C’est un état de fait : il y aura un avant et un après-Arcane. 2021, Riot Games et Fortiche brisaient la malédiction des adaptations de jeux vidéo sur petit et grand écrans et réussissaient l’impossible : convaincre les hermétiques de s’intéresser à l’univers de League of Legends. Difficile en effet de résister aux sirènes d’Arcane avec son histoire bien écrite, ses personnages nuancés ou sa direction artistique à tomber. C’est davantage avec son animation et sa vision créative envoûtantes que le studio français a créé un véritable tremblement de terre dans le monde de l’animation et sur Netflix. Arcane s’est hissé sans mal dans le podium des meilleures productions de Netflix et est devenu l’un des programmes les plus attendus et à juste titre. Alors quand une seconde saison est annoncée, les attentes sont immenses.
Enfin, Arcane est de retour. Trois ans après avoir créé l’événement sur Netflix, la série animée récompensée aux Emmy Awards revient avec trois nouveaux épisodes, qui constituent l’acte 1 de la saison 2. Une suite qui viendra boucler l’histoire de Piltover et de ses résidents et qui devait franchir un obstacle presque insurmontable : sa propre qualité. Si la première saison a placé les standards extrêmement hauts sur tous les points que s’il était assuré que Fortiche et Riot transformeraient l’essai, rien n’était garanti qu’ils parviennent à se surpasser… et pourtant. En avant-première, nous avons pu voir les six premiers épisodes de la saison 2 d’Arcane et c’est bien la claque espérée.
Zaun interdite
Un rayon, un cri, une explosion, puis le chaos. La série Arcane reprend sans ménagement là où elle s’était arrêtée, affichant d’emblée les retombées dramatiques de l’attaque de Jinx sur Piltover. Un geste aux conséquences tragiques, bouleversantes, qui tel le battement d’aile d’un papillon viendra se répercuter sur le destin de nombreux personnages et leur psychée. Plus que jamais, la série happe par son univers, ses enjeux et ses tensions socio-politiques qui sont à leur comble. Sa narration chorale y est encore plus efficace et prenante, tout gagne en profondeur et, plus que jamais, les histoires et destins de chaque personnages se croisent intelligemment jusqu’à un climax de l’épisode 6 qui rend l’attente des ultimes épisodes interminable. Le récit est d’autant plus captivant que ses personnages s’épaississent à chaque épisode, faisant apparaître leurs côtés plus vulnérables ou au contraire implacables, leurs tourments, leurs luttes intérieures. Les relations belles et compliquées se font, se défont, vacillent et se transforment avec une justesse considérable, portées par une écriture toujours aussi remarquable et pleine de finesse qui amène la proximité émotionnelle à un autre niveau. Tous sont criants de vérité, complexes, poignants, attachants et sublimés par un doublage VO d’exception avec une Ella Purnell (Jinx) habitée, une Hailee Steinfeld (Vi) pleine de sensibilité, ou encore une Katie Leung (Caitlyn) tiraillée. Même des personnages secondaires profitent de cette nouvelle assurance des auteurs, quand certains Champions sortent enfin du lot, mais on m’interdit d’en dire plus pour vous laisser le plaisir de la découverte.
Arcane ne fait jamais dans la facilité, tout est d’une nuance prodigieuse, le récit ne sombre jamais dans le manichéisme pour parfois créer la surprise et amener certains arcs vers des directions inattendues pour les non-joueurs qui prennent la série telle qu’elle est. Les inconditionnels de League of Legends eux, assisteront petit à petit à la naissance des Champions et leurs tempérament tels qui les connaissent. Arcane c’est avant tout la puissance d’une œuvre universelle, qui sait développer intelligemment un univers aussi riche que copieux vers de nouveaux sommets. Jamais on ne s’ennuie, jamais l'œuvre est prise à défaut dans son écriture, du moins dans ses deux premiers actes, qui promettent encore un chapitre final à couper le souffle.
