Deux mois après notre premier contact frénétique avec Final Fantasy 16 et son système de combat, Square Enix nous a à nouveau convié à poser nos mains sur l'exclusivité PS5 le temps d’une démo bien plus croustillante. Plus question de nous faire essayer des passages aménagés spécifiquement pour nous montrer des points précis du gameplay. C’est tout le début de cette nouvelle aventure qui s’est offert à nous.
Quatre heures sans interruption et tout le début du jeu. Le regard captivé sur l’écran, des étoiles plein les yeux, un sourire en coin et quelques exclamations lâchées. C’est ainsi que j’ai vécu ma dernière session de jeu avec Final Fantasy 16 avant sa sortie le 22 juin prochain sur PS5. Car c’est la fascination qu’il exerce dès sa séquence d’introduction. Quelques semaines plus tard, les séquences marquantes restent encore vives dans mon esprit, la sensation de manque persiste tout comme les doutes. FF16 assurera le spectacle sur la dernière-née de Sony, mais il doit encore convaincre sur un point précis.
Disclamer : Nous avons joué à une version spéciale destinée aux médias. Le contenu peut différer de la version finale.
Games of Fantasy
Retour à Valisthéa. L’équilibre entre les six nations bénies par les Cristaux est plus fragile que jamais et Clive Rosefield va l’apprendre à ses dépends. Le fils de l’Archiduc de Rosalia était pressenti pour être le Dominant de Phénix. C’est finalement le jeune et frêle Joshua, son petit frère, qui a été élu pour être l’hôte du Primordial familial, héritant de toutes les lourdes responsabilités que ce rôle implique. Canard boiteux de la famille aux yeux de certains, l’aîné se verra confier sa protection . C’est dans ce contexte déjà bien planté que l’aventure débute. Culture du spoiler oblige, nous ne rentrerons pas en détails dans tout ce que nous avons vu et découvert. On se contentera de rappeler que Final Fantasy 16 verse dans le gigantisme, avec des affrontements entre invocations détonants et une mise en scène folle, mais il ne répètera pas les erreurs de son prédécesseur. Le jeu a des choses à raconter. L’histoire sera l’un des points névralgiques de FF16 et pas question de mettre la narration en retrait.
Dès les premières minutes, le jeu plante son contexte géopolitique et son univers d’une façon fichtrement bien amenée. Tout le lore et la trame politique commencent à se tisser. Les tensions se font ressentir, les complots se dessinent et une amère odeur de trahison plane dans l’air. Les comparaisons récurrentes entre Final Fantasy 16 et Game of Thrones ne sont ni anodines, ni déméritées. L’équipe ne s’en cache pas, l'œuvre de George R. R. Martin a ouvertement inspiré ce jeu qui s’adresse à un public averti. Attendez-vous à des moments forts, poignants et sanglants dès les premières heures. N’y allons pas par quatre chemins, il n’y aura pas qu’avec les combats que FF16 risque de créer la rupture. Le ton plus sombre, cruel et mature pourrait déconcerter les plus anciens fans de la saga. Sans Chocobo, Primordiaux ou autres créatures emblématiques de la licence, on aurait pu parfois oublier qu’on avait les mains posées sur le prochain Final Fantasy. Dans ses moments les plus assumés, ce seizième épisode numéroté ressemble en tout point à une adaptation libre du Trône de Fer, la magie et les invocations en plus. FF16 sera le premier jeu de la saga affublé d’un PEGI 18 et on comprend en une fraction de seconde pourquoi.
Effusions de sang, personnages écrabouillés dès les premières minutes, un peu de scènes torrides, du gore, de la décapitation… Final Fantasy 16 verse ouvertement dans la dark fantasy. C’est explicite, brutal et le jeu ne fait clairement pas dans la dentelle. Un changement de ton et d’ambiance assumé et radical qui fait des merveilles et fascine quiconque est sensible à ce genre d'œuvres. C’était un pari osé, mais ça fonctionne autant que ça déconcerte les premières heures. Autant vous dire que je ne m’attendais pas à assister à la décapitation d’un paysan du point de vue de l’exécuté. On ne s’attend pas vraiment à ça d’un Final Fantasy et pourtant avec sa mise en scène particulièrement réussie tout du long, le pari est tenu haut la main. En prenant à contrepied les autres épisodes de la licence, Final Fantasy 16 nous livre déjà une expérience plus rafraîchissante dès les premières heures, mais gare aux âmes trop sensibles le jeu ne devrait pas lésiner pas sur les scènes brutales. FF16 ne fera pas dans la demi-mesure et c’est tant mieux tant l’ambiance est viscérale, foudroyante, brutale et particulièrement réussie.
