SimCity, je ne vous le cache pas, est le jeu qui m'excite personnellement le plus chez Electronic Arts. Comprenons-nous bien : je n'ai rien contre les fusillades, les explosions, la tôle froissée et le football, mais, voilà : des jeux comme SimCity, on n'en a pas des tétrachiées chaque année. Et maintenant que j'ai pu y jouer plus en profondeur, je serais tenté de confirmer même qu'un City Builder de cette qualité, on n'en a peut-être jamais eu.
Je sais bien que ça fait grande phrase à l'emporte-pièce de dire ça, surtout pour tous ceux qui ont englouti comme moi des heures sur les précédents épisodes ou d'autres titres similaires tels que Cities XL et compagnie, mais très honnêtement, il ne m'aura pas fallu plus d'une quarantaine de minutes de jeu et de papotage avec les développeurs pour me rendre compte qu'ils sont partis pour frapper très, très fort dans le domaine.
Trop Choupi
Le premier truc qui saute aux yeux, c'est tout de même ce soin artistique, ce côté à la fois organique et mignon de l'interface comme de la ville qu'on aura sous le nez pendant des heures. Les développeurs ont créé un moteur graphique splendide pour épouser cette direction artistique qui n'est pas sans rappeler celle des derniers volets des Sims. Les Sims, c'est bien entendu, d'ailleurs, le nom donné aux habitants de ces villes que vous allez construire et gérer. Ce qui m'amène au nouveau moteur de simulation, lui aussi d'une importance capitale dans l'impression immédiate de vie et de dynamisme que le jeu parvient à donner à celui qui l'essaie. Jugez plutôt : vous pourrez à tout moment cliquer sur le moindre habitant de votre ville, et savoir son nom, son âge, ce qu'il est en train de faire... De même pour les véhicules, bien entendu. Si l'essentiel de la gestion de la ville se fera donc toujours a priori à un niveau plutôt macro, il est tout à fait possible de se concentrer sur du micromanagement. Qu'il s'agisse des routes qu'on peut très facilement tracer avec des courbes dignes des routes de montagne corses, de la définition dynamique des zones commerciales, résidentielles et industrielles, de la personnalisation des bâtiments importants tels que centre de tri d'ordure ou caserne de pompiers, les détails ont leur importance et tout est fait dans l'interface pour que les joueurs soucieux d'aller aussi loin puissent le faire non seulement facilement, mais avec un degré de précision qui force le respect.
Tout est facile mais profond néanmoins : planter un château d'eau exactement au bon endroit pour desservir un quartier, avec en surimpression la carte des nappes phréatiques pour optimiser également son débit, s'assurer d'un coup d'oeil que les quartiers résidentiels sont protégés des incendies correctement en cliquant sur une caserne pour voir jusqu'où elle peut intervenir rapidement d'un code couleur virant du vert au rouge, ou encore s'attarder sur les bulles d'habitants individuels qui peuvent se plaindre ou vous donner des indications et même de petites quêtes personnelles à accomplir. Par exemple, un Sim pourra vous dire "mon Oncle n'arrive pas à s'installer en ville, il voudrait une maison près d'un parc ! Il n'y a pas assez de parcs !". Les réseaux d'eau, d'électricité, d'évacuation des déchets son liés au réseau de routes, avenues, autoroutes que vous construirez, et peu importe la circulation que vous surveillez, elle est affichée clairement et simplement dès qu'on s'attarde dessus.
Bref, on retrouve bien entendu l'essentiel du gameplay de SimCity, plus flexible et plus organique que jamais, mais ce n'est évidemment pas tout. A l'heure du social à gogo, de l'internet moderne, SimCity offre à présent une dimension supplémentaire et elle est tout aussi intéressante que le coeur du jeu lui-même.
Réseau d'amis, réseau de villes
Vous en avez eu un aperçu avec la conférence EA, SimCity World se propose ainsi d'introduire dans la série les bénéfices de mécaniques qu'on a déjà pu voir dans Need For Speed ou Battlefield. L'Autolog et le Battlelog trouvent ainsi leur équivalent avec le Citylog : un flux d'informations sur l'activité des amis de votre liste. Par exemple, "Machin s'est placé dans le top 10% du défit Population !" ou encore "Bidule a la ville la plus polluée cette semaine !". Il est possible par l'intermédiaire de flux d'obtenir ainsi des informations sur ses amis, mais aussi des éléments de gameplay supplémentaires, et d'entreprendre des défis entre amis ou de s'entraider par l'intermédiaire d'une économie globalisée. La valeur des différentes ressources, pétrole, aluminium, etc. fluctuent en effet au niveau mondial en fonction de la spécialisation des villes de tous les joueurs de SimCity. Qu'ils choisissent de faire de leur ville une superpuissance industrielle bourrée de puits de pétrole, ou un Las Vegas gonflé aux dollars pour le loisir des Sims, chaque spécialisation de ville, chaque joueur et chaque décision stratégique "locale" influera sur ce marché globalisé. Parfois, cela permettra aux chanceux possédant une ville alignée avec une économie favorable de maximiser leurs profits... parfois ce sera l'inverse. Fort heureusement, on peut tout à fait jouer plusieurs villes et les spécialiser différemment, puis s'organiser des échanges de ville à ville. Enfin, ceux qui le voudront pourront participer à des défis de communauté, souvent hebdomadaires ou mensuels, pour briller dans différent domaines et atteindre collectivement des buts de Population, de Réduction du Crime, d'Appréciation du Maire, de Faiblesse du Taux de Maladies, etc., et y gagner des récompenses.
Profond, mais accessible
Mais pour revenir au coeur du jeu, solo, seul face à notre ville, je n'en reviens pas du naturel et de l'efficacité de l'interface et de la manière dont ce SimCity immerge les joueurs dans son univers. En bas de l'écran, chaque type de construction a son icône : les zones (commerciales, industrielles ou résidentielles), la gestion de l'eau, celle des incendies, celle du crime, de l'éducation, du loisir, des ordures, bref, tout ce qui a son importance dans une ville depuis le transport et la circulation jusqu'à la qualité du réseau hospitalier. Aux côtés de cette base d'interface, la facilité avec laquelle on aménage les zones, dépose les bâtiments spéciaux, trace les routes, n'a d'égal que la flexibilité avec laquelle on peut néanmoins aménager sa ville comme on l'entend. Et partout, on peut avoir facilement des informations sur ce qui s'y passe, ce que pensent les Sims qui l'habitent, pourquoi tel ou tel quartier ne se développe pas assez vite ou assez bien (L'électricité ? La pollution ? Pas assez bien desservi par les routes ?).
Il aura bien fallu la pluie de météorites provoquée par les développeur pour clore notre session de jeu pour me faire lâcher la souris. Même en étant encore loin d'avoir vu tout ce qu'aura à offrir ce nouveau SimCity, j'ai été ébloui par le jeu que j'ai goûté, qui est à la fois charmant, futé, profond, moderne et passionnant. Si l'équilibrage de l'ensemble et la dimension désormais mondiale de ce nouvel épisode sont aussi soignés que son graphisme ou son interface, on tiendra probablement là le meilleur SimCity jamais paru. Pour le savoir, il faudra néanmoins se montrer encore un peu patients : il sort sur PC et Mac en février 2013.