Amnesia : Rebirth vient de débarquer sur PC, PS4 et Xbox One, et nous, on y a joué sur le futur-ex fer de lance de Sony. Contrairement à ce que son titre peut laisser penser, nous sommes bel et bien en présence d'un tout nouveau jeu dans la saga. De quoi lui faire franchir un cap supplémentaire ?
Lorsque l'on associe le terme Rebirth au genre du survival horror, impossible de ne pas penser à la légende qui a gagné ce titre avec le bouche à oreille : le remake du Resident Evil original, revenu tel un zombie sur plus de trois générations de consoles. Mais ici, la dénomination est trompeuse. Amnesia : Rebirth n'est pas un remake du premier épisode, mais un nouveau titre original, le troisième dans la saga. Sera-t-il à la hauteur de ses aînés ?
AMNESIA HAZE
Voilà quelques temps que les suédois de Frictional Games roulent leur bosse dans le domaine du jeu d'horreur et que leur formule a fait ses preuves. Autant vous le dire tout de suite, quitte à vous spoiler un peu, avec Amnesia : Rebirth, ils sont au sommet de leur art. Si Amnesia : The Dark Descent a un peu vieilli, il n'en a pas moins marqué pas mal de joueurs, tout comme sa "suite", A Machine for Pigs, signée The Chinese Room. Et si vous n'y avez pas encore joué, vous l'avez peut-être sur le disque dur de votre PS4 si vous étiez abonnés au PS+ en octobre 2017. Là, c'est un tout nouveau jeu très ambitieux qui débarque, et il tape assez fort d'entrée.
Amnesia : Rebirth s'offre des débuts à la BioShock. Dans les années 30, vous volez au-dessus de l'Afrique saharienne quand votre avion s'engouffre dans une faille dimensionnelle, observable depuis le hublot, avant de revenir et se cracher dans le désert. L'occasion, en pleine journée, de faire un pied de nez au gameplay du jeu original en cherchant l'ombre et sa fraîcheur au lieu de la lumière, mais cela ne va pas durer...
Very Bad Trip
Cette fois-ci, vous êtes dans la peau d'Anastasie. Elle se réveille dans l'avion. Les autres ne sont plus-là. Très vite, on se rend compte que cela fait un moment que l'on s'est crashé. Probablement plusieurs jours. Mais Tasie est amnésique, elle ne se rappelle presque plus de rien. Elle se met donc à la recherche de ses compagnons en commençant par le désert, puis une grotte, suivie d'un ancien fort militaire, voire même de temples. Petit à petit, elle se remémore la découverte des différents lieux avec les autres. Elle y est déjà passé. Le puzzle se recompose. Pourquoi rien ne lui revient ? Et où sont donc passés tous les autres ? Clairement, ils étaient en mission, mais sur quoi venaient ils enquêter ?
La trame va distiller ses secrets au compte-goutte, via de nombreuses cinématiques, ou des textes trouvés ici et là. La narration est bien plus ambitieuse que dans Dark Descent. Les flashs sont bien plus nombreux, et bien mieux mis en scène, avec bien souvent de superbes dessins faits main, très classes et probablement tous griffonés par l'héroïne, qui possède ce talent. L'écran change sans arrêt, et on comprend bien mieux que dans le jeu original à quoi on a affaire : conversations, échos du passé, flashs plus personnels... Le montage est presque cinématographique, et les thèmes abordés, pesants.
Carte postale
Graphiquement parlant, la série a passé un cap. Amnesia : Rebirth n'est pas le plus beau jeu de tous les temps, mais son design séduit. Celui des décors notamment, toujours très travaillés, et variés. Le désert est propice à présenter moult éléments exotiques, mais l'univers parallèle entraperçu au début réserve lui aussi quelques surprises. Certaines pièces affichent une architecture assez grandiose et nous en mettent plein les mirettes. Le tout possède un doux parfum d'Indiana Jones et de Silent Hill, avec de surcroît, une histoire très intéressante à suivre. Une réussite artistique soulignée par de très bons doublages anglais et une ambiance sonore bien souvent incroyable.
S'il fallait trouver quelques défauts à cet Amnesia : Rebirth, c'est du côté de la jouabilité qu'il faudrait se tourner. On prend la même formule qu'auparavant, et on recommence, à savoir une progression plutôt linéaire interrompue par quelques "donjons", quelques énigmes, et quelques phases de fuite ou d'infiltration. Le rythme est donc plutôt haché, et malgré tous les efforts du jeu, on n'a pas eu très peur, même lorsque l'on se faisait courser par le golem qui rôde dans les parages... Mais bon il faut dire que nous sommes plutôt très rodés au genre et à ses ficelles, ce n'est peut-être pas votre cas...
Memento
L'univers D'Amnesia : Rebirth est plutôt vaste, et il faudra une petite dizaine d'heures pour en voir le bout. Durant tout ce temps, on suivra la boussole ou la lumière dans l'obscurité, les allumettes et l'huile de lampe étant plutôt rares. Les commandes sont les mêmes qu'à l'époque, même pour l'ouverture des portes, mais le tout se montre bien plus convaincant. Les mouvements sont plus fluides, la physique plus réaliste, notamment avec les objets plus lourds. Attention à ne pas vous perdre dans les recoins les plus sombres, et de garder vos allumettes pour enflammer les torches qui traînent ici et là, car sinon, vous aurez vite fait de vous perdre et de tourner en rond.
Quelques petites mécaniques originales font leur apparition, comme cette amulette qui ouvre des failles spatio-temporelles dans le décor, mais globalement, les énigmes qui sont disposées ici et là ne sont bien souvent pas très compliquées, et consistent bien souvent à ne trouver que "la pièce manquante". De plus, il arrive de bloquer sur des trucs stupides, comme un couloir ou un objet qu'on ne repère pas du premier coup. Néanmoins, malgré cet aspect vidéoludique imparfait qui vient ternir une direction artistique sans failles, le voyage proposé par Amnesia : Rebirth nous a... Horrifiés. Dans le bon sens du terme.