Annoncé pour la toute première fois en juin 2023 lors du Xbox Games Showcase, l’intrigant rogue-lite « massivement multijoueur » 33 Immortals sort aujourd’hui en early access. Nous avons eu l’occasion de tester pendant quelques heures cet infernal mélange en avance en compagnie de confrères et des développeurs du jeu, et voici donc nos premières impressions à son sujet.
33 Immortals arrive donc aujourd’hui dans une version précoce sur PC, Xbox Series et le Game Pass. Développé par le talentueux studio indépendant canadien Thunder Lotus Games (Spiritfarer, Sundered et Jotun), il s’agit clairement d’une des grosses cartouches de Xbox sur la scène indépendante, mis en avant à maintes reprises, notamment lors du récent ID@Xbox. Il faut dire que le titre a sur le papier de nombreux arguments particulièrement séduisants, comme un univers s’inspirant grandement de la Divine Comédie, et un concept… diablement original. Bienvenue donc dans un Enfer de Dante vraiment pas comme les autres.
33 Immortals et sa vision très originale de la Divine Comédie
Après un voyage en bateau très poétique et émouvant traitant de la mort et du deuil avec Spiritfarer, son studio reste dans le thème et nous envoie avec 33 Immortals directement en Enfer. Mais pas n’importe lequel, puisqu’il s’inspire de la mythique Divine Comédie de Dante Alighieri. Nous y incarnons, comme le nom du jeu l’indique, un Immortel, une âme torturée qui doit se battre contre les forces diaboliques pour mériter sa place au Paradis. Il faudra ainsi passer notamment par l’Inferno et le Purgatoire pour prouver sa valeur, dans une cohorte de, on vous le donne en mille, 33 Immortels. Une valeur qui n’est pas là par hasard, puisqu’il s’agit du nombre exact de chapitres composant la Divine Comédie.
Notre aventure dans 33 Immortals commence donc alors que notre âme prend la forme d’une carcasse équipée d’un arc. Nous sommes accueillis par Béatrice, l’épouse de Dante, qui nous propose un petit didacticiel pour voir dans quoi nous mettons les pieds. On y apprend donc à contrôler notre personnage et comment affronter les forces infernales, le tout en vue du dessus. On prend très rapidement le pli des contrôles, ceux-ci se montrant très simples : des déplacements au stick gauche ou avec les touches ZQSD du clavier, une esquive qui se recharge au bout de quelques secondes, une touche pour une attaque rapide, à maintenir pour en renforcer l’efficacité, et une autre pour une compétence spéciale. On peut croire de prime abord que le tout se montre un peu limité et « simpliste », mais toute la substance du gameplay de 33 Immortals est en réalité ailleurs. Une fois le didacticiel terminé, nous voilà ainsi transportés dans le hub du jeu, où nous croisons notamment Dante et Vergil, ainsi que d’autres Immortels, incarnés par des joueurs, se baladant comme des âmes en peine.

C’est donc ici que nous retournerons après chaque tentative d’échapper aux Enfers, pour y renforcer notre personnage avec divers éléments débloqués durant nos pérégrinations, changer son arsenal et son apparence. C’est justement au niveau des armes que 33 Immortals vient densifier son gameplay centré avant tout sur la coopération. Au nombre pour l’instant de 4, nous avons donc au choix :
- Les dagues, offrant un gameplay très mobile, mais aussi fragile, au corps-à-corps, avec des attaques rapides capables d’étourdir un ennemi
- L’épée, qui frappe lentement, mais peut encaisser les coups adverses pour une puissante contre-attaque, nous transformant en véritable tank
- L’arc, qui attaque à distance avec des flèches marquant les ennemis pour qu’ils reçoivent plus de dégâts de la part de nos compagnons
- Le bâton, qui envoie des projectiles en cloche et peut ralentir les forces diaboliques pour les rendre plus faciles à éliminer

