Il serait curieux de parler de prise de risque en parlant d'un retour aux sources, et pourtant c'est exactement le cas. C'est un pari risqué car une partie de la communauté est très attachée à l'époque moderne, voire futuriste et l'entrée tête la première dans la Seconde Guerre Mondiale peut paraître comme un choc brutal. Cela va faire en effet trois ans que ce nouveau Call of Duty est en développement chez Sledgehammer et les développeurs ont eu le temps de penser à toutes les possibilités, tout en peaufinant leur rejeton avec une attention toute particulière.

"Douce France, cher pays de mon enfance"

Pour remettre les choses au clair nous n'avons pas joué directement au jeu mais nous avons pu admirer du gameplay ainsi que divers contenus, ce qui nous a donné un bon aperçu des motivations des développeurs. C'était sans compter sur un tour de table sous forme d'interview géante dans laquelle nous avons pu réussi à glaner quelque informations que nous allons vous distiller ici. Mais revenons d'abord au point de départ : La Seconde Guerre Mondiale. Le jeu nous fera commencer l'aventure précisément le 6 juin 1944 en plein débarquement allié et nous entraînera à travers toute la France. Incluant donc la Campagne de Normandie, la Libération de Paris, la progression jusque dans l'est de l'hexagone jusqu'aux confins de la forêt de Hurtgen qui débuta en septembre 1944. On ne sait pas encore si la campagne solo ira plus loin par la suite, mais dans tout les cas la France est clairement et définitivement à l'honneur.

"Du sang, du labeur, des larmes et de la sueur"

Bonne nouvelle pour ceux qui ont peur de voir uniquement de braves marines américains sauver la veuve et l'orphelin, ils ne seront pas seuls. Si l'on incarne bel et bien un américain de la "1st Infantry Division", on croisera également sur notre route des anglais, des canadiens et des français, dont la FFI (Forces Française de l'Intérieur). De la bouche même des développeurs, le jeu se veut être une aventure historique en hommage des sacrifices humains de cette terrible guerre. C'est d'ailleurs avec beaucoup d'émotion que Glen Schofield, le fondateur de Sledgehammer Games nous a expliqué l'importance du traitement de tout ceci au delà du simple plaisir ludique. Son propre grand-père a participé au Débarquement lors du fameux "Jour J". Pour réussir ce pari, le studio explique avoir travaillé en collaboration avec de nombreux historiens et musées (dont ceux de Normandie) et qu'ils n'ont pas hésité à parcourir la France et la Belgique pour apporter cette dose de réalisme aux lieux traversés.

Belle mise en scène couplée à une technique propre

Le réalisme passe aussi par la technique et globalement de ce coté il n'y a pas grand chose à reprocher ) Call of Duty WWII. S'il s'agit d'une mise à jour du moteur actuel, il fait vraiment bien le travail et le détail des visages et de la peau est particulièrement impressionnant. Pour le reste, c'est certes moins grandiloquent qu'avec le moteur Frostbite3 mais c'est très fin et les effets de lumière sont flatteurs pour la rétine. Nous avons pu notamment admirer une séquence de gameplay en pleine forêt de Hürtgen et le moins que l'on puisse dire c'est que nous avons été éblouis par la prouesse technique. Brume du petit matin, végétation humide, explosion d'arbres après un bombardement. Bref c'est très propre. On peut aussi saluer la direction audio, le débarquement offrant son lot de bruits sourds, d'explosions et de cris... en fermant les yeux on pourrait presque s'y croire. Seul point négatif au tableau pour l'immersion, la traversée de la plage semble encore un peu trop rapide à mon goût. Sachant que le jeu ne sort pas avant de nombreux mois, on peut éventuellement espérer des changements de ce coté.

