Tout est dans le doigté lorsque l’on s’apprête à sortir un nouveau jeu-service, qui plus est lorsque celui-ci va rejoindre la myriade de free-to-play déjà bien scellés dans le paysage. Alors en prime, lorsque l’on vend du MOBA et du Battle Royale, deux genres déjà bien représentés et qui attisent autant l’amour que la haine, c’est un vrai terrain miné et il n’y a pas de place pour les maladresses.

C’est le regard critique et un arrière-goût de déjà-vu en bouche que je me suis lancé dans l’arène de Supervive pendant près de 6 heures, divisées en plusieurs sessions de jeu. Des sessions multijoueurs évidemment puisque c’est ici le nerf de la guerre. À première vue, la proposition de Supervive sent le réchauffé à des kilomètres. Le jeu se présente donc comme un mélange de deux genres extrêmement populaire et pour le coup, il emprunte aux deux camps le meilleur et s’exempte du pire. En tout cas, en l’état, et c’est un régal.

Supervive mélanges les genres et réussi carrément son coup !

Il est donc question de catapulter plusieurs dizaines de joueurs sur une immense carte, en escouades de quatre héros (plusieurs modes sont disponibles, mais c’est ici le mode principal), et de les laisser s’entretuer.

Comme Apex Legends, on est largué en équipe et on incarne un héros aux compétences uniques. Pas d’avatar sans nom ni visage donc, mais bien des combattants qui ont tous une histoire, un caractère, un design et des compétences qui leur sont propres. On retrouve d’ailleurs plusieurs archétypes comme des tanks, des soutiens, des DPS (à distance ou au corps-à-corps), mais aussi des contrôleurs capables de retourner un combat d’équipe avec de puissants contrôles de foule.
Pour le moment, il existe plus d’une dizaine de héros, d’autres viendront par la suite, c’est une certitude, mais il y a déjà largement de quoi faire. Tous les styles de jeu, ou presque, sont représentés : bourrin au corps-à-corps, protecteur, soigneur, sniper, escarmoucheur, mage… la totale.Tous disposent d’une compétence passive et de plusieurs capacités actives aussi variées qu’intéressantes. C’est d’ailleurs là qu’on entre dans le domaine du MOBA et plus précisément de League of Legends.

Le rapprochement avec le jeu de Riot Games est une évidence à plus d’un titre. Déjà, on a la même vision des choses. Une caméra en vue de dessus et un brouillard de guerre qui bloque la visibilité hors de notre champ de vision. C’est un parti pris très intéressant qui permet notamment de diversifier les approches stratégiques, qui sont ici uniques, là où un FPS est quelque peu bridé. Les compétences de reconnaissance ont alors ici tout leur intérêt, une vraie force. Mais ce mode de vue se prête aussi très, très bien à la scène compétitive ou au spectacle. En tant que spectateur, la lisibilité est impeccable et bien plus intéressante qu’en vue embarquée pour ce genre de jeu.

Des choix de desing malin et une carte au top

Une lisibilité que l’on retrouve aussi côté gameplay d’ailleurs, puisque si l’action est intense et que les pouvoirs et compétences fusent de toute part, le tout reste parfaitement digeste peu importe les situations. Là où, en revanche, la vue du dessus posera problème, c’est pour la lecture des reliefs, ou encore des sauts. Il n’est pas toujours évident de survoler des trous béants ou de prendre de la hauteur, mais on se fait la main rapidement mine de rien. Ça reste tout de même un coup à prendre, quelque chose qui aurait mérité d'être plus instinctif.

C’est d’autant plus vrai que la carte est une vraie réussite. En plus d’être extrêmement variée avec ses forêts, ses plaines et ses ruines, elle joue aussi et surtout énormément sur les reliefs. Déjà, elle est trouée absolument partout. Le vide est omniprésent et faire sombrer les adversaires dans les abysses est d'ailleurs une solution efficace pour les éliminer. Certains héros en sont d’ailleurs spécialistes et le gameplay tourne aussi autour de cette mécanique, comme dans un Super Smash Bros Ultimate.

Les héros capables de repousser les ennemis, de les attraper à l’aide d’un grappin ou de les contrôler à distance sont tout de suite extrêmement intéressants. Là encore, le jeu prend une tout autre dimension stratégique. Il n’est pas juste question de flinguer son adversaire, non, les escarmouches peuvent durer quelques secondes voire même quelques minutes. Et comme dans tout Battle Royale, l’espace de jeu se resserre au fil de la partie, obligeant les joueurs à redoubler de vigilance (ou d’agressivité, c’est selon). C’est intense et terriblement addictif, que l’on gagne ou que l’on perde d’ailleurs.

supervive
Planer au dessus du vide, c'est la base. Mais attention à la chute. ©Supervive

Un roster complet, un gameplay intense et intéressant

Impossible pour le moment d'entrer dans les détails et de parler d’équilibrage par exemple. Mes sessions de jeu étaient bien trop courtes pour en juger, je n’ai pas pu mettre la main sur tous les personnages non plus et Supervive sera sujet à modification d’ici sa sortie définitive. Mais pour l’heure, pour les 4 ou 5 héros que j’ai pu tester, le feeling est excellent et il y a une vraie dynamique entre les personnages. Je vais encore vous parler de stratégie, mais plus que dans n’importe quel jeu du genre, construire une escouade mûrement réfléchie fera très certainement la différence.

