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Vous aviez l'habitude de débuter orphelin dans un village éloigné en passe de réaliser une prophétie, d'incarner un chevalier à la recherche de cristaux légendaires, d'admirer un bateau volant comme la pointe de la technologie. Ce volet va dérouter les habitués de la série.
Vous voilà dans une armure géante, arrivant dans une ville qui semble en pleine révolution industrielle. Par la suite, un château mécanique, des bâtiments d'acier, des chemins de fer, des campements militaires modernes et même des outils de surveillance vont se dresser : Final Fantasy VI donne toujours dans la fantasy habituelle, en laissant s'exprimer un bestiaire typique et la magie, mais laisse une énorme place au steampunk.
Et question scénario, on pourrait presque dresser un parallèle avec notre propre Histoire. Ici, des hommes avides de pouvoir reproduisent les mêmes erreurs du passé, envahissent des régions, procèdent au génocide de créatures magiques pour s'approprier leur puissance. Et il n'y a pas de miracle de dernière seconde : le monde connaît la rupture totale de son équilibre, l'Apocalypse.
Taillé en deux actes, ce titre effleure certaines thématiques avec une maestria étonnante. Quelques passages peuvent carrément, pour peu que l'on s'attache à toute la clique de protagonistes, provoquer des frissons. De bonheur, oui, c'est possible. Mais surtout de tristesse, d'effroi, de stupeur. Les développeurs ne prennent pas de gant pour nous mettre face à certains décès prématurés ou des situations inédites à l'époque dans le jeu vidéo...
Voici un florilège de scènes pour le moins perturbantes et mémorables que l'on a l'occasion de voir dans Final Fantasy VI.
Cyan et le train fantôme
Sur la route les menant à la planque des rebelles, Sabin, Shadow et Cyan se retrouvent malgré eux dans le train ayant pour terminus... le monde des morts ! Après avoir "aidé" la locomotive à stopper, les trois compères descendent enfin. Cyan est alors interpellé par des figures familières qu'il ne peut que regarder filer vers leur dernière demeure. Sans lui. Un moment poignant, suivi d'un silence assourdissant.
Le désespoir de Celes
Le monde a été détruit. Celes vit désormais sur une île déserte aux côtés de Cid. Ils ne parviennent pas à s'échapper. Le scientifique tombe malade. La jeune femme peut le sauver en le nourrissant suffisamment vite de poissons qu'elle va aller pêcher sur la côte. Mais si elle n'y parvient pas, l'homme décède. Et Celes craque. Une tentative de suicide dans un jeu vidéo en 1994 ? Et du genre qu'on oublie pas.
Gau, l'enfant abandonné
Lorsqu'on rencontre Gau sur le Veldt, une sorte de savane où tous les monstres du monde errent en liberté, c'est son espièglerie qui nous frappe en premier lieu. Mais la réalité nous rattrape alors que l'on se remémore la présence d'un vieux fou déblatérant toutes sortes d'idiotie à propos d'un monstre qu'il aurait abandonné. Il parle de son fils, Gau, enfant sauvage parce que, devenu fou à la suite de la mort de sa femme en couches, il l'a vu comme la source de son malheur. Et leurs retrouvailles des années plus tard n'auront rien de joyeux.
Maria et Draco : l'opéra
Les moments de grâce existent aussi dans Final Fantasy VI. Le passage de l'opéra est de ceux-là. Cette séquence n'a en soi aucune raison d'exister. Elle n'apporte rien en termes de gameplay. Elle n'est là que pour le divertissement. Et pourtant, cette scène que l'on pourrait trouver un peu kitsch, où Celes remplace une cantatrice dans le simple but de duper Setzer et lui "emprunter" son aéronef, a quelque chose d'incroyablement émouvant. Est-ce grâce à la musique ? A la mise en scène ? A l'implication de l'ex-général de l'empire ? Allez savoir...
Kefka terrasse Leo
Alors que la paix semble à portée entre humains et Espers, l'odieux Kefka se présente et terrasse tout le monde autour de lui. Enfin, presque. Le fier et droit général Léo se dresse encore. Et voilà qu'on le dirige. Cela ne fait aucun doute : l'ennemi va dérouiller. L'écran de combat apparaît. La commande Shock est disponible. On ressent la puissance de cet homme qui prodiguait ses conseils à Terra quelque temps auparavant. Kefka semble vaincu... Mais voilà, ultime sadisme : Square nous a laissé prendre en main ce personnage vertueux quelques secondes pour que l'on ait encore plus de peine à le voir disparaître. Sale souvenir.
Il va de soi que ce ne sont que des exemples et que d'autres scènes peuvent vous avoir marqué. N'hésitez pas à nous en faire part dans les commentaires (même si j'ai déjà ma petite idée concernant une ou deux...).