Deux ans après sa révélation très mystérieuse, Hell is Us s'est laissé approcher durant une longue session de gameplay. Découvrez nos premières impressions sur un jeu intriguant mais prometteur.
Annoncé il y a deux ans par le biais d’un court trailer, Hell is Us avait su intriguer, mais surtout interroger les joueurs. Son univers sombre brièvement dépeint, sur fond de guerre civile, côtoyait alors une part de fantastique avec l’introduction de mystérieuses créatures blanchâtres et sans visage. Ces quelques secondes avaient suffi à apprécier une direction artistique que l’on sentait particulièrement travaillée, mais aussi inspirée de références diverses, à l’image du héros au design rappelant Death Stranding, tenant dans ses mains une épée gigantesque digne d’un Final Fantasy. Court trailer, mais suffisant pour en vouloir plus.
Il aura fallu attendre deux années pour enfin en savoir davantage sur ce projet signé Rogue Factor et Nacon. C’est en effet à l’occasion du dernier State of Play que le presque oublié Hell is Us a refait surface, surprenant tout le monde et devenant même l’une des vedettes de la conférence de Sony avec une présentation approfondie mettant en avant son gameplay, tout en nous immergeant dans son ambiance que l’on commence tout doucement à discerner. S’il n’est annoncé que pour une sortie en 2025, nous avons eu la chance d’être conviés pour essayer Hell is Us, une occasion parfaite pour confirmer, de nos yeux, tout ce potentiel pressenti, tout en apportant quelques éléments de réponse quant au scénario que l’on espère autant travaillé que vendu dans les extraits présentés.
Un jeu sombre et mystérieux
C’est lors de la Gamescom 2024 que nous avons eu l'opportunité de prendre en main le jeu sur une build PC en cours de développement. A ce moment-là, nous ne savions alors quasiment rien de Hell is Us. C’est donc dans une inconnue quasi totale que nous avons sauté, heureusement accompagnés par quelques explications du contexte par les développeurs. Dans Hell is Us, nous incarnons un soldat plongé dans l’horreur d’une guerre civile. Héros au passé tourmenté et psychologiquement blessé, il tentera de fuir sa condition pour partir en quête de ses origines. Abandonné de force par ses parents dès son plus jeune âge, il aura alors pour seul objectif de retrouver ses proches et sortir de l’enfer des combats. La tâche ne sera pas aussi simple qu’il ne l’imagine…
C’est sur le sentier escarpé d’une forêt, bordé par une rivière, que nous avons débuté notre découverte du jeu. Notre équipement militaire abandonné sur le chemin, c’est en tant que déserteur que nous fuyions vers l’inconnu. Dans Hell is Us, vous serez livré à vous-même. Les développeurs ont insisté sur ce point, le jeu ne vous prendra pas par la main, mais vous poussera à observer, chercher, et analyser tout autour de vous pour savoir quoi faire. Cette volonté passe par une interface particulièrement épurée, dénuée de point d’intérêt à suivre ou d’autres aides venant rompre une immersion voulue la plus totale. Et nous allons nous perdre, malgré les indications données par le propriétaire d’une vieille ferme, caché dans sa cave pour se protéger de la violence extérieure. Nos recherches nous mèneront finalement vers une mystérieuse caverne, visiblement point d’intérêt d’une unité militaire inconnue, mais ayant subi de lourdes pertes. Des corps sans vie sont éparpillés autour d’un blindé tout terrain. L’un des soldats, entre la vie et la mort, nous demandera de l’aide avant de nous parler d’un mécanisme à actionner pour ouvrir l’accès à la grotte dans laquelle se sont réfugiés les derniers survivants de son escouade. L’occasion est trop belle, nous devons tenter de les retrouver pour pouvoir utiliser leur véhicule.
