Dimanche 2 décembre 2007. Activision Blizzard naît suite au rachat par Vivendi Games, devant la consternation générale de ceux qui pensaient qu'il ne se passait rien dans le monde pour pouvoir regarder videogag peinard à la télé. John Riccitiello, la patron d'Electronic Arts, déclarait peu de temps avant que l'industrie avait procédé à la majeure partie des consolidations possibles... et il offre aujourd'hui de racheter Take Two. Comme quoi : il n'y a que les abrutis qui ne changent pas d'avis.
Mais qu'ont-ils donc tous à faire leur shopping le dimanche ? C'est incroyable, ça. Bref : la nouvelle est en tout cas connue de tous désormais, Electronic Arts a offert à Take Two 26 dollars par action, pour un total d'environ 2 milliards de dollars. Ce n'est pas la première offre que le géant fait au moins gros, puisqu'il avait déjà proposé 25 dollars par action quelques jours auparavant, le 15 février. EA avait commencé à démarcher T2 dès décembre dernier...
Regarde les spirales dans mes yeux
Du point de vue de John Riccitiello, il s'agit d'une offre unique pour Take Two et ses actionnaires : "Notre proposition cash est une opportunité unique pour les actionnaires de Take-Two de réaliser un profit immédiat avec une marge significative, tout en générant de la valeur à long terme pour les actionnaires d'EA. Les game designers de Take-Two bénéficieraient également des resources financières d'EA, d'une équipe de management stable et concentrée sur les jeux, et de fortes capacités d'édition globale. ... Il n'y a aucune garantie que dans l'avenir EA ou n'importe quel autre acheteur paierait la même marge que celle que nous offrons aujourd'hui". L'action de Take Two vaut actuellement environ 17 dollars... on peut donc en effet considérer l'offre d'EA comme étant généreuse.
Il va y avoir du sport
Take Two, ce sont les labels 2K Games, avec des titres comme BioShock récemment, Rockstar bien sûr, avec un GTA IV quasiment prêt pour son raz-de-marée, et également 2K Sports, qui semble avoir le potentiel d'être un concurrent sérieux pour EA Sports. Une telle fusion placerait donc les studios de sport les plus importants sous le même toit. Strauss Zelnick, patron de Take Two, et les actionnaires de l'éditeur, ont signifié leur refus de cette offre pour la seconde fois : "Après mûre réflexion, le directoire a jugé l'offre d'EA insuffisante au regard de son catalogue robuste et enviable de franchises de jeu, ses talents créatifs exceptionnbels, et la forte loyauté de ses consommateurs. Nous pensons que l'offre non sollicitée d'EA est hautement opportuniste, et cherche à tirer avantage de notre lancement prochain de Grand Theft Auto IV, l'une des franchises les plus précieuses et durables de l'industrie". Cependant, Zelnick et les actionnaires ne ferment pas complètement la porte à l'offre, arguant que passé le 30 avril (GTA IV sortant le 29), ils reconsidéreront l'offre... qui reposait par ailleurs sur une condition importante ; l'ouverture des négociations au 22 février. Un preuve selon eux que EA n'accorde pas une valeur suffisante aux efforts récents de la société vers une stratégie qu'elle estime aujourd'hui plus profitable à long terme aux actionnaires que le rachat proposé. Car en effet, Take Two a connu des difficultés financières, juridiques et même opérationnelles ces derniers temps.
Et pour les joueurs ?
Comme toujours dans ce genre de cas, c'est bien le point de vue des joueurs qui nous intéresse le plus. Si pour l'instant, l'offre a été refusée, il ne fait aucun doute que l'affaire ne s'arrêtera pas là pour autant. Comment envisager une telle fusion du point de vue des joueurs ? EA insiste sur la réorganisation récente des ses labels, pour démentir l'image d'un éditeur faisant l'acquisition de grandes franchises dans le but de les essorer jusqu'à plus soif, et dit placer une attention plus importante sur les développeurs que sur la marque EA elle-même. Mais il faut bien se rendre à l'évidence : 2K Sports et EA Sports, actuellement concurrents, auraient du mal à continuer sur cette dynamique sous le même toit. Alors que Take Two offre du contenu téléchargeable gratuit, la politique d'EA en la matière est loin d'être la même... Enfin, Take Two a l'habitude de repousser ses jeux pour mieux les réussir, et bien qu'on pourrait attribuer cela à une organisation déficiente de leur côté, une fois acquis par EA il semble que ce serait moins envisageable de poursuivre avec cette liberté. Enfin, quoiqu'en dise Riccitiello, nous verrions sans doute bien plus de GTA un peu partout, qui plus est avec un maximum de publicités et de product placement (EA étant engagé dans cette voie), plutôt que les actuels détournements de marque bourrés d'humour de Rockstar. Mais tout cela n'est que spéculation... mieux vaut laisser la situation infuser un peu avant d'imaginer la naissance de TEA2.