Une masterclass artistique et d'animation
Là où le studio est effectivement fortiche, c’est dans sa propension à donner corps et à sublimer ces récits et ces personnages. La première saison était devenue un classique de l’animation, de ceux qui mettent l’amende à pas mal d’autres studios, ne serait-ce que par son sens du détail ou sa prise de risque esthétique. Faire mieux semblait relever de l’impossible et pourtant, ils l'ont fait. C’est visuellement toujours magnifique, et même plus qu’avant. Les décors gagnent en minutie, les ambiances sont maîtrisées à la perfection oscillant entre le menaçant, l’horreur ou encore le romantisme, les jeux de lumière et de couleurs ont pris un niveau quand certains traits se sont affinés. Un vrai sans faute où rien n’est laissé au hasard, même dans l’animation toujours aussi extraordinaire.
Un scintillement dans les yeux, un sourcil qui se fronce, des doigts qui se crispent, se baladent sur une autre main, des expressions corporelles qui trahissent à elles seules les remords et incertitudes des personnages… Tout le savoir-faire du studio vient magnifier le travail d’écriture, donne une étincelle unique à Piltover, Zaun, au casting et ses figurants. Tout touche au sublime et Fortiche nous livre encore une torgnole en matière d’animation, de celles qui vous poussent à regarder les épisodes plusieurs fois trouver des détails que vous n’auriez pas vus lors de votre première lecture. Ce n’est pas tant une surprise vu le pedigree du studio, mais la saison 2 d’Arcane est bluffante en tout point. Pendant ces trois années, Fortiche a surtout gagné en maturité et en assurance et ça se ressent dès le générique, qui donne le ton sur la claque artistique qui vous attend et qui pourrait presque mériter à lui seul les honneurs.
Ces six premiers épisodes sont un véritable concentré d'inventivité et de créativité. On sent que les artistes se sont fait plaisir, ont laissé libre-cours à toutes leurs folies en sortant des sentiers battus à de nombreuses reprises. Parce qu’Arcane, c’est aussi une mise en scène frappante, qui sait se montrer renversante dans les moments les plus importants. Fortiche joue avec les styles, n’hésite pas à passer de son trait si particulier à l'aquarelle ou au crayon de couleur enfantin pour ne citer que quelques exemples pour vous laisser la surprise. Le studio s’amuse créativement avec tellement de brio que ça frôle l'indécence sur certaines scènes. Ce sont justement les combats, ces moments d’une fureur incroyable où le spectacle est assuré, qui en profitent. Là encore, c’est tarte sur tarte. Vous vous souvenez du combat entre Ekko et Jinx de la saison 1 ? La mise en scène, la direction artistique, la musique ? Des moments comme ça vous en aurez encore plus, avec des chorégraphies, des plans qui en mettent très souvent plein la tronche et une animation qui sublime chaque coup, chaque blessure, et qui sait peut-être chaque mort.
Cette saison 2 d’Arcane gagne clairement en rythme, ne serait-ce que par cette mise en scène qui n’hésite jamais à nous en mettre plein les yeux, cette bande-son incroyable qui donne le tempo, mais aussi par ses histoires plus entremêlées que jamais. La série est d’une ingéniosité sans pareil, brillante dans sa cohérence et dans sa vision artistique. Plus que d’assurer le spectacle, elle sait jouer brillamment sur l’émotion, avec un second acte parfois plus doux avec certains personnages, qui explore d’autres facettes et excelle dans le domaine en nous offrant des moments que l’on n’aurait presque pas osé espérer. Mais rien n’est jamais simple, surtout quand la menace d’un certain Champion que les fans de League of Legends attendaient plane. Je n’attends plus qu’une chose, mes trois épisodes manquants.
Notre avis sur les six premiers épisodes de la saison 2 d'Arcane
Avec cette seconde saison, Arcane a mûri sur tous les points. Animation, direction artistique, écriture, ambiances… tout est passé au rang supérieur alors que ça relevait presque de l’impossible. La mise en scène est encore plus percutante, les combats d’une frénésie saisissante, mais la série laisse le temps à tous ses personnages de briller, même ceux secondaires. Tout converge vers un troisième acte en apothéose qui ne doit plus seulement nous mettre une tarte, mais un vrai coup de boule tant les six premiers épisodes assènent claque sur claque. Un véritable chef d’œuvre de l’animation et LA série à ne surtout pas manquer sur Netflix.