Des fonctionnalités bien pensées pour étoffer l'univers
Clive fera les frais de cet univers impitoyable. Final Fantasy 16 nous met aux commandes d'un héros torturé auquel on ne s’attendait pas à s’attacher aussi rapidement. Reste à voir si le personnage principal, et seul héros jouable, s'épaissira au fil des heures ou s’il ne se cantonnera qu’à son passé tragique et sa quête de vengeance au risque de s'affadir. Le casting qui gravite autour se montre lui aussi rassurant, avec une Jill encore plus adorable et touchante qu’espéré et un Cid aussi charismatique qu’intéressant. A voir sur la durée donc, mais l’écriture semble maîtrisée, aussi bien pour le scénario principal (même si certaines choses sont téléphonées), les dialogues que l’univers. Comme l'œuvre monumentale dont il s'inspire, FF16 nous présente tout un monde riche et travaillé. Le flot d’informations et de termes à assimiler plus dense qu’à l’accoutumée et peut s’avérer intimidant pour le joueur peu informé qui se serait plongé dans l’aventure sur un coup de tête. La Creative Business Unit III n’a cependant rien laissé au hasard. L’équipe a eu la bonne idée d’ajouter une fonctionnalité maligne comme tout : la Chronographie.
Pendant n’importe quelle cinématique, il suffit de mettre le jeu en pause pour accéder aux définitions de chaque termes utilisés pendant les dialogues, avoir un laïus sur les nations évoquées ou pour découvrir des biographies des personnages présents. Un moyen de mieux appréhender cet univers dense qui pourrait néanmoins casser le rythme de certaines cinématiques si le joueur venait à en abuser. Là encore, Yoshi-P et son équipe ont pensé à tout. Pour ceux qui veulent l’action d’abord et l’apprentissage après, Prof vous attendra gentiment au repaire de Cid. Cette encyclopédie vivante permet d’accéder directement à un véritable wiki dans le jeu ultra complet. Mots-clés pour faire sa recherche, termes les plus courants, informations sur le lore, articles liés à ceux que vous venez de consulter… l’outil est diablement efficace et bien fichu. Impressionnant, tout simplement. Le travail abattu sur le lore semble monumental et on voit que l’équipe a particulièrement eu à cœur de développer cet univers interconnecté et ne veut rien laisser au hasard pour que tout le monde puisse se plonger dedans. Ce n’est pas surprenant quand on sait à quel point l’homme à la tête du projet est méticuleux. Le diable se cache aussi dans les petits détails et la narration environnementale viendra donner corps au tout. Que ce soit l’utilisation de la magie dans la vie quotidienne ou des dialogues entre les PNJ, le jeu semble receler de petites choses anodines de prime abord mais qui donnent plus de crédibilité au monde et le rendent plus vivant que jamais.
Un sens du détail qui se retrouve aussi sur l’aspect technique du jeu. Difficile de faire des conclusions arrêtées sur une version du jeu datant d’il y a plus de deux mois avant son grand lancement, mais Final Fantasy 16 s’annonce déjà comme un festin visuel. Les cinématiques en temps réel sont plus magnifiques et impressionnantes que jamais, et la mise en scène monstrueuse de FF16 met des étoiles plein les yeux. La modélisation des monstres atteint des sommets jamais vus dans la saga, mais les personnages humains souffrent forcément de la comparaison avec des textures moins lisses et détaillées. Le chara design des créatures comme des habitants de Valisthéa s’annonce particulièrement réussi et le regard plus dark fantasy sur certains monstres est purement et simplement un régal. C’est techniquement très propre. Reste à voir si les problèmes de synchronisation labiale persisteront dans la version finale et si la mise en scène des conversations optionnelles jurera autant avec le reste du jeu. On se demande pourquoi faire des zooms et plans fixes aussi ringards et désuets alors que le reste du jeu dégage une telle classe. Le contraste est assez brutal.
Une transition vers l'action douce... au début
Final Fantasy 16 sera plus linéaire que son prédécesseur et c’est loin d’être un reproche. Les premières heures seront balisées, avec des environnements fermés et à la direction artistique assez convenue pour le moment. Un mal nécessaire pour amener la transition vers les combats plus orientés actions de façon plus douce. Le jeu prend son temps les premières heures pour habituer les vieux de veille comme les nouveaux venus à ce changement de direction radical. Pas question d'enchaîner les pirouettes et de faire de belles chorégraphies au bout de quatre heures. Il faudra apprendre les rudiments de ce système de combat. La montée en puissance peut paraître longue quand on a goûté au plein potentiel de Clive, mais elle est primordiale.
