Quelques bonnes semaines après une première sortie sur current-gen, FIFA 21 s'est offert, depuis vendredi dernier - officiellement, car le jeu était en réalité disponible avec quelques heures d'avance sur la date choisie, soit la veille - une seconde vie dans les bacs. Et celle-ci était attendue, vu la mise en avant lors du dernier EA Play, du gap graphique et technique dont allait bénéficier cette mouture nouvelle génération. Est-ce que la promesse a été tenue et le contrat rempli ? Il est train d'entrer sur la pelouse et de vérifier tout ça.
Les années de changement ne sont, par nature, pas les plus simples à aborder. Et quand le changement en question concerne un passage de témoin entre deux générations de consoles, l'équation est tout aussi compliquée et le choix à déterminer assez cornélien : jouer la montre ou tenter de... contenter tout le monde ? Dans l'univers impitoyable du football virtuel et du ballon rond qui se vit manette en mains devant un écran de télévision (ou de PC), EA Sports a fait le deuxième choix, là où son concurrent historique (PES) a fait le premier. Enfin sur le papier.
Dans les faits et après avoir teasé dessus lors du dernier EA Play puis il y a de cela quelques jours avec un trailer d'introduction assez spectaculaire, le géant américain a respecté le cahier des charges qu'il s'était fixé, le même que lors du précédent changement de consoles : une version pour tous les supports, avec une évolution prononcée pour la Next-Gen. Et en ce qui concerne la PS5 et les Xbox Series S et X, le gap avec la current-gen est saisissant. Il faut dire que les équipes de Vancouver ont mis les bouchées doubles, malgré le contexte sanitaire - pour offrir une expérience de jeu visuelle assez unique pour un jeu de sport.
Un rendu beaucoup plus beau que la plus belle de tes copines
Le rendu est scotchant et il faut le dire : jamais un FIFA n'aura été aussi beau., ce qui était jusque-là l'apanage de PES, en termes d'excellence et de qualité il s'entend. La simulation de football d'EA Sports gomme le retard qu'elle accuse depuis des années en ce qui concerne la modélisation des joueurs, qui gagne en vie, en relief et en personnalité. Il est curieux de voir que les développeurs ont décidé de conserver le moteur Frostbite, mis en jeu pour FIFA 17 et que l'on pensait promis au placard pour ce football dit nouvelle génération. Il n'en est rien et ce dernier, couplé à un tout nouveau système de procédé de captation de la lumière, semble en avoir sous le coude. Pour le bien ou non du jeu, ça, seul l'avenir nous le dira.
Des cheveux qui bougent, des muscles saillants, des gestes beaucoup plus décomposés, voilà ce qui vous attend lors de votre première prise en mains. On ne peut occulter le travail effectué autour de l'ambiance des matches, avec de nouvelles introductions pour l'avant - entrée du public, passage des tourniquets de sécurité - et une chaleur humaine incroyable pendant, avec des chants encore plus vivants, ainsi que des célébrations dans le sens du déroulé de vos matches. En clair, si vous égalisez ou marquez le but victorieux dans les toutes dernières secondes de la rencontre, l'écran de votre télévision va devenir fou, l'image va tressaillir dans tous les sens, avec des joueurs hurlant leur joie et un groupe prêt à fondre de bonheur sur son entraîneur. De manière plus globale, les cut-scenes ont gagné en vie, en charisme et en personnalité et même si on a tendance à les zapper - parce qu'on veut jouer hein - on ne peut que saluer leur présence et en profiter pleinement de temps en temps.
La meilleure défense, c'est l'attaque. Enfin, quand on peut défendre...
Voilà pour l'ambiance. Et pour les matches alors ? Les premières sensations sont particulières. Surtout sur PS5, avec la DualSense qui s'en donne à coeur joie au creux de votre main. Ça vibre de partout, ça vibre aussi de manière localisée selon ce que vous faites. Un tir pied gauche ? C'est le côté gauche donc de la manette qui va danser la samba pendant quelques secondes. Idem pour un dribble avec un changement d'appuis. Pareil pour un tacle. Et évidemment, cela coule de sens lors des duels pour la gagne du ballon, avec une nouvelle gestion à appréhender, la faute à un jeu fortement ralenti - pas un mauvais point - mais toujours aussi déséquilibré à l'arrivée.
L'heure du verdict est tombée et il est clair : si vous attendiez un up dans ce secteur, celui du gameplay, force est de constater que tout ce que Rami avait pointé du doigt lors de son test de la version current-gen est toujours d'actualité ici. Voire accentué. En effet, le déséquilibre attaque-défense nous a paru amplifié, avec des offensifs vraiment trop rapides pour des défenseurs centraux toujours autant abandonnés par leurs milieux de soutien. Quant aux gardiens, là encore, pas de miracle, ces derniers ont gagné en modélisation, en détails... mais peinent toujours à se montrer un tant soit peu autoritaires sur leur ligne, ce qui est tout de même leur principal boulot. Enfin, et si ces derniers avaient été réduits sur current-gen au gré des différents patches mis en place par les équipes de développement, FIFA 21 Next-Gen souffre de ce même mal et qui est d'autant plus problématique qu'il est difficilement parable, notamment en raison d'un changement de curseur beaucoup plus lent que ledit contre en question. Terrible, d'autant que c'est sur le mode de jeu le plus joué de l'histoire de la licence, Ultimate Team, que ce déséquilibre est le plus profond. Pour le reste, Carrière, Saisons ou les modes hors-ligne, le rendu est moins impactant.
Pas assez de prise de risques
Dommage même car pour ce qui est de l'emballage, le contrat est rempli. De la forme, au moins un tiers, puisque les gâchettes adaptatives jouent le jeu, avec une résistance de plus en plus importante liée à l'état de fatigue de votre joueur, imitant dans ce sens ce que Visual Concepts propose avec sa version Next-Gen de NBA 2K21. Mais le reste n'est pas là, malgré des ajouts et des animations sympathiques et nul doute que les versions nouvelle génération auront droit à plusieurs rééquilibrages, là où le jeu de basket de 2K offrait d'emblée la meilleure expérience à ses nouveaux joueurs, avec un gameplay corrigé. Difficile pour autant de bouder son plaisir quand les menus sont fins et beaux, quand les temps de chargement entre les matches n'existe plus - même si les jeux techniques sont présents et qu'on peut les faire - et que le football que l'on pratiquera désormais chez soi sera en 4K 6fps.
Toutefois, il aurait fallu plus qu'une nouvelle caméra de jeu - franchement agréable pour un spectateur mais pas du tout immersive et jouable, surtout - pour aiguiser nos sens et faire passer cette version comme le football nouvelle génération. On ne peut que déplorer aussi l'absence de progression partagée sur current et next-gen pour les modes Carrière et Saisons, alors que cela est bien le cas pour FUT et Volta. Même chose pour le matchmaking en ligne, qui ne permet pour le moment qu'aux joueurs PS5 (ou Xbox Series) de s'affronter entre eux, pouvant obliger ces derniers à basculer sur la version PS4 (ou Xbox One X/S) pour trouver plus d'adversité. Même cas de figure pour la principale nouveauté du mode FUT, à savoir la coop', qui ne sera jouable qu'avec des amis sur Next-Gen. Deux choix curieux, alors que le marché des transferts de FUT, par exemple, englobe bien toutes les plateformes, lui. Malgré tout, avec une ambiance une fois de plus à des sommets incroyables de réalisme, et un moteur qui en a encore sous le coude, ce FIFA 21 a tout d'une promesse. À lui de confirmer dans un an, face à un concurrent qui a déjà annoncé la couleur : eFootball PES 2022.