Un temps enterré sous l'ocre de l'édition Roland Garros, Tennis World Tour a été subitement réanimé par le studio Big Ant, pourtant à l'origine de son principal concurrent désormais édité aussi par Bigben, dans l'optique de renforcer l'offre de sa filiale Nacon tournée vers l'eSport. Faute d'authenticité (entre autres), le premier épisode signé Breakpoint avait déçu les amateurs de la discipline, surtout ceux qui attendaient un successeur à Top Spin 4, dont il revendiquait le titre d'héritier spirituel. Cette suite pleine de bonnes résolutions vient-elle tenir ses promesses, ou simplement occuper le terrain ?
Affublé d'un nouveau moteur a priori plus physique que graphique, Tennis World Tour 2 n'en met pas plein les mirettes, au point de quasiment donner l'impression de souffrir d'une génération de retard. La différence avec la première itération ne saute pas non plus aux yeux, tout juste constate-t-on un surcroît de finesse et de détails, en particulier au niveau des visages. Nos champion(ne)s n'ont hélas pas tou(te)s bénéficié du même traitement de faveur, comme d'habitude.. Rafael Nadal se montre ainsi fort reconnaissable, avec des rides devenues visibles (sans doute les stigmates de ses noces célébrées entre temps), tandis que le filiforme Benoît Paire, adepte de l'amortie finaude, prend ici des airs de bûcheron en p(a)in massif, leurs expressions n'apparaissant guère naturelles globalement. Car les animations demeurent uniformisées, pour ne pas dire génériques, nonobstant des déclinaisons selon leur tempérament. A l'exception des rituels avant de servir et de la position d'attente, seul le majorquin au coup droit lasso profite de sa propre panoplie gestuelle, les autres partageant encore un mélange de deux styles en fond de court, classique ou fouet.
Whipping Swing
Un choix logique en matière d'optimisation, quoique regrettable pour un si prestigieux casting de vedettes actuelles ou en devenir, auquel il ne manque qu'un "Djoker", un Andy Murray à la hanche réparée et une poignée de légendes chez les hommes. Dommage que la sélection féminine reste décidément à la traîne, tant en nombre qu'en notoriété. Tout le contraire de la palette de mouvements, doublée et sensiblement améliorée, un très bon point pour le rendu des échanges. Surtout qu'ils profitent d'un net surplus de dynamisme, avec une balle à la vitesse accrue et au son bien plus percutant. Cela se traduit en terme de sensations, incomparablement plus agréables, a fortiori au filet, enfin gratifié de volées plus tranchantes, jusqu'à rappeler parfois Top Spin 4. Et pour cause, le gameplay repose davantage sur un principe similaire : une pression brève permet de se fendre d'un coup précis et légèrement ralenti, alors qu'une longue en engendre un proportionnellement plus puissant mais plus risqué. Cette marge d'erreur dépend à la fois du timing et de la stabilité au moment de l'impact, une frappe dans la foulée s'avérant évidemment plus délicate à négocier.
Fautes directes...
D'où l'émergence de fautes plus courantes et crédibles, en dépit de zones récurrentes qui trahissent la dimension toujours très assistée de Tennis World Tour 2, introduction de l'interventionniste Hawk-Eye à l'appui. Le service, dorénavant divisé en deux phases afin de gérer séparément le lancer, témoigne de ce côté téléphoné. Inexorablement, les aces tombent, de la même manière que les retours gagnants, ce qui écourte les confrontations et évite de trop éprouver la mécanique d'endurance, plus équilibrée cela dit. Il s'agit fondamentalement de donner les impulsions voulues à l'instant opportun, comme le suggère la disparition de la commande "préférence filet". De multiples soucis d'authenticité, voire de contrôle subsistent en conséquence. Par exemple, les athlètes dotés d'un revers à une main l'exécutent à deux dans certaines situations, un problème uniquement esthétique à l'instar des slices bizarrement réalisés d'un point de vue technique. En revanche, des chopes s'effectuent encore automatiquement à la place de frappes à plat ou de lift, sans que les circonstances ne l'exigent, avec des contres quelquefois beaucoup, beaucoup trop cinglants.
... ou provoquées ?
Ces phénomènes inconstants soulignent dans l'absolu la problématique du système de préparation, mieux intégrée par d'autres simulations. Si la retranscription fidèle de ce sport suppose une once d'incertitude, un tel flottement s'invite trop régulièrement et aléatoirement dans Tennis World Tour 2. Heureusement, l'inertie des déplacements ne s'aggrave pas sur terre battue, ni sur les autres surfaces, à l'influence peu perceptible. Ainsi, les glissades ont un rôle plutôt visuel, et même caricatural au regard des tranchées laissées lors d'un dérapage. Le contre-pied n'en perd pourtant pas son efficacité, idem pour les changements de rythme qu'affectionnent les "crocodiles", quitte à minorer l'intérêt des décalages en coup droit. Et la méthode traditionnelle du service extérieur suivi d'une praline dans le coin opposé fonctionne presque trop bien, sans empêcher les sempiternelles séances d'essuie-glace. L'intelligence artificielle s'en sort d'ailleurs avec les honneurs, hormis sa tendance à enchaîner les doubles fautes. A défaut d'afficher des stratégies très marquées d'un champion à l'autre, leurs caractéristiques mieux reproduites en définissent distinctement les penchants.
Une carrière toute tracée
Cette facette machinale dans l'ensemble cohérente se manifeste notamment au travers du double, finalement inclus, mais voué subséquemment à une pratique conviviale avec des partenaires humains, les parties ressemblant souvent à du flipper au filet. Le mode carrière toujours strictement solitaire va dans ce sens, en droite ligne de son prédécesseur. Son contenu a été un tantinet étoffé, avec un départ depuis la 500ème place mondiale, son lot d'activités proposées chaque quinzaine (exhibitions, entraînements, repos, contrats de coaching et d'équipementiers), des tournois supplémentaires ou modifiés, parmi lesquels figure l'équivalent de l'US Open promu au rang de grand chelem en l'absence de licence officielle. Il faut se contenter des enceintes de Roland Garros, de Madrid et Halle, par le biais de DLC en prime. Gageons que d'autres s'ajouteront plus tard, le pass annuel promettant des sportifs additionnels. En attendant, la nouvelle interface ne suffit pas à cacher la superficialité de cette simple mise à jour, qui présente encore d'importantes lacunes pour façonner son personnage, y compris avec du matériel aux propriétés plus déterminantes.
Le dessous des cartes
La grande évolution devait se situer au sein des cartes, à présent activables manuellement dans l'objectif de réagir comme on le souhaite suivant la tournure de la confrontation. Revers de la médaille, elles ont un nombre limité d'utilisations, et sont ensuite défaussées, en somme jetables. Le magasin sert bien entendu à en racheter par paquets, avec une rareté directement liée à leur puissance. Des éléments en mesure de gâcher l'expérience, a fortiori dans la perspective d'y adjoindre des micro transactions. Néanmoins leur acquisition via la monnaie virtuelle du jeu atténue d'autant leur potentiel nuisible, de toute façon négligeable, la plupart ayant une incidence restreinte. Les matchs en ligne, avec des classements par ligues, constituent un domaine plus sensible et un enjeu essentiel pour cette production. Aucun écueil de netcode du genre à susciter des téléportations n'y a été observé durant ce test, aux conditions forcément privilégiées. Cependant seul le futur - assorti d'ajustements avisés au fil du temps - dira si Tennis Word Tour 2 parvient à atteindre la subtilité nécessaire pour s'imposer dans le secteur de l'eSport, tout spécialement sur le créneau plus concurrentiel du PC.