C'est donc un système de combat classique qui se présentera à vous au début avec seulement quelques enchaînements à disposition et très peu de combos. De quoi se faire la main sur les fondations du gameplay, dont les esquives et les parades, indispensables pour venir à bout des adversaires les plus puissants. Les combats de boss réussis, assez frénétiques et bien dosés, ainsi que le rythme global du jeu ont permis d'atténuer toute sensation de répétitivité pendant notre session. Même sans atteindre leur plein potentiel, les affrontements restent tout de même prenants et dynamiques avec des combats qui deviennent plus pêchus lorsque Clive atteint la vingtaine. On pense par exemple au combat contre Fafnir, le boss ayant des attaques et des movesets plus imprévisibles que les autres boss et demande clairement de maîtriser à minima la parade. Les subtilités sont exploitées petit à petit, l’équipe souhaitant sans doute amener la transition vers le côté plus action plus progressivement.
De grosses inquiétudes autour des quêtes annexes
Vous le savez déjà tout le bien qu’on en pense, on vous l’a déjà dit : le système de combat deviendra particulièrement grisant et frénétique. Plus besoin d’être rassuré sur ce point. Par contre, là où le doute subsiste même après une session de jeu aussi généreuse, ce sont sur les à-côtés et les mécaniques RPG. Il y a bien des montées de niveaux qui augmentent les statistiques, des points de compétences à attribuer sur un sphérier, mais en l’état difficile de vraiment jauger leur impact. Un forgeron viendra améliorer l’équipement grâce aux matériaux collectés et c’est à peu près tout ce qui nous a été donné de voir. La partie RPG traditionnelle semble bien se trouver là et il ne faudra visiblement pas compter sur les quêtes annexes pour enrichir l’expérience. En quatre heures, nous en avons découvertes trois. Pas de scénarisation, pas d’objectif intéressant. On vous demande simplement d’apporter des objets à des personnages qui sont littéralement à un ou deux mètres du donneur de quête.
Servir des plats aux clients d’une taverne, aller demander du bois au gars d’en face ou livrer de la nourriture pour Chocobo à l’éleveur qui est au bout de la petite pente juste en face… on a été mis face à des quêtes aussi insipides qu’inutiles. Difficile de dire à ce stade si elles sont représentatives du reste du jeu, mais on comprendrait alors pourquoi Square Enix est aussi frileux à l’idée de communiquer sur ce point. Et ce sont bien là nos plus grosses inquiétudes. Parce que si les petits soucis de synchro labiales peuvent aisément être corrigés d’ici le 22 juin, les quêtes annexes pourraient bien être la bête noire de Final Fantasy 16. Il n’y aura évidemment pas que ça à faire en dehors de la quête principale. Yoshi-P avait déjà évoqué de la chasse aux monstres et les plus perfectionnistes pourront se rendre à la Stèle d’excellence pour affronter des ennemis imaginaires afin de s'entraîner, ce qui semble inclure les boss du jeu ou réessayer chaque mission avec un système de score. Reste à voir s’il y aura des choses plus croustillantes au fil de l'aventure.
Passées les premières heures de l’histoire principale, il nous a été donné de découvrir une des zones plus ouvertes que Final Fantasy 16 offrira. Un peu à l’instar des derniers God of War, Clive pourra s’aventurer librement dans de jolis environnements plus vastes où quelques créatures attendent gentiment d’être laminées. C’était un environnement verdoyant, très joli, spacieux qui s’est offert à nous, mais il n’y avait à ce stade de l’histoire pas grand chose à faire à part castagner tout ce qui s’y trouve. L’occasion de constater que FF16 tourne déjà comme un charme deux mois avant sa sortie tant nous n’avons constaté aucun temps de chargement, ni chute de framerate.
On attend Final Fantasy 16... avec un feu aussi ardent qu'Ifrit
Final Fantasy 16 sera assurément l’épisode du changement. Sans renier totalement ses origines, le jeu devrait marquer un tournant dans l’histoire de la saga. Plus que son côté action assumé, il devrait également diviser sa communauté de fans bien fidèle sur son ambiance et son ton plus viscéraux, violents et sanglants. Une prise de risque rafraîchissante, qui laisse entrevoir un scénario et un univers maîtrisés, servis par une mise en scène ingénieuse et spectaculaire. Square Enix pourrait réaliser un véritable tour de force, mais on attend toujours de voir ce qui lui vaut la mention de RPG. Même après quatre heures, le doute persiste et de grosses inquiétudes se dessinent quant aux contenus annexes.