À noter qu’au sein d’une même équipe, il est impossible de jouer les mêmes personnages, vous obligeant à passer par une étape de verrouillage avant de lancer une partie. Là où tout se joue à la souris dans un League of Legends, ici les déplacements se font au clavier comme dans un twin stick shooter. La souris sert alors de viseur. Les compétences se lancent quant à elles via les touches du clavier comme dans tous les jeux du genre.

supervive
La direction artistique est ultra efficace ©Supervive

On combattra avec des attaques de base aux propriétés qui varient en fonction des personnages et en utilisant donc le panel de pouvoirs mis à notre disposition, ces dernières compétences, comme dans les MOBA classiques, ont des temps de recharge qu’il faudra prendre en compte. Celui de la capacité ultime, la plus puissante de toutes les compétences, étant bien entendu le plus long.

Mais il n’y aura pas que ça à prendre en compte puisque le jeu embarque aussi un système de niveau (leveling) et d’équipement. Dans toute la carte se trouve une myriade d’ennemis gérés par l’IA. Des créatures basiques, des monstres élites, et même d’imposants boss sont de la partie. Tout ce beau monde génère de l’expérience qui vous permettra de monter de niveau, d’apprendre vos compétences et de les améliorer de la même façon que dans un League of Legends.

On pourra aussi leur faire les poches et trouver des ressources à utiliser auprès de certains points d'intérêt comme les feux de camp qui permettent de découvrir une zone du brouillard de guerre, mais aussi de se soigner ou encore de booster ses consommables. Il existe par ailleurs bien d’autres lieux intéressants sur la carte, comme des ruines à reconstruire pour rappeler à la vie ses alliés tombés au combat, ou encore des salles de butin cachées derrière d’imposantes portes à crocheter en équipe… on ne s’ennuie pas et bien que la carte reste la même d’une partie à une autre, aucun affrontement ne se ressemble.

supervive
©Supervive

Supervive, c'est la foire aux bonnes idées le tout bien exécuté

En prime, il y a toute une dimension de gestion d’équipement aussi accessible qu’intéressante. On dispose de plusieurs emplacements principaux et secondaires dans lesquels on pourra loger une ou deux pièces offensives, une ou deux défensives (selon le profil de personnages) et des bottes. À vous ensuite de voir comment vous comptez construire votre build. Il existe plusieurs objets aux propriétés diverses qui parleront assurément encore une fois aux joueurs de MOBA (vitesse d’attaque, vol de vie, dégâts de compétence, armure, etc.). On pourra également transporter sur soi un bouclier, des consommables et des gadgets qui sont parfois très amusants d’ailleurs, comme ce chat gigantesque qui part en ligne droite pour dégommer les adversaires façon strike au bowling.

Les items que l’on récupérera pourront même être améliorés simplement en ramassant des doublons de ces derniers, et même être changés en cours de route si jamais vous devez vous adapter en cours de partie. Là encore, difficile de parler d’équilibrage ou de theorycraft puisque ce n’est pas en moins de 6 heures que l’on arrive à tirer des conclusions sur ce genre de jeu.

Toutefois, le fait est que l’on ressent bien l’impact de l’équipement sur le gameplay. Il y a un vrai gap de puissance qui rend le tout aussi utile que grisant. Prendre des risques pour aller chercher de l’équipement est donc quelque chose à prendre en compte et c’est souvent rentable, même si l’on peut se retrouver dans des positions difficiles. Tout est une question de stratégie d’équipe, encore et toujours.

©Supervive

On attend Supervive… avec très grande impatience

À plus d’un titre, Supervive a ce qu’il faut pour cartonner et s’imposer comme un concurrent solide et excessivement fun sur le marché des free-to-play. Bien que le jeu picore dans tous les genres, principalement le MOBA et le Battle Royale, il réussit habilement à se créer sa propre identité en s’appuyant sur des mécaniques de jeu accessibles mais aussi très profondes et diablement stratégiques. Avec une map qui, sans avoir pu la voir de fond en comble, offre une très grande variété d’approches et beaucoup de choses pour rendre les parties dynamiques, Supervive promet des affrontements endiablés et une rejouabilité inépuisable, plus que la norme. Côté roster, le jeu séduit avec une direction artistique très comics, des personnages déjà très charismatiques et une grande variété de héros. Tous ont une identité et un gameplay uniques, ce qui là encore fait mouche. J’attendrai d’en voir davantage avant de parler d’équilibrage et de modèle économique (on nous annonce ici qu’il n’y aura que du cosmétique). Non seulement il faudra bien plus de parties avant de pouvoir statuer, mais en prime le jeu devrait encore être ajusté d’ici sa sortie. Le jeu va devoir passer par quelques phases de bêta histoire de se peaufiner davantage avant sa sortie définitive, mais dans tous les cas, ce qui se profile à l’horizon s’annonce d’ores et déjà génial. Déjà hâte d’y retourner.