Chaque arme dispose enfin d’une « compétence collaboration », qui pose une marque au sol invitant nos coéquipiers à la compléter pour déclencher de puissants effets pouvant renverser l’issue d’un combat. Avec ce système de « classes », 33 Immortals met donc une importante emphase sur la complémentarité des rôles dans notre groupe de 33 âmes en peine. Ici, se la jouer solo nous mènera irrémédiablement vers la damnation. Il est absolument indispensable de progresser avec ses compagnons pour espérer connaître la rédemption. Ainsi, le titre ne s’adresse clairement pas aux loups solitaires. Il est également vivement recommandé d’y jouer avec un groupe d’amis, pour pouvoir se coordonner et explorer plus sereinement les Enfers qu’on risque de revisiter très souvent. On peut bien sûr lancer une partie en compagnie de parfaits inconnus. En l’absence de chat vocal pour élaborer sa stratégie, la chose devient cependant plus délicate, et il faudra bon gré mal gré suivre le mouvement général si on espère aller le plus loin possible.

Profitons-en rapidement avant de retourner en Inferno pour s’arrêter sur la direction artistique de 33 Immortals, qui se montre à la fois de solide facture avec sa patte « dessinée à la main », et assez glauque dans sa représentation des forces diaboliques. Nous avons en effet droit à un bestiaire particulièrement torturé, qui nous plonge bien comme il faut en Enfer. L’avantage d’un tel style graphique, c’est que le jeu peut tourner admirablement bien en toutes circonstances, même sur un PC très modeste ou la petite Xbox Series S. Gageons également que le titre risque de faire fureur sur des hybrides PC/consoles portables comme le Steam Deck, l’ASUS ROG Ally, ou sur tout appareil compatible Cloud Gaming et le programme Xbox Play Anywhere, accessible via le Game Pass.
L’Enfer est pavé de 33 morts
Tout cela est bien beau, mais nous avons une âme à sortir des Enfers pour connaître l’Ascension vers le Paradis. Pour cela, il faudra passer par plusieurs strates du domaine du Diable, comme l’Inferno et le Purgatoire, les deux zones (sur trois) accessibles dans l’early access de 33 Immortals. Compte tenu du temps de jeu limité qui nous était imparti, nous n’avons pu de notre côté visiter que l’Inferno, et nous n’avons malheureusement pas été assez forts pour aller plus loin.
Nous avons cependant eu suffisamment de matière pour nous faire une idée de la boucle d’exploration qui nous attend dans 33 Immortals. Schématiquement, nous rejoignons donc un lobby de 33 joueurs, qui se trouvent disséminés dans une grande carte. Celle-ci comporte de nombreux objectifs secondaires pour amasser des ressources permettant de se soigner ou d’acheter divers objets, augmenter nos statistiques ou ouvrir des coffres. Ils peuvent notamment contenir des trésors appelés les Reliques, renforçant notre personnage pour la run en cours, et d’autres, nommés Atouts, qui pourront être utilisés dans de futures tentatives. Les Reliques nous octroient par exemple un bonus de dégâts ou de la régénération de vie pour le reste de notre partie, tandis que les Atouts apportent des effets permanents comme une pénalité de mort moins importante.

Rogue-lite oblige, l’échec risque en effet d’être très fréquent sur 33 Immortals. Fort heureusement, nos compagnons peuvent nous ressusciter avant qu’il ne soit trop tard, mais une fois seulement. Sauf que cela s’accompagne d’une barre de vie sévèrement réduite, que l’on peut toutefois restaurer auprès d’autels, moyennant une ressource récupérée durant notre run. Étant donné que les hordes diaboliques sont particulièrement nombreuses et robustes, l’aspect coopératif du titre devient donc encore plus évident, tant nous risquons de perdre beaucoup de temps et de vie à essayer de nous en défaire par nous-mêmes.

