Parfois, j'ai l'impression que nos amis japonais ont créé le fan service, ce mal qui se répand sur l'occident dans le sillage de leurs œuvres de sous-culture majeures (Final Fantasy, Evangelion puis Naruto, le Visual), dans le dessein d'asservir nos cerveaux déjà bien amochés par nos propres productions (des toutous politiciens qui passent à la télé). Aujourd'hui, ils se préparent à nous balancer Dissidia : Final Fantasy sur PSP, cette même console sauvée du naufrage par un autre jeu bien addictif (Julo, vient faire des quêtes avec moi, je suis nulle pour tuer des monstres...). Premier contact, premier diagnostic : ce jeu aggraverait fan attitude et collectionnite aigüe...
Cloud, Squall et Cecil incarnent à la perfection le héros de RPG émo et dépressif. Et pour cause, ils ont tous eu une vie qui craint et des petites amies encore plus craignos (gourde assassinée, future Boss de Fin, ou pot de colle qui tombe malade). On constate aujourd'hui chez ces personnages de graves désordres mentaux : psychose obsessionnelle (« C'est pas Zack, c'est moi ton ennemi !»), caractère anti-social (« Ma Gunblade est ma seule amie. ») ou encore schizophrénie grave (« Paladin ? Chevalier Noir ? Paladin ?»). Bref, il leur fallait bien une psychanalyse gratuite sur fond de destruction de l'équilibre du monde pour s'en sortir. Et c'est ce que leur offre la blonde Cosmos, déesse de l'équilibre (psychologique ?) en envoyant dix héros de l'univers Final Fantasy plus ou moins névrosés retrouver fissa leurs cristaux personnels.
Ordre ou Combo ?
C'est aux côtés du Chevalier de Lumière que commence cette quête identitaire. À défaut de régler sa crise émotionnelle, le non nommé héros du premier Final Fantasy appréhende l'univers dans lequel il évolue désormais et l'enjeu de sa nouvelle aventure : sauver le monde, mais beaucoup plus nerveusement que sur NES. Le grand blond en armure bleue nous fait découvrir un titre un peu fourre-tout qui tente de porter fièrement le lourd héritage de plus de dix ans de RPG, tout en construisant son propre système de jeu, fortement emprunté au genre du combat. Il affronte donc des ennemis engendrés par le Chaos, des avatars transparents et éthérés sans personnalité propre, copiés sur le reste du casting. Aux traditionnels menus d'ordre lors des rencontres au tour par tour succèdent ainsi des attaques en combo, au sol ou aériennes, dans de vastes espaces vides. L'action vive mais psychologique, dans laquelle les points de vie et la bravoure des adversaires sont mis à mal, permet à notre valeureux patient d'exprimer différentes facettes de sa personnalité.
Sweet Revenge
Car ils sont complexes, ces guerriers torturés ! Et les cinématiques de belle qualité qui émaillent leurs affrontements ont vocation de tribune pour leurs épanchements philosophiques. Chacun d'eux se retrouve confronté à sa Némésis, le personnage presque plus charismatique que lui qui lui a pourri la vie pendant les dizaines d'heures de jeu qui constituait sa première aventure. Et lorsque les ennemis de toujours se rencontrent à nouveau, le dialogue est parfois difficile, mais toujours terriblement long. Même Tidus, le souriant sportif californien, ou Djidane le malicieux voleur doivent faire face aux cadavres de leur placard. Heureusement, fan service oblige, rien n'est jamais perdu. Et après quelques claques bien senties, certains parviennent même à trouver un terrain d'entente forcément bavard et bourré de sous-entendus à destination des groupies : Golbez en grand frère affectueux mais distant permet à Cecil de prendre ses distances, Jecht exprime enfin sa fierté à son fils Tidus, et même Sephiroth semble apprécier d'une certaine façon la relation ambiguë qu'il entretient avec Cloud. Pour d'autre, les erreurs de look répétées auront eu raison d'une possible réconciliation, comme pour Kuja et son slip pastel, ou ce bouffon de Kefka (NDJulienC : Kefka, le méchant éternel !).
Une plume de douceur
Entre les joutes verbeuses et les combats nerveux, les personnages rejouent chacun les grandes lignes de leur relation avec leur antagoniste attitré, pour le plus grand bonheur des inconditionnels. Mais tout n'est pas que violence dans la relation complexe qui lie un fan à l'univers de FF. Il y a le Chocobo, le Moogle, et les Gils. Si ces deux premiers sont présents sous forme de bonus que nous vous laisseront découvrir lors d'un test plus exhaustif, ces dernières sont comme toujours primordiale dans un titre ayant trait à Final Fantasy. Outre la possibilité de se procurer les armes, armures et améliorations pléthoriques dans Dissidia, elles sont rejointes par plusieurs catégories de points qui débloquent à leurs tours d'autres bonus. Je n'exagère pas en parlant de centaine d'éléments à obtenir, entre les succès, les altérations d'apparence, les options pour les divers modes de jeu. Et là, le constat est clair, il va falloir plusieurs dizaines d'heures de jeu pour en venir à bout.
Des icônes du jeu vidéo en pleine crise identitaire, leurs Boss de Fin tout à fait disposés à les guider, des attaques spéciales qui fleurent bon les épisodes adorés de la série, des Gils, de l'XP, des Chocobo, des Moogles, et une masse de trucs à débloquer... Le constat est sans appel. Ce Dissidia : Final Fantasy risque de mettre en grand danger les fans de la série et les collectionneurs virtuels en manque... Vous êtes prévenus. Moi, je vais consoler Cloud en attendant la sortie française du jeu le 4 septembre 2009.