Contrairement à d'autres gigantesques blockbusters du jeu vidéo, la série Metal Gear est longtemps restée une affaire de famille. Ou presque. Ainsi, Hideo Kojima travaille toujours avec sa garde rapprochée. Une garde restreinte d'une petite vingtaine de membres. Pas plus. Si bien sûr ce nombre augmente sensiblement en cours de développement, les noms de Shinkawa, Mori ou Fukushima résonnent dans l'oreille des joueurs depuis les premiers pas de Snake... ou presque. Découverte de ces créateurs qui ont forgé la légende...
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Les créateurs de la légende
Hideo Kojima - 44 ans / producteur/réalisateur/scénariste
Game designer cinéphile, Kojima ambitionne d'apporter une dimension cinématographique à ces œuvres ludiques... quitte à parfois en faire trop. Beaucoup trop préciseront certains. Oui, Metal Gear vire parfois au verbiage. On aime... ou on zappe ! Quoiqu'il en soit, la qualité des scénarii qu'il écrit en duo avec Tomokazu Fukushima compte aussi beaucoup dans le renommée de sa série. Habile mélange de réalité et de surnaturel. Ecoutons le donc évoquer le thème de Metal Gear Solid 2 : « Mes précédents jeux traitaient de questions axées autour des problèmes de génétiques et de la prédestination liée à notre ADN. Le thème principal de Metal Gear Solid 2 est différent proposant en fait une espèce d'interrogation sur notre société de plus en plus digitale. Nous entrons actuellement dans une époque où tout repose sur l'informatisation des données. Le sous-titre Sons Of Liberty pose en fait la question de savoir quelle liberté, quelle type de mémoire allons nous léguer aux générations futures dans un monde dont les racines deviennent de plus en plus immatérielles ». C'est probablement aussi ça que l'on vient chercher dans un Metal Gear. De l'action oui, mais aussi un scénario, ainsi qu'un message fort en filigrane... comme un bon film en somme. Kojima c'est aussi l'exigence constante. Rarement content du produit fini, il n'a pas hésité à piquer des gueulantes pour imposer ses choix et sa vision. Surprendre le joueur, et son équipe, voici son maître mot... quitte parfois à en faire trop.
Yoji Shinkawa - 36 ans /art director
A une époque où la plupart des héros de jeu vidéo semblent issus d'un même moule (soit manga/soit comics), le style de Yoji Shinkawa détonne. Avec son coup de crayon fluide et sa technique inimitable au pinceau, Shinkawa reste un artiste au style traditionnel traitant de sujets modernes. Ces personnages aux visages expressifs, possèdent des allures délicatement éthérées soulignant le mouvement, le caractère insaisissable de ces âmes souvent en peine. Un contraste intéressant qui confère parfois une beauté froide à l'univers de Metal Gear. Outre le design des personnages, Yoji Shinkawa est aussi responsable de la conception des robots (des Metal Gear en somme) présents dans le jeu. Un travail titanesque.
Tomokazu Fukushima / scénariste
Les scénarii des Metal Gear sont écrit à deux. D'un côté Kojima, de l'autre Fukushima. C'est d'ailleurs ce dernier qui était jusqu'à présent responsable de l'intégralité des dialogues au Codec. Si vous les trouvez trop longs, vous savez désormais à qui vous plaindre ! Plus important cependant, s'il était longtemps envisagé que ce soit Fukushima qui reprenne le flambeau si Kojima se décidait réellement, et définitivement, à quitter sa chère saga, les choses ont visiblement changé dernièrement. Pour MGS4, ce dernier se montrant très en retrait.
Harry Gregson-Williams, le son made in Hollywood
Si les jeux vidéo ont trop longtemps minoré le rôle de la musique, Metal Gear Solid 2 devrait définitivement changer la donne. Ainsi pour s'assurer d'obtenir des musiques efficaces responsables d'au moins 50% de l'impact émotionnel d'une scène, Hideo Kojima a souhaité solliciter les talents de Harry Gregson-Williams, compositeur déjà responsable des B.O. d'Ennemi d'Etat, Armageddon, The Rock et Chicken Run. "Grâce au succès de la série, nous pouvons désormais travailler avec de véritables compositeurs de cinéma comme Hans Zimmer et, tout particulièrement Harry dont nous aimons tous le style musical. Pour lui il s'agissait d'une expérience nouvelle car la manière de composer pour un jeu diffère de celle employée au cinéma. Il nous fallait de la musique dynamique qui puisse bien retranscrire l'interaction à l'écran. Retranscrire à la fois la tension et les émotions." Harry Gregson-Williams ne se déplace pas au Japon. L'équipe lui envoie des mots clefs (tension, suspens, action...) qu'il interprète ensuite en mélodies. Après avoir réalisé les thèmes principaux de MGS2 et 3, Gregson-Williams a eu plus de liberté pour MGS4. Vous retrouverez ainsi plus de chansons et d'instruments llive. Mais n'oubliez jamais que Gregson-Williams n'est rarement responsable de plus de 50% de la BO. Pour le reste, il faut voir du côté d'Hibino ou Nobuko Toda si l'on parle de Metal Gear Solid 4...