Des références multiples
C’est après une courte phase d’énigme à base de symboles à actionner que nous entrons dans les entrailles du sous terrain. Deux salles deux ambiances, nous passons quasi instantanément d’une forêt digne d’un Alan Wake aux catacombes d’un Souls. Rapidement, on comprend qu’une civilisation, à priori ancienne, est à l’origine de ces fondations de pierre particulièrement inhospitalières et froides. C’est au détour de quelques couloirs exigus et sombres que nous allons tomber sur une rencontre inattendue : la première créature aperçue dans les trailers. D’apparence humanoïde et à la fois fantomatique avec sa couleur blanche immaculée, un trou béant semble avoir avalé son visage et son abdomen. Une vision d’horreur qui fera suer plus d’un trypophobe. Très vite nous nous rendons à l’évidence, nous n’avons aucune chance de survie face à ce monstre insensible aux quelques balles de notre pistolet. Alors que notre mort est imminente et particulièrement atroce, un étrange sauveur aux allures de chevalier des temps modernes croisé samouraï et sorti de nulle part s’oppose à notre funeste destin. Armé d’une imposante épée semblant dotée de pouvoirs magiques, notre héros providentiel sacrifiera sa vie pour nous sauver. Qui est-il ? Pourquoi a-t-il risqué sa vie pour épargner la nôtre ? Pourquoi paraît-il équipé et entraîné pour faire face aux créatures hideuses rôdant dans ce monde étrange ? Nous ne le saurons pas, tout du moins pas pour le moment.
Cinématique et transition abrupte que l’on espère liée au statut de pré-alpha du jeu, notre personnage s’équipe alors de la tenue et de l’équipement du sauveur, et nous voilà super combattant doté d’aptitudes à l’épée hors normes ! Oui, comme ça, sans plus d’explications… C’est le moment choisi pour nous initier aux combats de Hell is Us. Sans réelle grande surprise, le jeu propose des affrontements au corps à corps calqués sur le modèle d’un Souls, décidément une référence évidente et à la mode. Attaques, contres, esquives, endurance et timing parfait constituent la recette idéale d’un gameplay qui a fait ses preuves. Une touche high tech vient s’ajouter à l’ensemble avec l’utilisation d’un drône servant notamment à distraire un ennemi ou même nous soulever de quelques mètres pour atteindre le cœur de l’action avec un peu de hauteur. Dans Hell is Us, les combats n'hésiteront pas à vous confronter à des groupes entiers d’ennemis. La difficulté sera présente, de ce que nous avons pu expérimenter, mais vous pourrez compter sur un arsenal varié pour maximiser vos chances de survie. Outre l’épée, à l’allonge importante, nous avons pu tâter de la double hache, rapide mais aux dégâts plus faibles, et apercevoir une hallebarde dévastatrice sur les groupements adverses au détriment d’une vitesse d’attaque réduite. Particularité supplémentaire des créatures immondes peuplant votre route, certaines d’entre elles sont liées par un lien ombilical à une sorte de noyau qu’il vous faudra impérativement détruire en premier. Vous avez dit Death Stranding ?
L’horreur de la guerre, mise en scène par une direction artistique de haute volée
Il est désormais temps de fuir ces galeries d’épouvante, après avoir trouvé les clés du blindé militaire. Nouvelle phase d’énigmes et de symboles, reposant cette fois-ci sur des indices à scanner à l’aide de notre tout nouveau drone, et nous voici à l’air libre. Hell is Us sera un semi monde ouvert, au sein duquel les déplacements entre les zones principales s'effectueront à l’aide du véhicule. La suite de notre périple se fera à notre village natal de Jova, point de recherche initial le plus logique pour notre quête d’identité. La guerre a fait des ravages, comme nous pourrons le constater en chemin en croisant de véritables charniers et autres tranchées dévastées. Ces visions répugnantes ne seront que le début de ce que nous nous apprêtons à découvrir à proximité du village.
