Jeux vidéo et politique font-ils bon ménage ? On ne peut pas dire que le sujet soit souvent abordé par les développeurs, même indépendants ! Mais il existe tout de même quelques titres qui montrent comment faire les choses bien... ou moins bien. Sans prendre parti, voici un petit aperçu de ce que propose notre loisir favori dans ce domaine, accompagné d'une interview du développeur de RIOT, un simulateur d'émeutes à suivre de près.
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Chouette, un jeu de boxe avec le président des États-Unis qui tape sur le président Russe ! C'est drôle, ça, non ? Non, ce n'est pas très drôle. Quand on parle politique en jeu vidéo, on tombe malheureusement très souvent sur ce genre de petites productions flash caricaturales et sans intérêt. Viennent ensuite les simulateurs de vie politique ou de campagne électorale, la plupart tout aussi légers, à base de "tous pourris" et autres lieux communs (quoique vu le niveau actuel dans la réalité...) Tout cela ne sert donc pas à grand-chose.
Si c'était si simple...
Heureusement on trouve quelques titres qui tentent d'aborder le sujet sérieusement. La série Democracy par exemple, de Positech, est une simulation de gouvernement où vous gérez toutes les ficelles. Mais il ne s'agit que de gestion, justement. Democracy 3 a beau être complexe, il ne prend pas en compte l'humain, mais de bêtes statistiques qui se montrent faciles de manipuler à son avantage. Ça peut tout de même donner un bon aperçu des challenges qui se présentent à la classe politique. Il serait peut être pas mal de placer ce titre entre certaines mains.
C'est la lutteuhhh finaleuhhh
Mais qu'en est-il de l'engagement ? Du travail d'information sur des sujets économiques, sociaux et politiques, à travers le jeu vidéo, avec une prise de position ou en toute neutralité ? Même s'ils sont rares à focaliser leur attention dessus, de nombreux titres n'hésitent pas à mettre en avant des convictions bien senties : la satire dans GTA V ou l'univers dystopien des Bioshock, par exemple. Des opinons pas toujours bien accueillies. D'autres ont un message plus direct, comme Papers, please, qui nous rappelle ce qu'est un état policier, ou encore RIOT, un jeu indé en développement qui relate sur les événements en Grèce, Italie, Égypte, Espagne... Ce dernier étant le plus ancré dans la réalité, avec une volonté de rester tout de même objectif, nous avons posé quelques questions à l'instigateur de RIOT, à lire en deuxième page.
Le difficile exercice du pouvoir
Des petites touches politiques dans des jeux grand public, pour peu qu'elles soient bien intégrées et pas trop moralisatrices, auront-elles un impact plus important qu'un titre plus direct, mais moins connu ? Le jeu vidéo est-il un média plus utile à l'évolution lente des esprits, ou à la révolution intellectuelle ? Il s'agit d'un média de plus en plus ouvert qui peut accueillir un large panel de traitement.
Et ce sont parfois les gens engagés qui se mettent au jeu vidéo, comme avec ce documentaire/jeu d'aventure expliquant la situation à "Fort McMoney", inspiré de Fort McMurray, une ville construire autour de l'exploitation pétrolière au Canada. Ce film-jeu original permet de montrer tous les aspects humains, économiques, écologiques de ce lieu conflictuel. A vous de juger et même d'agir selon vos convictions (tout en subissant les aspects négatifs de vos actes)... L'exploration libre d'un sujet, permise par le jeu vidéo, peut probablement faire découvrir un problème ou un aspect politique de manière bien plus diplomatique qu'un documentaire classique alignant les faits.
En ce qui concerne la politique, on a souvent le pire, on attend encore le meilleur, bien que des perles comme Papers, please ou Fort McMoney montrent la voie. Après, tout dépend des idées que les développeurs souhaitent transmettre et celles que vous êtes prêt à aborder avec eux. Ça fait pas mal de risques pour la création d'un jeu qui demande un investissement important en temps et en argent... mais c'est ça la vie de militant, non ?