Pour beaucoup, l'un des problèmes majeurs du jeu vidéo actuel, bridant sa créativité et viciant tout le système, tient à son modèle de financement. La plupart du temps, en effet, le schéma classique repose sur l'avance sur royalties : l'éditeur finance le développeur à hauteur d'une certaine somme, assumant tous les risques financiers initiaux, et par conséquent le développeur n'a que rarement la liberté de faire son jeu comme il l'entend. À l'image des initiatives déjà entreprises par d'autres industries comme la musique ou le porno, Look at My Game propose une alternative qui s'adresse directement aux joueurs et consommateurs.
Ils s'appellent MyMajorCompany.com, ou MyDorcel.com, et reposent peu ou prou sur le même modèle. Proposer aux consommateurs de devenir producteurs de ce qu'ils veulent consommer. Ce modèle de financement alternatif, au plus proche de l'utilisateur final, et basé sur le participatif, est celui de LookAtMyGame.com.
Label participatif
En choisissant de financer le processus de création des jeux, les particuliers / producteurs s'investissent également émotionnellement dans les projets qu'ils soutiennent. Ils ont du coup accès à une mini-communauté autour du projet, regroupant les autres producteurs et les développeurs. Ces derniers s'affranchissent ainsi, à supposer qu'ils trouvent suffisamment de producteurs pour soutenir leur projet, des éditeurs et restent indépendants, propriétaires de leurs projets et marques. Créé par Romain Streichemberger et Clément Vidal, deux développeurs qui se sont rencontrés en travaillant chez Exkee (studio marseillais), LookAtMyGame commence sa jeune vie avec deux jeux : Ones, développé par Fishing Cactus, et Tau Ceti, développé par... LookAtMyGame. Le premier est un titre de plate-forme puzzle dans lequel le joueur peut se cloner pour résoudre diverses situations, attribuant à ses doubles des couleurs qui définiront leur manière d'interagir avec leur environnement - un concept similaire à l'un des niveaux de Braid. Le second est un STR se servant beaucoup d'un moteur physique dans ses mécaniques, et se voulant également accessible, en étant notamment entièrement jouable uniquement à la souris (sans clavier). D'autres titres devraient rejoindre ce label cette année.
Le succès pour tous ?
Evidemment, la hauteur à laquelle un producteur participe au financement d'un projet déterminera les avantages supplémentaires qu'il aura, outre la satisfaction d'aider de petites structures à réaliser leur projet. Un crédit vaut 1 euro, et chaque projet affiche le nombre de crédits dont il a besoin (en l'occurrence 40.000 et 80.000 respectivement pour Tau Ceti et Ones), ainsi que le montant déjà atteint par les différents producteurs. À 10 crédits investis, ces derniers ont l'accès à des contenus exclusifs, à 20, l'intégration de leurs noms au générique, et à 30, un pourcentage des bénéfices du jeu. LATMG conserve 30% des bénéfices des jeux distribués, pour couvrir les frais de la plate-forme, le reste étant divisé entre développeurs et producteurs. Encore faut-il bien entendu que le jeu soit bouclé, sorte, et connaisse un succès minimum pour en arriver là, mais le système est ainsi prévu.
En tout cas, les initiatives similaires d'autres industries ont déjà connu des succès. Disponible en anglais (quoiqu'il est clair que ses créateurs ne le sont pas à la lecture ;p - mais il est dispo aussi en français), LookAtMyGame parviendra-t-il à séduire des développeurs et des joueurs, et à atteindre les objectifs qu'il s'est fixé ? Seul l'avenir le dira bien entendu, mais au moins, vous savez maintenant que ça existe. Il ne vous reste plus qu'à participer !