Si, jusqu'à présent, le jeu nous aura fait succéder les phases de gameplay dans des zones relativement exiguës, dans des environnements très classiques, la surprise sera totale arrivé à ce point. Transition une nouvelle fois inattendue, le level design nous expose à la vision d’une impressionnante zone ouverte. Je ne vais pas vous mentir, je me suis à ce moment précis pris une petite gifle, en réalisant enfin quel était le véritable potentiel de ce jeu qui ne faisait que me balader sans émotion particulière depuis le début de ma session. Un immense champ meurtri par la guerre nous fait face. La terre, à vif et boueuse, laisse deviner un sentier battu par la pluie, menant à une passerelle de bois traversant un cours d’eau. Au loin, me séparant des ruines du village de Jova, se trouvent des atrocités mêlant actions humaines répugnantes comme cet immense arbre aux pendus, mais aussi d’innombrables monstres hideux, parfois même gigantesques. Deux guerres ont eu lieu ici, celle d’une humanité avide de pouvoir, succédée par ce qui ressemble à une invasion de monstruosités sorties d’on ne sait où. Que dire de la direction artistique, époustouflante, qui vient magnifier de sa réalisation le rendu de ce tableau macabre ? Une scène de guerre telle qu’on l’imagine, mêlant horreur et surnaturel, semblant échappée du monde à l’envers de Stranger Things.
Plusieurs points d'intérêt à explorer se devinent au loin. Après avoir tenté avec plus ou moins de succès d’affronter quelques groupes de monstres, je décide finalement d’utiliser le peu de temps de jeu qu’il me reste pour atteindre Jova en esquivant les problèmes sur mon chemin. J’atteins enfin le village devenu le bastion de soldats se protégeant tant bien que mal derrière des abris et barricades de fortune. Pour chacun d’eux, la survie continue et la lutte s’organise. En explorant les lieux, au hasard d’un grenier, je trouve un enfant terrorisé, caché sous une couverture. Celui-ci nous explique s’être dissimulé des soldats venus arrêter les habitants, les emmenant de force dans la forêt. Le lien se fait immédiatement avec le charnier que nous avons aperçu auparavant. Tous ont été exécutés. Qui sont véritablement ces militaires ? Que veulent-ils ? Mais surtout nos proches étaient-ils parmis les victimes de ce meurtre groupé ? Tant de questions qui seront sans réponses, notre session touchant à sa fin, au moment-même où le jeu est parvenu à nous happer dans son univers si particulier. La frustration de devoir lâcher la manette est présente, un signe qui ne trompe pas : Hell is Us s’annonce comme un jeu surprenant, mêlant des genres parfois inattendus, mais qui nous donne une furieuse envie d’en voir plus. Les questions du départ, liées à l’inconnu du titre, laissent désormais la place à tout un tas d’autres interrogations sur un scénario, un gameplay et un univers que l’on souhaite gratter davantage.
Nous attendons Hell is Us… avec énormément de curiosité !
D’un simple trailer énigmatique, Hell is Us aura réussi à nous immerger en une session de gameplay. Mêlant les genres avec des références évidentes comme Death Stranding, Alan Wake, la saga des Souls ou même le petit écran avec Stranger Things, la démo nous aura fait succéder des phases très classiques, voir très abruptes dans leur déroulé, jusqu'à nous mener à un final en apothéose que l’on n'attendait pas. Si, dans les faits, nous avons toujours autant de questions en tête qu’initialement, nous en savons désormais plus sur la direction d’un titre qui s’annonce torturé, énigmatique et sombre. La froideur et la cruauté de la guerre qu’il dépeint sont mises en exergue par une direction artistique remarquable, qui nous plongera au cœur des combats, contre des créatures dont on ignore encore tout, dans une quête d’identité à tout prix. Hell is Us a réussi son pari et nous donne envie d’en voir plus à son sujet. Espérons maintenant que son scénario sera à la hauteur de la promesse. Rogue Factor et Nacon ont attiré notre attention avec un jeu inattendu, clairement une des grosses surprises de cette Gamescom 2024. Ne nous décevez pas !