Le premier contact à distance avec Remothered / Broken Procelain nous avait donné envie d'en voir plus. C'est chose faite aujourd'hui : après avoir retourné notre version TEST, sur PS4 Pro, voici notre avis horrifié !
Remothered, c'est l'association de l'artiste Chris Darryl avec le studio Italien Stormind Games. Après un premier volet remarqué, mais qui n'avait pas les moyens de ses ambitions, voilà un second épisode, Broken Porcelain. S'agit-il du volet de la maturité ? C'est ce que nous allons voir...
Une vieille histoire
Broken Porcelain est donc la suite de Tormented Feathers. It va permettre de faire la lumière sur certains mystères, le sort de la petite Celeste étant resté en suspens. Cette fois-ci, vous incarnez Jennifer, une ado rebelle de la fin des années 70, placée dans l'hôtel Ashmann, où elle doit s'acquitter des tâches ménagères pour le compte du propriétaire qui donne son nom à l'endroit. Très vite, elle va être victime d'hallucinations : en basse saison, seuls les employés sont présents. Ils vont tous devenir complètement fous et poursuivre la pauvre Jennifer qui va devoir chercher un moyen de s'enfuir pour elle et son amie Linn, les hallucinations se révélant plutôt réelles. Grace à quelques raccourcis, Rosemary Reed, l'héroïne du premier, va se retrouver à nouveau dans l'intrigue, toujours chaussée de bruyants talons de 12 cm dans un jeu d'infiltration horrifique, et jouable un court instant. Qu'est-il arrivé à Celeste ? Et qu'en est-il de ce mystérieux médicament concocté à base de papillons géants ? C'est ce que vous tenterez de découvrir dans cette aventure.
Le scénario est aussi alambiqué que dans l'épisode précédent. Les amateurs apprécieront, mais ceux qui découvriront l'univers ici pourraient bien s'y perdre. Le jeu étant en partie une prequel, on y croisera quelques têtes connues et, des trois personnages du premier, on passe à une galerie bien plus étoffée. La psychologie et les sentiments des héroïnes sont bien mis en avant, forces comme faiblesses, donnant un cachet intéressant à l'oeuvre, bien que la trame semble parfois un peu téléphonée. La narration est omniprésente. Parfois, plusieurs cinématiques s'enchaînent, souvent à des époques différentes, pour un résultat assez convaincant.
L'habit ne fait pas le moine
Au niveau design, un cap a été franchi : le jeu est bien plus beau que son ainé, et s'inspire allègrement de modèles du passé : Clock Tower, Haunting Ground ou en encore Rule of Rose. Si vous avez aimé ces classiques, nul doute que les visuels de ce Broken Porcelain auront de quoi vous séduire. Que ce soit l'hôtel, qui semble tout droit sorti de Shining, ou les personnages, tous très hauts en couleurs, on est servis. Le tout est soutenu par des doublages anglais de qualité et des textes en français. Le reste de la partie est de bonne facture, avec des musiques rares et bien stressantes. Clairement, Remothered : Broken Porcelain possède une dimension artistique bien à lui, imparfaite mais attrayante.
Mais en sera-t-il autant au niveau de la jouabilité ? Pour tout vous dire, c'est un peu plus compliqué... Le gros du jeu se fait en mode infiltration : ne pas se faire repérer, et se cacher si jamais, tout en réussissant un QTE. Il faudra ensuite chercher l'objet manquant et la ramener dans la bonne pièce pour avancer. Pour se défendre, des objets de jet, de distraction et le nécessaire pour bloquer une porte, ainsi qu'un couteau d'urgence qui s'utilise comme dans Resident Evil Rebirth : après s'être fait choper. On pourra tenter l'esquive, mais c'est tendu, le jeu étant assez punitif si un ennemi vous coince dans un couloir. Vous pourrez tenter d'assommer vos adversaires en passant dans leur dos, mais encore une fois c'est très, très compiqué, car les commandes sont plutôt rigides... Le système de craft n'est pas très intéressant, puisqu'il ne propose pas de fabriquer de nouveaux objets, seulement d'améliorer le peu que nous avons sur nous. Un système de compétences est lui aussi disponible, et on pourra upgrader une statistique en échange des petites clefs que l'on trouve un peu partout dans l'hôtel... Clairement, on a déjà connu plus palpitant, aucun de ces aspects n'étant pleinement satisfaisant. Seule petite nouveauté souvent bienvenue : un pouvoir qui permet de s'extraire de son corps pour espionner les ennemis, leur tendre des pièges et débloquer des passages.
Un éléphant dans un magasin de porcelaine
La jouabilité ne sera pas aidée par le level design. Si l'hôtel Ashmann est plutôt beau, son architecture est très... discutable. Bon nombre de couloirs sont plutôt inutiles dans cette bâtisse, et sans carte pour se repérer, les débuts sont difficiles. Et s'ils sont plutôt longs et dirigistes, c'est pour mieux nous habituer à ce qui sera proposé par la suite, car le jeu sera très linéaire du début à la fin. Et un comble dans un jeu de ce type, il nous sera fréquemment demandé de battre un zombie pour avancer. Avec la jouabilité mal calibrée, c'est une vraie plaie !
Ajoutez à cela ce qui sera le plus gros défaut de ce jeu, et le résultat final sera forcément décevant : la partie technique n'est pas à la hauteur. On dirait qu'il manque plusieurs mois de développement, que le produit n'est pas fini : l'I.A. ennemie souffre de gros soucis de pathfinding, on a du mal à viser les objets clefs avec la caméra, et si certaines animations sont réussies, d'autres sont très grossières... Aussi, la partie narration n'est pas en reste avec des cinématiques coupées à la truelle, aux transitions abruptes. Notez aussi que nous avons eu droit à beaucoup de bugs bloquants, nécessitant un retour au menu principal, et un autre nous a même forcé à revenir à une sauvegarde antérieure. Sauvegardez fréquemment sans écraser la précédente !