"Foupoudave"

Pour le reste que dire de plus ? Nous sommes en pleine Seconde Guerre Mondiale avec ce que cela implique. Pas de viseur holographique x4, pas de point rouge et assistanat. Dans cet épisode vous avez votre M1 Garand, votre bonne vieille MP-40 récupérée sur un cadavre, votre fidèle Thomson 1928A1. Bref vous pouvez compter uniquement sur votre habileté à tirer et c'est tout. Niveau sensation de tir justement, il est difficile de se prononcer sans souris (ou manette) en main mais ça semble tenir la route. Le recul semble bien dosé et on peut enfin tirer un trait sur l'impression paintball des épisodes futuristes. Enfin sachez que le jeu propose quelques séquences de QTE (légères) et fortes utiles pour l'immersion rappelant les grands moments de tension de film comme Il Faut Sauver le Soldat Ryan... On ne vous spoilera rien de plus ici !

La Campagne solo est de toute façon bien loin de la course aux points et se présente plus à nous comme une aventure entremêlant action, émotion et histoire personnelle de soldat. C'est un peu une sorte de Band of Brothers, version jeu vidéo. Evidemment ce n'est pas pour cette raison que le multijoueur est mis de coté, bien au contraire. Ce Call of Duty WWII est l'occasion de métamorphoser totalement le visage de la série et sera sans soute un épisode bien à part dans l'histoire de la licence.

Un changement sur le fond mais aussi la forme

Le plus gros changement est l'introduction du mode "War" qui est la collision directe entre les forces de l'Axe et les Alliés. Un peu à l'image du mode Frontlines et ruée de Battlefield 1, il s'agit d'une prise de territoire. Les forces alliées prennent possession de la plage, puis de la colline avec les blockhaus, puis du village, etc. Tandis que la Wehrmacht défend les zones et tente de reprendre les fraîches conquêtes alliées. Toujours dans l'optique de changer le visage du multijoueur et d'incorporer ça dans un esprit réaliste et cohérent, les développeurs nous ont rapidement présenté le Headquarters. C'est encore un peu flou mais il s'agit d'un hub géant et espace social dans lequel on peut voir nos récompenses, où l'on peut former une escouade, etc.

Un "virtual lobby" comme l'explique Michael Condrey le co-fondateur du studio. Pour correspondre avec la thématique de la Seconde Guerre Mondiale, les développeurs ont ajouté un système de Division en multijoueur qui n'a pour l'instant pas été précisé. On sait seulement que cela permettra d'apporter une certaine dépendance entre les joueurs et de pousser au maximum le teamplay. Un porteur de munition, un expert en explosif, etc. À cela s'ajoute une customisation de classes (infanterie, tireur d'élite, para, etc)

Enfin grande nouvelle, un mode Coopération nous fera vivre une histoire inédite et totalement nouvelle par rapport à la campagne.

L'échelle est beaucoup plus grande dans cet épisode et même si nous n'avons pas eu de détails précis sur le nombre de joueurs, il devrait sensiblement augmenter par rapport aux précédents Call of Duty. Le but étant de retranscrire une ambiance de guerre totale et non d'une simple escarmouche. Les mauvaises langues diront que le succès de Battlefield 1 a joué, mais il n'en est rien. L'équipe explique en effet que le monde vidéoludique fonctionne par vague (un peu comme le cinéma NDLR) et qu'ils furent les premiers surpris de voir la concurrence faire un bond dans le passé et des films/jeux revenir à la Seconde Guerre Mondiale.

ON L'ATTEND... AVEC GRANDE IMPATIENCE !
Véritable métamorphose de la série, ce retour aux sources fait souffler un agréable vent de fraîcheur sur Call of Duty. Les détracteurs de cette période dans le jeu vidéo auront beau dire, la Seconde Guerre Mondiale reste infiniment profonde et complexe et offre suffisamment d'anecdotes et de bravoure pour réaliser de très bons jeux. Pari extrêmement risqué après une décennie de modernisme et de futurisme, Call of Duty fait le choix de revenir à l'Age d'Or des FPS en supprimant toutes les facilités, en termes de mécaniques, que l'on a pu connaitre jusqu'alors. Brutal, viscéral et sans fioriture, le jeu de Sledgehammer a les cartes en mains pour séduire les quelques joueurs déçus de la saga Call of Duty sur ces dernières années. Un retour aux sources oui, mais avec intelligence et finesse. Call of Duty WWII est officiellement prévu pour le 3 novembre 2017 sur PS4, Xbox One et PC.