Cela est d’autant plus vrai dans ce qui constitue le pinacle de l’exploration dans 33 Immortals : les donjons pouvant accueillir jusqu’à 6 joueurs. Ceux-ci disposent à leur entrée d’un autel auprès duquel dépenser des os pour soigner notre personnage et nos compagnons alentour (la seule manière de se soigner dans le jeu, hors Reliques spécifiques), ou acquérir une clé indispensable pour ouvrir un coffre rempli de trésors… à condition de terminer ledit donjon. Celui-ci va en effet nous inonder d’ennemis, avec à la fin un (et plus loin dans la partie plusieurs) mini-boss particulièrement dangereux. Il est absolument indispensable d’appréhender la chose en groupe, avec de préférence différentes armes pour profiter de leurs capacités uniques.
Une fois un certain nombre de donjons terminés, d’autres s’ouvriront, mais la difficulté montera crescendo, avec des ennemis encore plus nombreux et puissants. Sauf que, sur les 33 Immortels de départ, il se peut que certains soient hélas tombés au combat. Il faudra donc continuer à nettoyer tous les donjons de la map avec les derniers survivants, jusqu’à arriver à l’ultime phase de la zone : l’Ascension vers le boss final. Et là encore, 33 Immortals va mettre les compétences des joueurs survivants du lobby à (très) rude épreuve.
Une Ascension en groupe qui se paye au prix de nos âmes
S’agissant de l’Inferno, le boss final qui nous attend n’est autre que Lucifer en personne. Et cet Ange déchu risque clairement de jeter un froid lorsque vous le rencontrerez. Il arbore en effet une forme gargantuesque et fonctionne exactement comme un boss de raid dans un MMO plus conventionnel : une barre de vie interminable, des attaques de zone proprement dévastatrices si on ne parvient pas à les esquiver, invocation de hordes de monstres pour nous ralentir, et des phases où il faudra être particulièrement efficace, au risque d’être éradiqués en un clin d’œil.

Dans le cadre de notre session de jeu sur 33 Immortals, nous sommes arrivés face à Lucifer deux fois (sur trois tentatives), avec toutefois moins de 15 joueurs encore en vie. Clairement, malgré la meilleure volonté du monde, un groupe réduit de moitié était bien insuffisant pour en venir à bout. Ce qui peut être quelque peu frustrant, car chaque partie dure environ une heure. Les runs se montrent donc particulièrement longues, surtout en jouant tout seul et en essayant de coopérer avec des joueurs sans moyen de communiquer vocalement.

Nous étions ceci étant dit en compagnie de joueurs ne connaissant pas mieux le jeu que nous, à l'exception des développeurs eux-mêmes, et n’ayant donc pas débloqué divers bonus pour rendre leurs personnages plus puissants. Gageons que l’expérience sera plus agréable avec davantage de temps de jeu à notre actif, et de préférence au sein d’un groupe d’amis. On a cependant apprécié l’aspect proprement épique du combat contre Lucifer, malgré son caractère extrêmement intimidant et punitif.
Heureusement, comme dans tout rogue-lite qui se respecte, l’échec est en soi une récompense dans 33 Immortals. En plus des Atouts et autres moyens de renforcer notre Immortel de manière permanente, accomplir divers objectifs généraux ou avec une arme donnée nous permet également de débloquer d’autres bonus ou des ressources pour renforcer notre arsenal et nos Atouts. Vu notre temps imparti relativement court, nous n’avons toutefois pas pu explorer plus avant cette partie de la progression. Il faudra donc creuser plus profondément la question dans sa version early access disponible dès aujourd’hui.

On surveille 33 Immortals… avec une infernale ferveur
Malgré une sortie en early access, 33 Immortals présente donc déjà un contenu plutôt dense, qui nous permet de bien apprécier sa tentative ambitieuse de mélanger MMO et rogue-lite dans une expérience en coopération définitivement pas comme les autres à travers les Enfers. Grâce à son gameplay relativement simple à prendre en main, mais encourageant intelligemment le travail d’équipe, et sa solide direction artistique le rendant peu gourmand et accessible, Thunder Lotus Games nous propose ainsi une future pépite indépendante originale et particulièrement prometteuse. Nous surveillons donc son développement avec un grand intérêt. En attendant sa sortie en 1.0, nous n’allons en tout cas pas bouder notre plaisir de replonger en Enfer, cette fois avec des amis, pour botter les fesses de Lucifer et voir les autres défis diaboliques qui attendent notre âme en peine et 32 autres compagnons.