Pour beaucoup, la dématérialisation se résume à des jeux téléchargeables. Mais le concept peut aller beaucoup plus loin, et beaucoup l'ont d'ailleurs déjà théorisé auparavant : déporter tout l'aspect hardware (consoles et PC) chez le fournisseur de service, pour n'avoir plus qu'à envoyer les images chez l'utilisateur. C'est le cœur d'un service annoncé par Rearden Studios à la GDC, OnLive, qui soulève bien des questions et bien des fantasmes...
L'idée derrière OnLive représente un peu le St Graal du jeu vidéo dématérialisé. Imaginez que vous puissiez jouer à n'importe quel jeu depuis votre Mac d'entrée de gamme, votre PC à bout de souffle ou un simple boîtier branché sur votre télé. Seule l'image transite, ainsi que les signaux de vos actions sur le paddle ou le couple clavier / souris. Tout le reste (calcul des images, etc.) se fait sur des serveurs surpuissants, loin de chez vous.
La compatibilité ultime
D'un coup, votre modèle de console, la puissance de votre PC, la nature de votre système d'exploitation deviennent caducs : il suffit d'un plugin d'1 Mo pour jouer à Crysis avec tous les détails à fond. Forcément, la résolution est limitée par votre bande-passante, mais en gros, ça sera au pire digne de la Wii, au mieux du 720p à 60 images par secondes avec une connexion 5 Mbps. Pas de quoi faire rêver les possesseurs de gros PC avec un 24' ou plus. Mais une idée suffisamment intéressante pour séduire le grand public, avec déjà pratiquement une dizaine d'éditeurs embarqués dans le projet (EA, Take-Two, Ubisoft, Eidos, Codemasters, Epic, Atari, Warner Bros. et 2DBoy).
Un outil pour les développeurs
Non seulement ça veut dire accéder à des jeux PC puissants sans être embêté par l'installation ou la valse des patchs, aussi simplement qu'avec de la vidéo à la demande, mais en plus on peut imaginer la mise en place de versions bêta par les éditeurs : aucun téléchargement sur le Net, juste la mise à disposition du jeu en version test, avec en prime la possibilité de regarder les gens jouer pour ses concepteurs. Car OnLive a prévu des fonctions "Spectateur" et "Enregistrement" : vous voulez voir les meilleurs joueurs du FPS du moment à l'oeuvre ? Pas de problème ! Vous pourrez même commenter le match avec vos amis. Et les stars sauront combien de personnes regardent leur partie. Idem, si vous faites une action de folie (ou super pourrie), vous pouvez, avec un simple bouton, enregistrer les 10 dernières secondes, qui vont se retrouver sur votre profil. Car oui, OnLive n'a pas oublié les fonctions de réseau social à la Xbox Live et autres Steam.
Rêve ou réalité ?
Prévu pour cet hiver, ce service serait, d'après ses concepteurs, complémentaire aux plates-formes traditionnelles (en tout cas dans un premier temps). Ils annoncent également avoir résolu le problème du lag grâce à une technique de compression des images spécifique, et un travail en collaboration avec les fournisseurs d'accès internet. Après tout, ça fait 7 ans qu'ils sont sur ce projet, on peut leur laisser le bénéfice du doute... Mais si ce n'est pas le cas, tous ces beaux discours ne tiennent plus debout. On connaît déjà deux gros défauts du projet : le serveur doit être à moins de 1500 kilomètres (sinon le lag devient trop grand), et OnLive à tendance à monopoliser la bande-passante à disposition. Comme les premiers serveurs seront a priori tous aux États-Unis, on ne pourra pas tester tout de suite... Mais les américains s'en chargeront pour nous, d'autant que le débit de leur connexions est en moyenne inférieur à celui de la France. Côté tarifs, le boîtier Micro Console OnLive pour jouer sur sa télé devrait coûter "encore bien moins cher que la moins chère des consoles du marché", voir gratuite avec certaines formules, et l'abonnement est prévu dans une fourchette de prix similaire à celui du Xbox Live, les jeux pouvant ensuite être loués ou achetés à la carte, le jour de leur sortie officielle.
Dans le cas, presque irréel, où OnLive tiendrait ses promesses, on peut sans mal imaginer l'impact dévastateur sur des sociétés comme AMD, Nvidia ou Intel, pour citer les plus évidentes. Acheter du matériel cher et à renouveler régulièrement ou s'abonner pour jouer à tout sans se poser de question ? Sans triche, sans installation, à la demande ? Le choix sera rapide pour beaucoup de monde... Réponses à la fin d'année !