawn of War.
C'est en effet un réel plaisir de voir nos méchas naviguer au milieu de nos troupes et prendre part à des combats parfois très intenses. Surtout que certains d'entre eux peuvent tirer tout en se déplaçant (ou en effectuant une retraite) ce qui apporte un certain cachet à l'ensemble.
Outre les objectifs de missions, globalement on reprend ce qui fait le succès d'un Company of Heroes : la carte dispose de points de ressources à capturer. Plus on en accumule et plus il est possible de construire des bâtiments et ainsi recruter des unités, et plus il est simple de garder et protéger nos positions. Comme dans CoH d'ailleurs, il est possible de construire divers abris comme des bunkers, des sacs de sable ou des murs de barbelés pour bloquer l'accès à certaines zones ou pour créer des goulots d'étranglement. Bref, Iron Harvest reprend un classique et tente de l'adapter à son univers uchronique, on ne peut donc que saluer la tentative même s'il reste encore un beau bout de chemin à parcourir.
ON L'ATTEND... AVEC QUELQUES CRAINTES
Iron Harvest est loin d'être mauvais et l'expérience de jeu ne fut pas spécialement désagréable. Mais il apparaît clair qu'il reste encore un gros travail pour tenter d'approcher ce qui se fait actuellement de mieux dans le genre, comme Company of Heroes ou Dawn of War. L'univers est bien travaillé, aussi bien d'un point de vue artistique qu'audio et on peut sentir à travers l'écran la motivation du studio à nous offrir une expérience uchronique qui sort de l'ordinaire. Mais pour l'instant le jeu souffre de problèmes qu'il est bien difficile d'oublier comme ce pathfinding assez calamiteux, ce temps de réponse incompréhensible et le côté un poil brouillon du système de couverture. Toutefois on a encore de l'espoir pour cet Iron Harvest ! Courage.