Norihiko Hibino / co-compositeur
A bientôt 35 ans, si Norihiko Hibino a composé certains des plus célèbres thèmes du jeu vidéo made in Japan, il reste aussi un parfait inconnu pour la plupart des joueurs ! Découverte d'un compositeur de l'ombre s'épanouissant dans la furtivité... Etrange destinée que celle de Norihiko Hibino. Talentueux et reconnu par ses pairs, Hibino semblerait presque soucieux de cultiver sa part de mystère. Peut être pour mieux se diversifier. Pour éviter l'étiquette de trop. Celui que certains n'hésitent pas à appeler « monsieur musique de Metal Gear » préfère l'éclectisme, à l'étreinte du star system. Mais qui est donc Hibino San ? Artiste maudit ou électron résolument libre ? Son premier contact avec la musique, Norihiko Hibino l'effectue avec un piano alors qu'il n'a que 4 ans. Un instrument qu'il jugera vite trop féminin et qu'il abonnera au détriment du saxophone. La rencontre est belle et amène le jeune Hibino à s'intéresser au jazz, le futur genre de prédilection du jeune compositeur. Après avoir remporté plusieurs prix, comme celui de meilleur joueur solo lors du Yamano Big Band Jazz Festival (1995), Hibino quitte ses études de science humaine et le Japon, direction la prestigieuse université de musique de Berklee aux Etats-Unis. Son diplôme en poche, ne lui reste plus alors qu'à faire ses armes. En 1997, de Kansas City où il s'est installé, il compose alors des jingles pour des émissions de radio et de télé. Mais fin 99, début 2000 tout s'accélère. De retour au Japon, il multiplie les projets. Ouverture d'un club de jazz, le Jazzstrut, création d'un label de musique, Boylstone Records et début d'une carrière solo avec deux premiers albums jazzy aux titres évocateurs : Voices from Heaven et Now I'm Here to Hear... Mais une rencontre s'apprête à donner une nouvelle orientation à sa carrière. En effet si courant 2000, Hideo Kojima, père de la saga Metal Gear, s'offre les services du très hollywoodien Harry Gregson-Williams (Rock, Ennemi d'Etat, Spy Game, Kingdom of Heaven) pour signer le thème principal et certaines séquences de son futur blockbuster Metal Gear Solid 2, reste à trouver qui composera les musiques additionnelles. Norihiko Hibino est alors « testé » sur deux titres du maître à savoir Metal Gear Ghost Babel (Game Boy Color), puis sur Zone of the Enders (PlayStation 2). L'essai transformé, celui qui fait ses premiers pas dans la musique de jeu vidéo se penche alors sur la partition de MGS2 ! Mais s'il est responsable de plus de la moitié de la BO dont les très atmosphériques thèmes du Tanker, danse de Vamp ou l'inoubliable mort d'Emma (dont les déchirants phrasés au saxo sont interprétés par Hibino lui-même)... le grand public n'aura fatalement d'yeux que pour Harry Gregson-Williams, mis en avant pour raison marketing par Konami. Qu'importe, le style à la fois électro/orchestral et jazz /funk de Hibino a définitivement séduit Kojima qui ne cesse alors de faire appel à lui. Zone of the Enders : The 2nd Runner (PS2), puis Boktai 1 et 2 (Nintendo DS), mais aussi quelques épisodes de Yu-Gi-Oh ! ou l'exubérant Rumble Roses XX permet au compositeur d'étoffer sa palette musicale en attendant d'offrir aux joueurs son véritable chef d'œuvre. Nous sommes alors en 2004 et si une fois de plus, le compositeur japonais fait équipe avec Harry Gregson-Williams pour la bande son de Metal Gear Solid 3, cette fois-ci Norihiko Hibino impose son style et dévoile une étonnante pépite drapée d'accords James Bondiens : Snake Eater, l'imparable chanson principale de l'aventure ! Responsable dernièrement des BO de MGS Portable Ops (PSP) ou Lunar Knights (DS), Hibino ne participera pas au projet Metal Gear Solid 4. Nouvelle preuve s'il en est que pour celui qui a ouvert un bar dans le quartier de Roppongi à Tokyo, qui compte déjà près de 5 albums solo, et continue à se produire régulièrement sur scène, la musique de jeu vidéo n'est, et ne restera, qu'une simple note posée sur une partition en perpétuelle composition. En retrait des brillants de la célébrité, Hibino a choisi la liberté d'une créativité débridée. C'est désormais Nobuko Toda qui prend les rennes de la partition de MGS4.
Motosada Mori / conseiller militaire
Depuis Metal Gear Solid, Mori est le conseiller militaire attitré des équipes de Kojima. Ce vétéran de l'armée nipponne est là pour briefer les créateurs sur la crédibilité des scènes d'actions. C'est par exemple lui qui indique comment un personnage doit porter une arme, quelle position il doit adopter, quel comportement une escouade doit adoptée pour avoir l'air un minimum crédible. Du coup, comme rien ne vaut les exercices, Mori organise fréquemment des tests grandeur nature avec toute l'équipe. Un week-end de camp d'entraînement ou des simulations dans les bureaux... pas de doute, on s'amuse bien chez Kojima Productions. Quoi ? Ah, c'est du boulot paraît-il...